Maire-info
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Édition du lundi 8 décembre 2025
Mobilité durable

Sécurité routière : un guide pour faire cohabiter les piétons et les cyclistes

L'Académie des mobilités actives (Adma), le Cerema et le Réseau vélo et marche ont publié un guide destiné aux collectivités qui souhaitent agir pour limiter les tensions entre piétons et cyclistes sur l'espace public.

Par Lucile Bonnin

On observe un fort développement de la pratique du vélo ces dix dernières années. La fréquentation vélo a augmenté de 40 % entre 2019 et 2024 selon un rapport publié par Vélo & Territoires. Mais alors que la pratique du vélo augmente sur l’ensemble du territoire national, « des situations de tension apparaissent entre les cyclistes et les piétons, usagers les plus vulnérables de l’espace public ».

En 2024, après qu’un jeune cycliste a été écrasé par un automobiliste après une altercation à Paris, l’ex-ministre délégué chargé des Transports, François Durovray, avait annoncé le lancement d’une mission « contre les violences, (pour) protéger tous les usagers de la route »  pour penser « un meilleur partage de la route »  notamment entre les cyclistes et les voitures (lire Maire info du 29 avril). 

Pour autant, la relation entre piétons et cyclistes ne doit pas être un impensé dans les politiques de mobilité. « En 2023, sur un peu plus de 9 000 accidents de piétons enregistrés par les forces de l'ordre, environ 350 ont concerné un accident piéton-cycliste, impliquant 330 piétons blessés et 100 cyclistes blessés », peut-on lire dans un guide publié récemment et qui propose aux collectivités de prévenir et de résoudre les tensions entre piétons et cyclistes.

Un cadre d’action en cinq étapes 

L’Académie des mobilités actives (Adma), le Cerema et le Réseau vélo et marche présentent à travers ce guide une synthèse d’une « démarche menée en 2023–2024 dans le cadre de journées d’étude mêlant ateliers immersifs et visites de terrain, dans plusieurs villes françaises : Bordeaux, Clermont-Ferrand, La Rochelle, Lille et Montpellier ».

Pour éviter les tensions entre piétons et cyclistes, les collectivités peuvent agir à cinq niveaux « qui dépassent la seule question de l'aménagement » . D’abord, pour ce qui est de la planification et de la réglementation, il apparaît essentiel d’avoir « un schéma directeur cyclable et un schéma directeur marchable bien articulés ». Deuxièmement, « le jalonnement et la signalétique sont indispensables pour matérialiser les espaces de chacun »  : par exemple, il est utile d’apposer une signalétique pour rappeler et insister sur le partage de l’espace dans le cadre d’une voie verte. 

Concernant les services et stationnement, le guide conseille de « positionner le stationnement vélo de manière stratégique pour éviter les conflits d’usage »  et d’ « améliorer l’offre de services pour fluidifier les déplacements ». Enfin, les enquêtes menées montrent qu’il est indispensable « d’associer les habitants et associations pour mieux cerner les besoins, tester des aménagements temporaires, et construire des solutions acceptées »  tout comme il est essentiel de communiquer et sensibiliser les habitants d’une commune à ces sujets.

Entre séparation et mixité

« Les tensions piétons-cyclistes résultent souvent d’une répartition de la voirie défavorable aux modes actifs » , peut-on lire dans le guide. Ainsi, partant de ce constat, les collectivités peuvent veiller à « redistribuer l’espace public au profit des piétons et des cyclistes » . Le guide rappelle notamment « l’importance d’itinéraires continus, lisibles, et de cheminements piétons dégagés, agréables et suffisamment larges ».

Surtout, les auteurs du guide rappellent que la cohabitation entre cyclistes et marcheurs n’est pas toujours la solution.  « Il est souvent pertinent de séparer piétons et cyclistes, notamment sur les axes à fort potentiel cyclable ou piéton ». Pour autant, la mixité piétons-cyclistes peut fonctionner avec la zone de rencontre, l’aire piétonne, ainsi que les voies vertes qui peuvent se révéler adaptées sur de nombreuses voiries. C’est à la collectivité d’ « arbitrer entre séparation et mixité ». 

Dans les zones de cohabitation, la sensibilisation des usagers (piétons et cyclistes) est primordiale. Au besoin, avant d’envisager des mesures strictes de restriction de la cohabitation, la démarche de sensibilisation peut être complétée par du contrôle-sanction ciblant par exemple les comportements les plus dangereux. Selon France 3 Paris Île-de-France, à Paris par exemple, chaque semaine, plus de 600 procès-verbaux sont dressés pour des infractions commises à vélo.

Consulter le guide via la site du Cerema. 

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