Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 8 décembre 2025
Fonction publique

Conférence retraites : les employeurs territoriaux à la table des discussions

La grande conférence sur les retraites voulue par le Premier ministre a débuté par une première journée le 5 décembre réunissant les représentants des travailleurs, des employeurs (excepté le Medef) et des experts. Secteur privé et secteur public sont pour une fois réunis et les employeurs territoriaux invités dès le début. Les échanges se poursuivront jusqu'à l'été 2026.

Par Bénédicte Rallu

[Article initialement publié sur le site Maires de France] 

« Par deux fois, le débat sur les retraites n’a pas abouti. Pourquoi ? Parce qu’on n’a pas parlé du travail et quand on parle du travail, on doit parler de l’emploi ! Ce continuum est fondamental » , estime le ministre du Travail et des Solidarités, Jean-Pierre Farandou.

La grande conférence sur les retraites et le travail souhaitée par Sébastien Lecornu dans son discours de politique générale du 14 octobre dernier porte donc sur les « trois maillons de la chaîne : travail, emploi, retraite. C’est inédit ! ».

Le ministre a ainsi lancé le 5 décembre, au Conseil économique, social et environnemental, la « Conférence travail-emploi-retraite »  (CTER) avec l’ensemble des partenaires sociaux et des experts du sujet – excepté le Medef qui n’a pas souhaité participer –, représentants du secteur privé et comme du secteur public. Une autre innovation.

Changement de méthode

Le changement de méthode de la conférence sur les retraites s’opère également dans le ton et le format. Il s’agit de « débattre à froid, sans tabou, en écoutant l’autre ». Et « sans stress. Nous avons le temps. Il n’y pas d’obligation de résultats » , a posé le ministre, qui s’est dit convaincu qu’il y aura quand même des résultats. « Le gouvernement a pris l’initiative de cette conférence. Mais ce n’est pas la conférence du gouvernement. C’est la vôtre ! » , a-t-il ajouté. Autre enjeu pour Jean-Pierre Farandou, ces travaux sont aussi une façon de « préparer le débat présidentiel »  qui débutera « sans doute dès la rentrée 2026 ».

Écoute et dialogue social

Trois conférences plénières (la première ce 5 décembre) auront donc lieu jusqu’à l’été 2026 avec des ateliers tous les mois. Ceux-ci auront a priori toujours le même format : matinée d’échanges communs secteur privé et secteur public, après-midi discussions spécifiques à chaque secteur.

Trois garants experts des questions sociales (Jean-Denis Combrexelle, membre du Conseil d’État, Anne-Marie Couderc, ancienne présidente d’Air France KLM, Pierre Ferracci, dirigeant d’entreprise et patron du club de foot Paris FC) veilleront à la bonne tenue de ces échanges dans « l’écoute et le dialogue social ».

Reconnaissance de la Coordination des employeurs territoriaux

À la différence du conclave du printemps 2025, la Coordination des employeurs territoriaux a été, cette fois, invitée dès le début des discussions et s’est même exprimée, par deux fois, lors de cette première plénière, au titre des employeurs publics. Une véritable reconnaissance pour la Coordination des employeurs territoriaux, que n’ont pas manqué de saluer Murielle Fabre, secrétaire générale de l’AMF, et Philippe Laurent, président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT), les deux porte-paroles du jour.

Lors de la séquence consacrée au travail, Murielle Fabre, a pu mettre en lumière quelques « évidences » : « Nos 34 000 maires et présidents d’intercommunalité portent 70 % de l’emploi public local, soit près de 2 millions d’agents au service quotidien de nos concitoyens. [Les agents] exercent 240 métiers en constante évolution » , confrontés eux aussi aux changements numériques, écologiques… augmentant de fait les besoins de formation. « 75 % de nos agents sont de catégorie C, c’est-à-dire des agents d’exécution travaillant sur des métiers parfois très pénibles. Pour les maires, l’usure professionnelle est une réalité quotidienne. Notre responsabilité d’employeur est d’autant plus forte que les attentes sont fortes et que nos contraintes financières s’accentuent. Il s’agit de garantir la qualité du service public mais aussi la santé, la sécurité, la prévention et la soutenabilité du parcours professionnel de nos agents ».

Service public du quotidien

Autant de sujets qui se retrouvent liés avec celui des retraites. « Nous avons besoin de la mise en place du fonds d’usure professionnelle, du compte professionnel de prévention (C2P), de la protection sociale complémentaire, de formations » , a revendiqué la maire de Lampertheim.

Devant les spécificités de la fonction publique territoriale (prise en charge par les collectivités des risques maladie, invalidité souvent en auto-assurance, CNRACL en déficit, hausse des cotisations employeurs de 40 % sur quatre ans…), Murielle Fabre a versé au débat le Manifeste de l’AMF sur la remise à plat de la protection sociale du versant territorial de la fonction publique (adopté à l’unanimité par l’association en octobre 2024), car « la fonction publique territoriale est le service public du quotidien de la naissance à la fin de vie ».

Lors de la séquence « Emploi » , Philippe Laurent a complété sur la problématique de l’attractivité la fonction publique territoriale, égratignant au passage les « discours généraux, voire caricaturaux sur le nombre de fonctionnaires [qui ne servent pas] l’attractivité de la fonction publique. Les métiers, comme les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont souvent méconnus. Les rémunérations sont faibles. Pourtant la fonction publique territoriale offre des opportunités de carrières intéressantes, la capacité d’exercer des missions d’intérêt général, de participer à des actions concrètes, d’exercer des métiers qui permettent de se réaliser, de s’épanouir et de s’émanciper par le travail ».

Le maire de Sceaux a également listé les améliorations à apporter sur l’accès à la fonction publique via par exemple « les concours sur titres » , sur l’apprentissage pour lequel les employeurs territoriaux aimeraient « la création d’une voie d’accès particulier », sur la réorganisation des grilles de rémunération, sur l’assouplissement de certaines règles et des quotas, sur l’intensification du recours à la validation des acquis de l'expérience (VAE), la consolidation des actions de formation du CNFPT qui « a un rôle de cohérence » , ou encore l’amélioration de la qualité de vie au travail.

Prochain atelier le 30 janvier 2026

Certaines thématiques rejoignent les problématiques du privé : de nombreux parcours professionnels empruntent à la fois la voie du secteur public et du secteur privé. Les politiques publiques des collectivités locales ont un impact sur le travail (par exemple les transports en commun, le logement, la petite enfance, le développement économique…). Autant de raisons qui ont poussé à réunir, pour une fois, tous les acteurs dans de même échanges. Les prochains ateliers sur le Travail sont prévus pour les 30 janvier 2026. 

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2