Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 25 septembre 2020
Gouvernement

Reconfinement, aides aux entreprises, police municipale, piscines... Ce qu'a dit Jean Castex sur France 2

Le chef du gouvernement est revenu, hier soir, sur France 2, sur la colère de certains élus locaux et commerçants concernant les nouvelles mesures contraignantes décidées la veille « sans concertation ». Il a ainsi mis en garde contre un reconfinement, mais aussi annoncé des mesures d'aides pour les entreprises et promis de renforcer la police municipale ainsi qu’une hausse de 8 % du budget de la justice.

Risque de reconfinement « si nous n'agissons pas » 
Pour sa première grande émission politique, le chef du gouvernement a répondu, dans l’émission « Vous avez la parole », aux questions et inquiétudes d’un panel de Français et fait face aux maires de quatre grandes villes (Nantes, Bordeaux, Béziers, Cannes).
Sous le feu des critiques, mais devant la « situation préoccupante et parfois grave dans certains territoires », il a ainsi défendu les nouvelles mesures restrictives annoncées la veille pour une partie des grandes métropoles - notamment la fermeture totale dès demain, et pour une durée de deux semaines, des bars et restaurants à Aix-Marseille et en Guadeloupe - et qui ont mis à rude épreuve le « couple préfet-maires »  (lire Maire info du 24 septembre), pourtant largement mis en avant depuis le déconfinement. 
« Il faut que l'opinion soit très attentive, a prévenu le Premier ministre. Si nous n'agissons pas - et nous allons agir - , on pourrait se retrouver dans une situation proche de celle que l'on a connue au printemps ». Plus clairement, « cela pourrait vouloir dire reconfinement », a averti Jean Castex.

« Il vaut mieux que ce soit l’Etat qui assume ces décisions » 
Face aux accusations d'absence de concertation, celui-ci a affirmé qu’« il vaut mieux », pour ce genre de « décisions impopulaires », que « ce soit l’Etat qui les assume »  car, à ses yeux, il aurait été « très difficile »  aux élus locaux « d’assumer ces mesures nécessaires ». Le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait d’ailleurs, un peu plus tôt dans la journée, estimé avoir agi « en responsabilité »  et rappelé que « concerter ne veut pas forcément dire tomber d’accord ».
Cette « riposte graduée et différenciée selon les territoires »  doit ainsi permettre d'éviter la saturation des services de réanimation. Et si les bars et restaurants subissent de plein fouet les mesures sanitaires c’est qu’ils sont considérés comme des « lieux propices à la circulation du virus ». « On a trois fois plus de chances de se contaminer dans un bar qu'ailleurs, deux fois plus dans un restaurant », a justifié Jean Castex.

« On ne joue pas avec une épidémie » 
Alors que la contestation ne faiblit pas - un référé en justice a été annoncé par la région Paca, des manifestations sont déjà prévues et des appels à la désobéissance civile ont été lancés - Jean Castex a estimé que ceux qui compteraient désobéir aux nouvelles restrictions imposées par l’Etat « ont tort parce qu'on ne joue pas avec une épidémie», en appelant à « la responsabilité »  qui est « nécessairement collective » … tout en reconnaissant lui-même ne pas avoir téléchargé l'application « StopCovid ».
Bien que le chef du gouvernement n’a pas clairement ciblé les élus locaux, le vice-président de la métropole d'Aix-Marseille, Georges Cristiani, a jugé sur Franceinfo cette réponse « assez inadmissible de la part d'un grand responsable national d'imaginer que les élus jouent avec une épidémie. Il n'était pas encore Premier ministre que nous étions déjà au front. »  Celui-ci a ainsi réclamé de l'Etat « qu'il nous règle le problème des tests, des lits en réanimations et d'embauche dans les hôpitaux », plutôt que « de donner des grandes leçons ».

Aides aux restaurants, bars et salles de sport
Le Premier ministre a annoncé que les restaurants, bars et salles de sport concernés par les  fermetures ou les horaires réduits seront « indemnisés »  car « il n’est pas question »  qu’ils subissent « les conséquences de ces conditions sanitaires ». Ils pourront ainsi recourir au chômage partiel « sans coût pour l'employeur »  et se voir exonérer de charges sociales « sur la période de fermeture ». En outre, le fonds de solidarité pour les entreprises (FSE) sera mobilisé jusqu'à 10 000 euros sur la période de fermeture (contre 1 500 euros actuellement). « C'est parce qu'il y a un effet d'accumulation que nous allons augmenter les aides »  a-t-il insisté.

Des juges pénaux de proximité
Sur le thème de la montée de l'insécurité, le chef du gouvernement a assuré, devant les maires de Bordeaux, Pierre Hurmic, de Béziers, Robert Ménard, de Nantes, Johanna Rolland et de Cannes, David Lisnard, que le budget de la justice serait augmenté de 8% en 2021 et promis d'élargir les pouvoirs de la police municipale.
Cette augmentation du budget de la justice est « du jamais-vu », selon lui. « Nous avons besoin d'une police efficace, mais il me semble (que c’est) de la qualité et de la célérité de la réponse pénale dépend la sécurité ». Pour obtenir des « résultats tout de suite », il compte ainsi recruter l’an prochain « 900 personnels »  (magistrats, greffiers, assistants de justice…) « plus un millier pérennes ». 
En outre, il prévoit la création « de juges pénaux de proximité »  qui auront pour mission de sanctionner réellement « les petits délits, et les délits dits contraventionnels »  (tags, décharges sauvages…), qui passent actuellement « sous les radars ». « Nous allons conduire une expérimentation sur des collectivités où un juge pénal sera affecté pour traiter de ces affaires et y donner suite ».

Pouvoirs de la police municipale renforcés
Du côté de la police, il a confirmé que le budget continuerait d'augmenter sans le chiffrer et qu’il y aurait 10 000 policiers de plus sur la totalité du quinquennat. Jean Castex a aussi indiqué qu’il avait « l'intention d'adopter des dispositions pour renforcer les pouvoirs de la police municipale et pour qu'elle travaille encore plus en collaboration avec la police nationale et la gendarmerie nationale ».
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a déjà évoqué cette possibilité dans le quotidien régional L’Union, il y a deux semaines : « Plusieurs pistes sont possibles comme l’accès, ou l’accès simplifié, à certains fichiers auxquels la police municipale n’a aujourd’hui pas accès ou difficilement. C’est le cas par exemple du fichier des véhicules volés, de celui des personnes recherchées, du fichier des permis de conduire… On peut aussi travailler pour donner plus de pouvoir aux policiers municipaux, comme l’amende qui pénalise la consommation de cannabis ou de cocaïne, mise en place depuis le 1er septembre ».

Des piscines couvertes fermeront
Autre annonce, pas tout à fait claire cette fois. Jean Castex a, dans un premier temps, affirmé que les piscines « qui sont couvertes »  devraient fermer dans les zones d’alerte renforcée, avant de « demander une vérification, un joker »  auprès d’Olivier Véran qui a précisé la situation : « C'est une question qui est difficile, mais qui est tranchée. Le Premier ministre a parfaitement répondu : les piscines fermées, dans les pièces closes, sont prévues à fermeture dans le cadre de la concertation qui est proposée au préfet avec les collectivités locales. » 
Cette restriction pourrait ainsi s'appliquer pendant 15 jours dans les métropoles en « zone d’alerte renforcée ». Tout comme à Aix-Marseille et en Guadeloupe, territoires placés en état d'alerte maximale.
Sur le terrain social, enfin, le Premier ministre a affirmé que le gouvernement allait « se battre »  pour préserver les emplois de l’usine Bridgestone de Béthune bien que cela serait « compliqué ». Il a, par ailleurs, confirmé la tenue du tournoi de Roland-Garros, mais avec une jauge du public qui sera réduite à 1 000 personnes et non 5 000 personnes.

A.W.

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2