Maire-info
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Édition du vendredi 9 septembre 2022
Précarité

Baromètre du Secours populaire : la précarité progresse et s'installe

Le Secours populaire a publié la 16e édition du baromètre de la pauvreté et de la précarité mercredi dernier. En raison de l'inflation, les difficultés financières de nombreux Français s'aggravent et la pauvreté gagne du terrain.

Par Lucile Bonnin

Hausse des prix du carburant, de l’énergie, des denrées alimentaires, des transports, des produits du quotidien. On ne cesse de parler de l’inflation en cette rentrée 2022 (lire Maire info du 1er septembre). Derrière ces envolées des prix, les conséquences sont lourdes pour les ménages.

C’est dans ce contexte préoccupant que le Secours populaire a dévoilé, mercredi dernier, son 16e baromètre sur la pauvreté et la précarité. Cette année, la parole a aussi été donnée à 500 enfants âgés de 8 à 14 ans, qui portent un regard réaliste sur la pauvreté en France. 

Ce baromètre a été élaboré à partir d’un questionnaire administré par téléphone auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 Français âgés de 16 ans et plus, entre le 1er et le 5 juillet derniers.

« La situation se détériore » 

Les réponses des personnes interrogées dans le cadre de cette enquête ont déterminé le « seuil de pauvreté subjectif »  pour une personne seule. Ce dernier s’élève à 1 263 euros, soit 88 euros de plus que celui estimé l’année dernière. C’est une preuve claire de l’augmentation du coût de la vie d’autant plus que, à titre de comparaison, le seuil de pauvreté moyen estimé par l’Insee est de 1 102 euros. 

L’inflation a naturellement détérioré la situation des foyers ayant des revenus modestes. Seulement un Français sur deux est en mesure de mettre de l’argent de côté (48 %) – ce chiffre est en baisse de 2 points par rapport à 2021 – et plus d’un Français sur trois (36 %) réussit à peine à boucler ses fins de mois. 15 % des citoyens vivent à découvert et plus du quart (26 %) redoute de basculer directement dans la précarité.

Transport, énergie, bien-être 

Les dépenses essentielles sont celles qui posent le plus de problèmes aux ménages modestes cette année. D’abord, les coûts de transport entraînent de vraies difficultés financières « alors que le prix de l’essence enregistre des records. »  47 % des répondants déclarent rencontrer des difficultés pour partir en vacances, même une fois dans l’année, mais aussi pour payer les frais d’essence, d’abonnements de train ou de bus. 

Du côté des dépenses énergétiques, le constat n’est pas plus encourageant : 41 % des Français déclarent rencontrer des difficultés pour payer ces dépenses essentielles. À titre de comparaison, en 2020, 27 % des sondés déclaraient rencontrer cette même difficulté. C’est donc un triste record qui est soulevé. 

« Prendre soin de soi »  est devenu également de plus en plus « un luxe »  pour certains foyers. 30 % des Français considère qu’il est compliqué de procéder à des dépenses pour une activité sportive ou de loisir et 29 % qu’il est compliqué d’investir pour prendre soin de son apparence en allant chez le coiffeur par exemple. Plus alarmant encore, l’alimentation « est devenue un enjeu pour plus d’un tiers des Français. »  37 % peinent à consommer des fruits et légumes frais tous les jours par exemple. 

Une pauvreté qui s’installe 

Si la pauvreté gagne visiblement du terrain, un élément plus inquiétant encore ressort de cette enquête. Au-delà des chiffres, la pauvreté s’installe aussi durablement dans la vie quotidienne jusqu’à faire craindre un avenir compliqué pour les futures générations. 

En effet, 85 % des personnes interrogées considèrent que le risque de voir leurs enfants connaître un jour une situation de pauvreté est plus élevé que pour leur génération. Même du côté des enfants, on considère « désormais la pauvreté comme quelque chose de présent, alors qu’elle était souvent considérée comme lointaine et même parfois absente de leur univers. » 

Au niveau local, notamment dans les permanences de l’association, on observe une recrudescence des besoins de la part des citoyens. Dans le Bas-Rhin par exemple, le nombre de bénéficiaires à l’aide alimentaire a augmenté de 60 % entre 2020 et 2021, selon un article de Rue89 Strasbourg. Mais l’enquête du Secours populaire met en lumière la volonté des Français de s’impliquer pour aider les autres. Ainsi, pour finir sur une note d’espoir, il est à noter que 65 % des Français sont prêts « à s’impliquer personnellement pour aider les personnes en situation de pauvreté ». 

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