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Édition du mercredi 17 avril 2024
Climat

Nappes phréatiques : après la sécheresse, la situation est globalement « satisfaisante »

Une grande partie du pays ne devrait pas à avoir à redouter de la sécheresse cette année, hormis quelques territoires. Le Roussillon et le massif des Corbières restent ainsi dans une situation jugée « très préoccupante ».

Par A.W.

« L’état des nappes est satisfaisant sur une grande partie du territoire. »  Avec 58 % des niveaux au-dessus des normales, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a pu annoncer, hier, dans son nouveau bilan, le retour à une situation bien plus favorable que les deux dernières années, particulièrement marquées par la sécheresse et des restrictions en matière d'accès à l'eau potable.

L’abondance des pluies ces derniers mois aura eu le mérite de recharger de manière « intense »  des nappes dont le niveau était encore particulièrement inquiétant au début de l’automne

Pluies abondantes et « efficaces » 

« Particulièrement abondantes », les pluies de l’automne et de l’hiver ont été « efficaces », selon le BRGM, en permettant une recharge 2023-2024 « nettement excédentaire »  et entraînant « un effet notable sur les nappes ». Résultat, la situation générale s’est « considérablement améliorée », avec des niveaux en hausse pour 64 % des points d’observation (contre 54 % en février).

« En mars, la situation s’améliore de nouveau par rapport au mois précédent. L’état des nappes est généralement satisfaisant : 27 % des points d’observation sont sous les normales mensuelles, 15 % sont comparables et 58 % sont au-dessus (respectivement 36 %, 18 % et 46 % en février) », observent les auteurs du bilan.

Comparé à l’an passé, à la même période, la différence est saisissante. Alors que les niveaux de nappes de mars 2023 faisaient apparaître une carte de France principalement jaune et orangée – avec 75 % des niveaux qui étaient sous les normales – , la carte de 2024 est quasiment totalement bleue, signe de niveaux de nappes considérés comme hauts. 

À ce jour, ce sont ainsi 62 départements qui ont des niveaux moyens considérés comme au-dessus de la moyenne et une quinzaine en dessous (dont seulement quatre ayant encore des niveaux « très bas » ), selon le site spécialisé info-sécheresse qui suit 420 nappes phréatiques en France. 

Dans le détail, certains territoires se retrouvent avec des « situations très favorables ». C’est le cas ainsi des nappes du bassin de l'Artois, des nappes « réactives »  du Massif armoricain, de l’ouest du Massif central et du Bassin aquitain, mais aussi de « la nappe des alluvions fluviatiles et fluvioglaciaires de l'Avant-Pays savoyard »  et de celle « des calcaires karstifiés de Provence ».

Pyrénées-Orientales : situation « très préoccupante » 

La situation reste, toutefois, disparate, toutes les régions n’ayant pas bénéficié de la même manière des pluies qui ont frappé le pays. 

Certaines nappes se retrouvent ainsi dans des situations « peu favorables », comme dans le Sundgau (sud de l’Alsace) où « la situation s’améliore très lentement »  avec des niveaux qui « restent bas ». Dans l’Hérault également, sur la nappe de Valras-Agde, les niveaux sont toujours « très bas »  puisque « les pluies de janvier et de mars 2024 n’ont pas été suffisantes pour compenser les déficits accumulés ces trois dernières années ».

Mais c’est bien dans le massif des Corbières (Aude et Pyrénées-Orientales) et la plaine du Roussillon (Pyrénées-Orientales) que la situation reste « très préoccupante »  dans un contexte de déficit pluviométrique depuis « presque deux ans ». L’état de leurs nappes se retrouve ainsi « extrêmement dégradé, avec des niveaux très bas », certains points observant même « des niveaux en baisse continue depuis mai 2022 »  et atteignant des « niveaux historiquement bas ».

À noter également que la Beauce concentre toujours « des situations localement plus dégradées avec des niveaux modérément bas à bas »  et que les nappes du littoral nord et est de la Corse connaissent des niveaux « bas à très bas ».

Cependant, « seules les nappes de l’ouest du pourtour méditerranéen (ouest Hérault, Aude et Pyrénées-Orientales) conservent des niveaux plus bas qu’en mars 2023 ». Dans les Pyrénées-Orientales, par exemple, 23 des 26 stations d’observations témoignent de niveaux de nappes en-dessous de la moyenne (dont 19 « très bas » ), pour seulement une station relevant un niveau au-dessus de la moyenne, selon info-sécheresse. 

Quelques secteurs « en tension »  durant l’été ?

Quand sera-t-il cet été ? Si les prévisions saisonnières de Météo-France sur les mois d’avril, mai et juin privilégient des températures plus élevées que la normale sur l’ensemble du territoire, aucun scénario ne se dégage concernant les précipitations. 

Dans ce contexte, le BRGM explique que « la période de recharge devrait se terminer en avril ou mai, selon les cumuls de pluie et la réactivité de la nappe »  puisqu’à partir du mois d’avril, « la hausse des températures, la reprise de la végétation et donc l’augmentation de l’évapotranspiration vont limiter nettement l’infiltration des pluies vers les nappes ». Les épisodes de recharge devraient ensuite rester « ponctuels et peu intenses, sauf événements pluviométriques importants ».

Des secteurs pourraient donc se retrouver « en tension durant l’été », du fait de « situations locales contrastées ou de fortes sollicitations par des prélèvements ». « Les nappes plioquaternaires du Sundgau, du couloir de la Saône (Dijonnais, Bresse et Dombes) et la nappe (...) du Bas-Dauphiné devraient rester sous les normales mensuelles durant le printemps et l’été », prévoient ainsi les géologues.

Sans surprise, la situation devra être « particulièrement surveillée »  sur les nappes du littoral du Languedoc, du Roussillon et de Corse. « Sur l’ouest du pourtour méditerranéen (notamment Aude et Pyrénées-Orientales), les éventuelles pluies ne devraient avoir que peu d’impact »  et « il est très peu probable que les volumes d’eau infiltrés durant le printemps arrivent à compenser les déficits accumulés depuis 2022 ».

Une mise en garde qui intervient après une année marquée par une sécheresse historique dans les Pyrénées-Orientales, département qui a subi de nombreuses restrictions d'usages de l'eau. Résultat, les arrêtés préfectoraux de restriction d'eau ne devraient pas être levés avant l'automne, d’autant que, de l'autre côté de la frontière, le nord-est de l’Espagne a été placé en état « d'urgence ».

Afin de consulter la situation partout dans le pays, on peut rappeler que le gouvernement a mis en place, l’an passé, une nouvelle plateforme d'information à destination des Français : « VigiEau » . Celle-ci permet de retrouver plus simplement les restrictions en cours dans chaque commune, à une adresse donnée, et non plus seulement via les arrêtés préfectoraux.

Consulter le bilan du BRGM.
 

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