Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 26 octobre 2020
Social

Lutte contre la pauvreté : le gouvernement mise sur l'accompagnement

Les indicateurs de la crise sociale issue de la crise sanitaire sont là. Hausse de 20 % des demandes de RSA, de 6,7 % des demandeurs d'emploi entre les deux premiers trimestres de l'année, les pertes de revenus de travailleurs indépendants n'ayant pas droit au chômage, etc.
Face à cela, et sous la pression des associations, le gouvernement annonce de nouvelles mesures. Le Premier ministre les a présentées samedi 24 octobre. L'annonce devait être faite il y a une semaine, pour correspondre à la journée mondiale du refus de la misère (le 17 octobre). L'assassinat, la veille, du professeur d'histoire du collège de Conflans-Sainte-Honorine, Samuel Paty, avait obligé à reporter cette manifestation.


Vingt mesures immédiates ou à plus long terme
En tout, ce sont une vingtaine de mesures. Sept visent à « soutenir le pouvoir d’achat des personnes précaires et modestes ». Cela commence par le versement d'une aide de 150 euros aux bénéficiaires du RSA et de l'ASS (plus 100 euros par enfant), le 27 novembre, et de 150 euros aux jeunes non étudiants de moins de 25 ans touchant des allocations logement et aux étudiants boursiers. Puis l'envoi de masques aux publics précaires mi-novembre. À plus long terme, le gouvernement veut l'ouverture de 100 points conseils budgets supplémentaires, et augmenter le nombre de structures faisant de la domiciliation (pour les personnes sans domicile). Il remet l'accent sur le « non recours », et mise pour cela sur le « datamining », afin de « cibler et contacter des allocataires potentiellement éligibles à certains droits ».

L'aide de l’État portée à 80 % sur les emplois aidés
Pour « favoriser la sortie de la pauvreté », le gouvernement gonfle les moyens de l'insertion. Il augmente de 30 000 les aides au poste pour augmenter les embauches dans les structures d'insertion par l'activité économique. Il rend possible l'allongement de 12 mois des contrats. Il monte le taux de cofinancement (à 80%) par l'État des parcours emplois compétences dans les quartiers politiques de la ville et les zones de revitalisation rurale, ainsi que le nombre de ces parcours. Il débloque une aide à la mobilité (pour 100 000 demandeurs d'emploi) et s'engage sur le lancement du service public de l'insertion et de l'emploi en 2021 dans 30 territoires. Enfin, il rappelle son soutien à la deuxième phase de l'expérimentation « territoire zéro chômeur de longue durée », dont l'examen en commission mixte paritaire est prévu ce mercredi 28 octobre. 

Accent sur les logements sociaux à très bas loyer
Le troisième axe porte sur les moyens d'« assurer des conditions de logement et d’hébergement ». Outre le lancement anticipé de la campagne hivernale, avancée au 18 octobre au lieu du 1er novembre, il est prévu 1 500 places pour des femmes sans abri sortant de maternité avec un bébé, le financement de projets innovants d'hébergement et d'accompagnement social pour 3 000 personnes en situation de grande marginalité, à la rue, souvent avec des animaux, ou encore le doublement du nombre de logements sociaux à très bas niveau de loyer (PLAI adapté). Le gouvernement veut enfin mobiliser des « équipes mobiles »  pour éviter les expulsions, et la prolongation de l'aide aux impayés de loyer mise en place par Action logement en juin 2020.

Les associations mécontentes
Cet « arsenal d'actions »  et les 1,8 milliard d'euros mobilisés « pour financer ces nouvelles mesures »  ne convainquent pas les associations. Celles-ci avaient été reçues début octobre (lire Maire info du 6 octobre). ATD Quart monde évoque le « mépris du gouvernement », et « son manque de volonté à s’attaquer aux racines de la pauvreté », en ne prenant que « des mesures pansements, déconnectées de la vie des gens, loin d’être à la hauteur de la situation ». Les associations réclamaient, comme le rappelle le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert, une augmentation des minima sociaux, et leur ouverture aux jeunes dès 18 ans, une hausse des APL et une relance de la construction de logements sociaux.

Emmanuelle Stroesser

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