L'accès au logement pour les jeunes est de plus en plus contraint, selon l'Injep
Par Lucile Bonnin
« Les conditions de vie et les trajectoires résidentielles des jeunes en France révèlent un paradoxe : l’autonomie demeure un horizon largement désiré, mais son accès est de plus en plus contraint. » C’est ce que pointe le baromètre DJEPVA 2025 qui relève que près d’un jeune sur deux vit dans son propre logement, tandis que quatre sur dix résident encore dans la famille.
Les résultats de ce baromètre viennent objectiver le constat présenté il y a deux mois par la commission des affaires économiques du Sénat dans un rapport d’information sur le logement des jeunes de 16 à 29 ans. Selon les sénateurs, les jeunes Français cumulent aujourd’hui des « facteurs de précarité » pour accéder au logement et c’est ce que détaille ce nouveau rapport publié par l’Injep (lire Maire info du 16 octobre).
Des logements dégradés et un malus économique
Parmi les 45 % de jeunes qui vivent seuls, la majorité sont en appartement et « sont locataires (ou sous-locataires), principalement dans le parc privé (41 %) et, dans une moindre mesure, dans le parc social (23 %) ou en résidence étudiante (6 %) ».
De même, les jeunes qui vivent seuls disposent de « logements plus petits que leurs aînés » c’est-à-dire que « près d’un tiers (32 %) vivent dans une à deux pièces, contre seulement 11 % des 31-50 ans ». Il est cependant vrai que la taille du logement varie selon le territoire : les jeunes ruraux « vivent dans des habitations plus grandes, tandis que les jeunes urbains occupent plus souvent de petites surfaces, probablement en raison du coût élevé et de la rareté des grands logements en ville ».
Au-delà de la taille du logement, les jeunes « ont globalement de moins bonnes conditions de logement que les plus âgés » : « 40 % signalent un manque d’isolation (contre 34 % des plus de 30 ans disposant de leur propre logement), 36 % des nuisances sonores (contre 20 %) et 21 % un logement en mauvais état ou insalubre (contre 13 %) ».
Les dépenses liées au logement pèsent aussi très fortement dans le budget des jeunes. 56 % des jeunes occupant exclusivement un logement indépendant estiment que leurs dépenses de logement représentent une charge importante : 43 % les jugent lourdes, 11 % très lourdes et 2 % insurmontables.
Enfin, l’observatoire montre que près d’un jeune sur deux déclare avoir subi au moins un type discrimination ou un traitement inégalitaire au cours de sa recherche de logement : « L’âge constitue le premier motif de discrimination (29 %) devant l’apparence (tenue, look, poids), les origines, la nationalité ou la couleur de peau, la situation familiale et le sexe (entre 20 et 22 %) » ; « l’orientation sexuelle, l’état de santé ou le handicap sont un peu moins souvent rapportés (respectivement 14 % et 15 %). »
Manque de logements sociaux et difficile accès à la propriété
Le manque de logements sociaux à destination des jeunes se fait ressentir dans les résultats. Si la demande de logements sociaux demeure importante (quatre jeunes sur dix déclarent avoir déjà déposé une demande de logement social au cours de leur vie), seule la moitié d’entre eux a pu en bénéficier jusqu’alors. Face à un parc social limité, le gouvernement a d’ailleurs annoncé en septembre la création de 30 000 nouvelles places en logements étudiants à vocation sociale (LLS) et 15 000 logements locatifs intermédiaires (LLI) d’ici 2027 (lire Maire info du 5 septembre).
Enfin, si la jeunesse « se caractérise par une appétence marquée pour la mobilité résidentielle » , elle est plus fréquente chez les 18-24 ans et n’exclut pas d’autres aspirations en matière d’habitat. En effet, « parmi les jeunes en emploi et les jeunes qui occupent exclusivement un logement indépendant, l’ancrage territorial se renforce. Par exemple, 44 % des jeunes vivant uniquement dans leur logement aspirent idéalement à continuer à habiter dans leur commune actuelle ».
Si l’accession à la propriété est moins répandue (23 %), « vraisemblablement freinée par des coûts élevés, des ressources économiques limitées, un apport personnel insuffisant et le besoin de mobilité », l’étude montre cependant que les jeunes aspirent largement à être propriétaires (71 %) et que même, près de sept jeunes sur dix (68 %) préféreraient idéalement vivre dans une maison plutôt que dans un appartement.
Consulter les résultats du baromètre.
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