Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 5 septembre 2025
Sports

Le ministère de l'Éducation nationale veut encourager la pratique sportive... mais avec quels moyens ?

Le ministère de l'Éducation nationale a diffusé, fin août, une circulaire sur « la place de l'activité physique et du sport à l'école », présentant une « cartographie de l'offre et des dispositifs existants ». Une déclaration d'intention hélas assez éloignée des réalités budgétaires.

Par Franck Lemarc

« Lutte contre les inégalités par un égal accès à la culture sportive », « prévention du décrochage scolaire », bénéfices pour la santé », « lutte contre les discriminations » … la pratique sportive dès le plus jeune âge n’a que des avantages, rappellent, dans une circulaire diffusée le 27 août, les directrices générales de l’Enseignement scolaire et du Sport, Caroline Pascal et Fabienne Bourdais. Le ministère rappelle donc sa volonté de construire une sorte de continuum sportif dès l’école maternelle et jusqu’à la fin de la scolarité.

Continuum sportif

« Dès l’école maternelle, les élèves bénéficient d’une éducation physique au sein du domaine ‘’Agir, s’exprimer, comprendre à travers les activités physiques’’ ». À l’école élémentaire, les cours obligatoires d’EPS (éducation physique et sportive) débutent, et représentent « la troisième discipline en nombre d’heures »  (12,5 % du temps d’enseignement). À quoi s’ajoutent les « 30 minutes par jour d’activités physiques quotidiennes (APQ) », qui doivent « être mises en place les jours où l’EPS n’est pas programmée »  – qui est assez contradictoire, notons-le, avec l’adjectif « quotidienne »  contenu dans le sigle. 

Le programme 30 minutes par jour d’APQ est, rappellent les auteures de la circulaire, « une priorité interministérielle », et doit être « généralisé »  pendant cette année 2025-2026.

Les programmes « Savoir nager »  et « Savoir rouler à vélo »  doivent également débuter dès l’école élémentaire, poursuit le ministère. L’urgence de développer le programme Savoir nager semble plus prégnante que jamais, après un été marqué par un nombre inhabituellement élevé de noyades (lire article ci-contre).

Dans le second degré, où l’EPS est une discipline « obligatoire pour tous les élèves », les programmes Savoir nager et Savoir rouler à vélo devront faire l’objet d’un « apprentissage renforcé »  dans le cas où « le niveau de compétence attendu n’a pas été atteint en fin d’école élémentaire ». Par ailleurs, un nouvel outil est déployé en cette rentrée 2025 : « Un outil de mesure commun et fiable des aptitudes physiques »  des élèves, qui permet d’estimer leur condition physique. 

Le ministère rappelle en outre l’existence du dispositif « 2HSC »  (Deux heures de sport en plus au collège), déployé dans les réseaux d’éducation prioritaire, qui vise à repérer les jeunes « les plus éloignés de la pratique sportive »  et à les « raccrocher à un mode de vie physiquement actif ». 

Périscolaire

En dehors de l’école ou à côté de celle-ci, il existe également tout un écosystème permettant la pratique sportive « tout au long du parcours scolaire », notamment à travers les fédérations de sport scolaire (Union sportive de l’enseignement du premier degré, Union nationale du sport scolaire et Union générale sportive de l’enseignement libre). Les fédérations sportives agréées et le Comité national olympique et sportif français ont également leur rôle à jouer « pour participer à l’enrichissement du parcours de l’élève ». 

Enfin, les collectivités locales jouent un rôle important, rappelé par le ministère, notamment dans l’organisation des temps périscolaires, avec les Projets éducatifs territoriaux (PEdT) et les Plans mercredi, qui « contribuent à augmenter le temps d’activité physique quotidienne des élèves du premier degré ». Rappelons au passage que les collectivités locales sont le premier financeur du sport en France, avec 8,5 milliards de dépenses en 2022, contre 7,6 milliards venant de l’État. Le bloc communal assume à lui seul 90 % de ces dépenses.

Coupes claires dans le budget du sport

Il reste que cette circulaire, si elle donne toutes les raisons et décrit tous les parcours permettant la pratique du sport, paraît bien éloignée des réalités financières découlant des choix budgétaires du gouvernement. 

Il faut rappeler que, malgré l’enthousiasme né des JOP de Paris 2024 et les discours sur « l’héritage des Jeux », le financement du sport, du côté de l’État, est en chute libre. Dans le budget adopté au début de l’année, déjà, le budget du sport était en baisse de 25 %. Et mi-juillet encore, après le discours de François Bayrou présentant les grandes orientations budgétaires, le ministère des Sports a fait savoir que son budget allait subir une nouvelle ponction de 18 % – déclenchant une réaction outrée des associations et fédérations sportives, dénonçant un « mépris »  et une « injustice allant à contresens de l’envie de sport des Français »  (lire Maire info du 18 juillet). À contresens aussi, peut-on ajouter, des déclarations gouvernementales sur l’absolue nécessité de faire faire du sport à la jeunesse.

Surtout que dans le même temps, le gouvernement a annoncé une forte réduction du nombre de bénéficiaires du Pass’Sport, auparavant ouvert à tous les enfants de 6 à 17 ans, et désormais aux seuls jeunes de 14 à 17 ans bénéficiant de l’allocation de rentrée scolaire (ARS), ainsi qu’à certains jeunes atteints de handicap et étudiants boursiers. Une mesure jugée « meurtrière pour l’accès au sport »  par l’association Ville et banlieue. 

Enfin, le plan 5 000 équipements, qui a connu un grand succès auprès des communes en leur permettant de financer facilement des équipements sportifs de proximité, devrait être raboté cette année de quelque 23 millions d’euros. 

Lors d'un rendez-vous, mardi dernier, avec la ministre des Sports, le président de l’AMF n’a pas manqué de regretter ces mesures de rabot et a rappelé la nécessité de poursuivre les efforts de l’État en matière de financement de nouveaux équipements et de rénovation du parc existant dont l’entretien grève les budgets de fonctionnement des communes. 

Face à la saturation des équipements sportifs existants, la circulaire prévoit d'ailleurs d’accélérer l’ouverture des équipements sportifs scolaires en dehors des heures d’enseignement. Reste cependant à voir si les chefs d’établissement suivront cette consigne. 

À tout cela s’ajoute encore la suppression, en cette rentrée, du fonds de soutien pour le développement des activités périscolaires issu de la réforme des rythmes scolaires de 2013, suppression qui a été dénoncée par l’AMF. 

Toutes ces mesures étaient prévues dans le budget d’un gouvernement qui va très probablement tomber dans quelques jours, et l’on ignore ce que le prochain gouvernement prévoira en la matière. Mais il faut rappeler une fois encore que la pratique sportive ne peut exister sans moyens financiers. 

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