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Édition du mardi 22 avril 2025
Numérique

Impact environnemental du numérique : les centres de données et le réseau fibre changent la donne

L'Arcep publie de nouveaux chiffres sur l'impact environnemental du numérique en France. L'empreinte environnementale des opérateurs des centres de données augmente en 2023 tout comme celle des opérateurs télécoms.

Par Lucile Bonnin

L’empreinte environnementale du numérique est indéniablement forte et risque d’augmenter au fur et à mesure des années. Une évaluation prospective de l'impact environnemental du numérique en France à horizon 2030 et 2050 a été remise au gouvernement en 2023 par l’Arcep et l’Ademe, qui alertaient sur le risque d’une croissance exponentielle (lire Maire info du 9 janvier). « Si rien n’est fait pour réduire l’empreinte environnementale du numérique et que les usages continuent de progresser au rythme actuel », l’empreinte carbone du numérique en France augmenterait d’environ 45 % en 2030 et de 187 % en 2050.

Dans la 4e édition de son enquête annuelle Pour un numérique soutenable, l’Arcep confirme que cette empreinte environnementale augmente.

Montée en puissance des centres de données

Dans cette enquête, l’Arcep collecte les résultats de 21 opérateurs qui exploitent près de 150 centres de données – data centers – en France. Le développement des data centers en France connaît une forte dynamique. En 2022, 261 data centers sont opérationnels et plus de 50 projets étaient en cours. « L’étude des impacts de ces acteurs est essentielle dans le contexte d’une croissance des usages numériques qu’ils hébergent », indique l’Arcep. 

Ainsi, il apparaît que les émissions de gaz à effet de serre des opérateurs de centres de données progressent de 11 % en 2023, en raison de l’augmentation significative des émissions indirectes liées à la consommation d’électricité.

De plus, ces centres de données sont de grands consommateurs en eau pour le refroidissement des machines. Concrètement, le volume d’eau prélevée « continue de progresser à un rythme soutenu en 2023 »  (+ 19 % en 2023 par rapport à 2022), peut-on lire dans l’enquête. Au total, 681 000 m3 d’eau, en quasi-totalité potable, ont été prélevés par les centres de données. Ce volume reste modeste comparé à d’autres usages (industriels, agricoles) mais peut générer des conflits d’usage dans les localités où les centres sont implantés. » 

Cette problématique de l’eau risque de prendre de l’ampleur avec le développement de l’intelligence artificielle. Dans certaines communes accueillant un centre de données cependant, des solutions d’optimisation commencent à voir le jour.  Par exemple, à Saint-Denis, un data center a été raccordé au réseau de chaleur urbain qui alimente notamment le Centre aquatique olympique pour chauffer la piscine. 

L’Arcep observe aussi que si la consommation électrique des centres de données ne cesse d’augmenter, leur efficacité énergétique s’améliore légèrement : « Plus un centre de données est récent et possède une capacité informatique importante, plus il est efficace énergétiquement. » 

Réseaux mobiles et généralisation de la fibre 

L’enquête menée par le gendarme des télécoms montre enfin que si les émissions de gaz à effet de serre en France diminuent de 5,8 % en 2023, celles des principaux opérateurs télécoms progressent en revanche de 4 %, « atteignant 397 000 tonnes équivalent CO2 en 2023 ». « Cette hausse, qui concerne aussi bien les émissions directes (+ 2 %) qu’indirectes (+ 5 %), résulte de l’augmentation de la consommation énergétique des réseaux mobiles. » 

Il est néanmoins intéressant de voir que si la consommation énergétique des réseaux mobiles augmente, celle des réseaux fixes « baisse en raison de la généralisation de la fibre ». En effet, « la consommation énergétique par abonnement cuivre est près de quatre fois supérieure à celle des abonnements en fibre optique ». 

D’ici à 2030, 41,8 millions de lignes en cuivre vont être fermées et le seul réseau fixe de référence sera alors la fibre optique. Selon la Fédération française des télécoms, « en plus d’offrir un débit cent fois plus élevé, le réseau de fibre optique respecte plus l’environnement, nécessite trois fois moins d’énergie que le réseau cuivre et résiste mieux à l’humidité et aux aléas climatiques que le réseau cuivre ». Les perspectives d’évolution de l’impact environnemental des réseaux fixes sont alors plutôt encourageantes. 

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