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Édition du vendredi 14 octobre 2022
Social

Grève dans les raffineries : le gouvernement face à un risque d'extension du conflit

Alors que la situation est loin de se débloquer dans les raffineries et que la pénurie d'essence s'aggrave, les syndicats de très nombreuses branches professionnelles appellent à une généralisation du conflit pour les salaires.  

Par Franck Lemarc

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Si la situation se dénoue dans le groupe ExxonMobil (Esso), elle reste bloquée dans le groupe TotalEnergies, où la grève a été reconduite, ce matin, sur les cinq sites du groupe touchés par le conflit. 

Situation contrastée

Après un accord sur l’augmentation des salaires chez Esso, les syndicats ont décidé de mettre fin au mouvement hier à la raffinerie de Fos-sur-Mer, et ce matin à celle de Port-Jérôme-Gravenchon en Normandie, dont le fonctionnement avait en partie repris hier du fait des réquisitions de personnel. Il n’y a « plus de grévistes »  dans cette usine ce matin, indique FO, mais la situation reste fragile, puisque la levée de la grève n’a été votée que jusqu’à 14 heures. 

La reprise de l’activité sur ce site devrait conduire à une possibilité d’alimentation des stations Esso de la région parisienne, qui prendra, en tout état de cause, plusieurs jours.

Chez Total, la situation est plus compliquée : si, pour la première fois, le groupe a accepté – sous la pression du gouvernement – d’engager des négociations salariales, la CGT a claqué la porte de celles-ci, cette nuit, estimant que les propositions faites ne répondaient pas aux attentes des grévistes et les qualifiant même de « mascarade ». Alors que les grévistes réclament 10 % d’augmentation des salaires dès maintenant, la direction, selon ses dires, a cédé sur « 7 % ». Ce que la CGT conteste, expliquant que la direction n’a promis que 5 %, les 2 % restant étant soumis à des conditions de présentéisme. 

Pénuries et hausses des prix

Il n’y a donc aucune chance de voir les stations-services réapprovisionnées ce week-end ni en début de semaine prochaine, ce qui a pour conséquence une situation extrêmement tendue pour toutes sortes de professions – des transporteurs routiers aux infirmières libérales en passant par les artisans, les auto-écoles, les taxis et VTC… La crise touche aujourd’hui les collectivités locales autant que les autres, les véhicules de service (ramassage des poubelles, transport scolaire, etc.) n’étant pas plus en mesure que les autres de faire le plein. 

En dehors des Hauts-de-France et de l’Île-de-France, les plus touchés depuis la semaine dernière, la pénurie s’étend aujourd’hui dans le Grand Est, la région PACA, l’Occitanie et le Centre-Val-de-Loire où plus de 40 % des stations sont « en difficulté ». Au-delà de la question de la disponibilité du carburant se pose également, désormais, celle des prix : la pénurie pousse certains gérants à les faire s’envoler, en sachant que les automobilistes seront prêts à faire le plein à n’importe quel tarif. Sans aller jusqu’à la très médiatisée station du 7e arrondissement de Paris qui proposait hier le litre à 3 euros, des tarifs de 2,70 ou 2,80 euros le litre sont aujourd’hui monnaie courante. 

La fonction publique territoriale également concernée mardi

Le gouvernement fait désormais face à un risque inattendu de généralisation du conflit. L’inflation des prix alimentaires et de ceux de l’énergie conduisent, dans de nombreux secteurs, les salariés à contester le blocage des salaires ou des augmentations jugées insuffisantes car très en dessous de l’inflation. Sans compter que l’usage, par le gouvernement, des réquisitions de personnel chez Total et Esso a choqué un certain nombre de militants syndicaux qui y voient une atteinte au droit de grève. 

Résultat : pour la première fois depuis longtemps, une intersyndicale assez large (CGT, FO, FSU, Sud et les syndicats lycéens et étudiants) appelle à la grève générale mardi 18 octobre, « pour l’augmentation des salaires, des pensions et minima sociaux, et l’amélioration des conditions de vie et d’études »  et « pour la défense du droit de grève ». Dans certaines entreprises, dont la SNCF notamment, tout laisse déjà à penser que la grève pourrait être largement suivie, et la fédération des cheminots CGT, ce matin, indique qu’elle ne « s’interdit pas »  de poursuivre la grève au-delà du 18 octobre. Les routiers ont également annoncé hier se joindre à l’appel.

La fonction publique ne sera pas en reste. Le syndicat FO territoriaux relaye ce matin l’appel à la grève de l’intersyndicale. Quant à la CGT Fonction publique, dans un communiqué publié hier, elle rappelle que le contexte est déjà marqué par « une multiplication des grèves sectorielles et locales dans (son) champ fédéral (Atsem, petite enfance, animation, temps de travail, effectifs, régime indemnitaire…) ». Elle appelle tous les agents à « s’inscrire dans la journée de grève du 18 octobre »  avec pour revendication « une augmentation de 10 % du point d’indice tout de suite ». 

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