Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 23 novembre 2021
Crise sanitaire

Le Conseil scientifique recommande de revenir à la « limitation des rassemblements »

Le Conseil scientifique a rendu un nouvel avis le 20 novembre, qui a été rendu public dans la foulée par le ministère de la Santé. Il préconise, d'une part, d'étendre le rappel vaccinal, à terme, à l'ensemble de la population adulte. Et, d'autres part, de revenir à des mesures sanitaires plus strictes.

Par Franck Lemarc

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La carte publiée hier par Maire info montre la vitesse à laquelle se propage la 5e vague de covid-19 en France : dans plus d’un tiers des départements du pays, le taux d’incidence a augmenté de plus de 100 % en une semaine. Les chiffres sont affolants dans certains départements : + 189 % dans l’Aube, entre 170 et 180 % de hausse en Meurthe-et-Moselle, dans les Vosges, dans l’Hérault, + 150 % dans les Landes, la Saône-et-Loire ou le Jura… Et l’on parle bien ici d’une évolution sur sept jours !

Même si, grâce à la vaccination, cette flambée de l’épidémie ne provoque pas une explosion des admissions en réanimation et des décès – puisque, rappelons-le une fois de plus, le vaccin n’empêche pas d’être contaminé mais fait très fortement diminuer le risque d’une forme grave –, la situation est inquiétante. Le professeur Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, a d’ailleurs expliqué hier que l’hôpital devait s’attendre à « des semaines difficiles » , prévoyant « 1000 à 1500 hospitalisations par jour »  jusqu’à la fin de l’année. Ce qui est nettement plus que pendant la vague de cet été, mais beaucoup moins que pendant la troisième vague. 

Dans 28 départements, déjà, les préfets ont rétabli, entre la semaine dernière et hier, l’obligation du port du masque en extérieur. 

Troisième dose pour tous

C’est dans ce contexte que le Conseil scientifique a rendu, ce week-end, un avis sur le rappel vaccinal et, plus largement, les mesures à envisager. 

Alors que la campagne de rappel vaccinal pour les plus de 65 ans bat son plein, le Conseil se prononce sur l’opportunité d’une telle campagne pour les tranches d’âge inférieures. Il rappelle que la « troisième dose »  doit être administrée 6 mois après la seconde, et que la classe d’âge 50-64 ans étant éligible à la vaccination depuis le 10 mai, elle a, pour l’essentiel, passé ce délai de six mois. 
Après s’être, dans un premier temps, montré réticent à l’extension de la troisième dose aux personnes de moins de 65 ans, le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV) a changé d’avis, au vu des données les plus récentes. Il estime à présent que l’âge d’éligibilité au rappel doit être abaissé à 50 ans – ce qui a été acté par le gouvernement – et qu’envisager « la vaccination de l’ensemble de la population adulte (permettrait) de freiner l’épidémie et réduire le nombre de formes graves » . Quant à la Haute autorité de santé, elle vient de préconiser une dose de rappel pour toutes les personnes de plus de 40 ans. 

En s’appuyant sur ces différentes recommandations et sur l’évolution récente de l’épidémie, le Conseil scientifique préconise lui aussi une extension de la campagne de rappel. En commençant par les plus de 50 ans, puis envisageant « un rappel vaccinal pour l’ensemble de la population adulte 6 mois après la primovaccination » . Dans ce cas, il demande que le public de 40 à 50 ans soit « prioritaire » , car plus à risque. 

Le Conseil scientifique souligne que cette nouvelle campagne, si elle était décidée, signifierait de revenir à « une vaccination de masse » , dont les aspects organisationnels doivent être « anticipés »  : cela pourrait signifier le maintien ou la réouverture de centres de vaccination jusqu’au mois de mars 2022 – ce qui ne va pas sans poser de sérieux problèmes aux communes concernées. Mais le Conseil propose également de davantage solliciter les médecins généralistes et les pharmaciens. 

Autre proposition – qui était prévisible – du Conseil scientifique : alors que le gouvernement a décidé de désactiver le 15 décembre le pass sanitaire des personnes de plus 65 ans qui n’auraient pas effectué leur rappel, les scientifiques estiment qu’il faudrait également appliquer cette mesure aux « 50-64 ans » , mais avec « une temporalité adaptée » . Cette nouvelle campagne concernant plusieurs millions de personnes, il convient naturellement de leur laisser le temps de se faire vacciner à nouveau avant de leur interdire l’accès aux établissements recevant du public. 

Vers de nouvelles mesures strictes

Enfin, face à la rapidité de la propagation de la 5e vague, le Conseil scientifique appelle à prendre des mesures sanitaires rapides. À commencer par le renforcement des efforts de primo-vaccination à destination des publics non encore vaccinés. Mais au-delà, les scientifiques demandent « le renforcement des gestes barrières individuels et collectifs » , avec en particulier « la réintroduction du masque dans certains lieux »  et « la limitation des rassemblements » . Le Conseil propose également d’élargir à nouveau le recours au télétravail. 

Le gouvernement va réunir, demain, un Conseil de défense, lors duquel il va examiner ces propositions. Il est donc plausible que des mesures nouvelles soient annoncées à l’issue du Conseil des ministres, en milieu de journée, ou demain soir. Le Premier ministre, testé positif au covid-19 hier, et une dizaine de ministres, qui sont cas contact de Jean Castex, suivront ces réunions à distance. 
En attendant, chez nos voisins européens, plusieurs pays ou régions adoptent en urgence des mesures de plus en plus drastiques. Après l’Autriche qui a rétabli, hier, le confinement, c’est la province italienne du sud-Tyrol qui a rétabli, hier soir, le couvre-feu. 
 

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