Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 3 décembre 2021
Crise sanitaire

Cinquième vague : peut-être de nouvelles restrictions décidées lundi

Le Premier ministre a annoncé hier que le président de la République va réunir lundi un Conseil de défense pour discuter de l'opportunité de prendre de nouvelles mesures pour tenter d'endiguer la cinquième vague de l'épidémie en France. 

Par Franck Lemarc

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© Gouvernement.fr

Aucun signe d’amélioration sur le front de la propagation de l’épidémie, hier : avec encore presque 50 000 nouveaux cas détectés hier, comme la veille, le taux d’incidence continue d’augmenter de façon inquiétante. Ce matin, 26 départements dépassent le taux d’incidence de 400 pour 100 000 habitants, et huit approchent ou dépassent les 500. C’est toujours l’Ardèche qui est dans la situation la plus difficile (668 cas pour 100 000 habitants) , talonnée par les Hautes-Pyrénées (545), le Jura (529) et le Lot-et-Garonne (520).

Comme Maire info l’expliquait hier, le taux d’incidence est particulièrement élevé chez les enfants : s’établissant désormais à 748 chez les 6-10 ans, ce taux est deux fois plus élevé que le taux d’incidence « tous âges ».

 
Si la situation des hôpitaux n’est pas encore tendue, au niveau national – bien qu’hier, pas moins de 20 hôpitaux ont déclenché le Plan blanc – de plus en plus de médecins se montrent inquiets de l’évolution de la situation et s’interrogent sur ce qu’elle sera fin décembre. 

Omicron

La journée d’hier a également apporté son lot de mauvaises nouvelles sur le front de la diffusion du variant Omicron : ce sont maintenant 9 cas qui ont officiellement été détectés en France, dont 7 dans l’hexagone et 2 à La Réunion. Les régions concernées sont Auvergne-Rhône-Alpes, Paca, Pays-de-la-Loire, Grand Est et Île-de-France. 

De plus en plus de pays, dont les États-Unis, font maintenant eux aussi état de cas Omicron, dont certains n’ont pas voyagé en Afrique, ce qui signifie que le variant se diffuse déjà localement. En Suisse, après que deux cas ont été découverts dans la prestigieuse École internationale de Genève, 2 000 personnes dont 1 600 enfants ont été placés en quarantaine stricte. 

Ces informations prouvent – comme c’est le cas depuis le début de la crise – que lorsqu’un variant est repéré, il est déjà trop tard : le variant Omicron a été officiellement signalé le 24 novembre, mais il avait déjà, bien avant, commencé sa diffusion à l’échelle internationale. Et celle-ci ne sera pas arrêtée par les fermetures des frontières, reconnaît aujourd’hui, par exemple, le Centre européen de contrôle et de prévention des maladies, qui estime, après de premières analyses, que les « avantages »  du variant Omicron sur le variant Delta lui permettront de « causer plus de la moitié des infections au covid-19 dans l’Union européenne d’ici les tout prochains mois ». Une analyse en phase avec celle du président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, qui disait hier s’attendre à ce qu’Omicron devienne majoritaire en France d’ici la fin janvier 2022.

Conseil de défense

C’est dans ce contexte peu réjouissant que Jean Castex, dans le cadre d’un déplacement au centre hospitalier d’Angoulême (Charente), a évoqué la crise, qualifiant la situation de « préoccupante ». « La   cinquième vague est là et bien là, elle est forte, on sait d’ores et déjà qu’elle est plus forte que la quatrième vague. (…) Je peux parfaitement comprendre le sentiment que peuvent éprouver beaucoup de nos concitoyens que ça n’en finit pas. (…) Et donc une forme de lassitude ou de découragement pourrait menacer de nous gagner. »  Le Premier ministre a néanmoins insisté sur le fait que la situation n’est pas comparable à celle des trois premières vagues, parce que « 90 % de nos concitoyens ont reçu au moins une dose de vaccin ». Et de rappeler encore une fois les chiffres : « Une personne vaccinée a quatre fois moins de chances d’attraper le virus (…) et 12 fois moins de chance de développer une forme grave. » 

Dans ce contexte, « le président de la République a décidé de convoquer un nouveau Conseil de défense et de sécurité sur la crise sanitaire pour voir s’il y a lieu de prendre des mesures complémentaires dès lundi », a annoncé Jean Castex. Pour l’instant, rien ne filtre sur les mesures envisagées : s’agira-t-il d’une incitation renforcée au télétravail, du retour de jauges dans les établissements recevant du public, d’une avancée de la date des vacances de Noël pour faire face à l’explosion des cas dans les écoles élémentaires ? Le gouvernement va-t-il, comme il l’a fait il y a une semaine, réunir les représentants des élus pour concerter sur les éventuelles mesures à prendre ? Les premières réponses à ces questions arriveront sans doute dès ce week-end.

Centres de vaccination débordés

En attendant, le Premier ministre a une fois encore insisté sur l’absolue nécessité de se vacciner et de procéder à un rappel. « Les vaccins sont là, on en a 24 millions en stock et ils continuent d’arriver », a affirmé Jean Castex. Alors que de très nombreux Français ont le plus grand mal à obtenir un rendez-vous pour leur troisième dose, et voient avec inquiétude se profiler l’échéance du 15 janvier, date à laquelle les pass sanitaires seront désactivés pour ceux qui n’auront pas reçu la dose de rappel, Jean Castex s’est voulu rassurant : « Personne ne sera laissé sans possibilité de faire son rappel avant l'échéance du 15 janvier. »  Cinquante centres de vaccination ont rouvert en 10 jours, a annoncé le Premier ministre, et « 300 vont rouvrir dans les prochaines semaines », en plus de « 1 185 »  encore en activité. Le gouvernement salue également la mobilisation des médecins de ville, pharmaciens et infirmiers libéraux, qui ont au total réalisé « un million de vaccination »  sur la seule semaine dernière. Il a annoncé au passage qu’un accord venait d’être conclu entre la Cnam et les syndicats pour une « revalorisation »  de la vaccination covid-19 à domicile, qui entrera en vigueur dès lundi prochain. 

Reste que les élus chargés de la gestion de ces centres de vaccination, en mains endroits, regrettent la manière dont le gouvernement a fait ses annonces, sans anticipation, et ouvert le rappel à tous les plus de 18 ans du jour au lendemain, obligeant les centres à rouvrir ou remonter en puissance de façon spectaculaire. À Paris, dans le 10e arrondissement, le centre de vaccination municipal est passé d’un coup de 500 à 8 000 rendez-vous par semaine, raconte ce matin le quotidien Le Monde, dans les colonnes duquel plusieurs élus et médecins disent regretter ce manque d’anticipation. « Je suis relativement blasé, explique par exemple le responsable du centre de vaccination de Mulhouse. Il n’y a pas d’anticipation, on ne peut que le déplorer, mais on a pris l’habitude de s’adapter en permanence, même si ça nous pèse énormément. »  Un avis que doivent partager, exactement dans les mêmes termes, de très nombreux maires.

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