Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 2 décembre 2021
Crise sanitaire

Covid-19 : pourquoi la 5e vague touche davantage les enfants

Alors que le nombre de cas, en France, progresse toujours aussi rapidement, le gouvernement maintient son choix de ne pas prendre de mesures de restrictions sur le territoire national. Il a choisi, en revanche, de durcir les conditions d'entrée sur le territoire. 

Par Franck Lemarc

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La barre des 50 000 cas par jour a été quasiment franchie, hier, avec 49 610 car positifs en 24 heures. Avec un taux d’incidence national de 311, le nombre de cas positifs est toujours sur une courbe ascendante extrêmement rapide (+ 61 % en une semaine). Si les services de soins intensifs, au niveau national, sont encore loin d’être saturés (le taux d’occupation s’établit à 36,6 % ce matin, la situation se tend peu à peu dans un certain nombre de départements. Au point que plusieurs hôpitaux ont annoncé hier déclencher le Plan blanc – c’est le cas par exemple à Colmar, Annecy, Saint-Malo, Cancale, Dinan, Saint-Nazaire, Le Mans… Ce qui signifie, dans ces établissements, le retour de la déprogrammation des opérations dites non urgentes et dans certains d’entre eux – coup dur pour les personnels – l’annulation des congés pour les fêtes de Noël.

Le statisticien Guillaume Rozier, animateur du site CovidTracker, juge que la situation pourrait rapidement devenir difficile dans les hôpitaux. Selon ses projections, « sans ralentissement de la croissance des contaminations d’ici une dizaine de jours, les hôpitaux risquent d’être sous forte tension entre le 20 et 30 décembre. Ce qui va se passer dans les 10 prochains jours sera déterminant pour Noël. » 

Diffusion à grande échelle dans les écoles

C’est en particulier la situation dans les écoles qui inquiète un certain nombre d’experts. Tous les chiffres montrent en effet que, contrairement à toutes les autres vagues, ce sont les jeunes enfants qui sont les principaux vecteurs du virus : les taux d’incidence des 0 à 9 ans sont beaucoup plus élevés que ceux de toutes les autres classes d’âges. Dans plusieurs départements, le taux d’incidence chez les moins de 10 ans dépasse déjà les 1000 cas pour 100 000. Le nombre de cas augmente plus et plus vite dans cette tranche d’âge (il a par exemple crû de 85 % dans la semaine du 21 au 27 décembre, et même + 92 % chez les 6-10 ans, contre + 60 % toutes tranches d’âge confondues). 

Ce phénomène a deux explications : la plus évidente est que les enfants ne sont pas vaccinés, et sont donc moins immunisés contre le virus que les adultes ; par ailleurs, les enfants sont aujourd’hui plus testés que les adultes – environ deux fois plus en moyenne. 

L’explication est donc connue, mais cela ne résout pas le problème : les enfants se contaminent entre eux à grande échelle dans les écoles, et ramènent le virus à la maison. Le chercheur Germain Forestier a calculé hier que dans une trentaine de départements (grosso modo ceux dans lesquels le taux d’incidence est supérieur à 350), la probabilité d’avoir un enfant positif dans une classe de l’école élémentaire est de 50 % ! Autrement dit, une classe sur deux aurait un enfant positif, en ce moment, dans ces départements. 

Ce qui fait dire à certains médecins qu’il serait raisonnable, pour freiner vraiment l’épidémie, d’avancer la date des vacances de Noël et de fermer les écoles – estiment certains – dès maintenant. 

Les frontières se ferment

Ce n’est pas le choix du gouvernement qui, hier, en Conseil des ministres, n’a décidé d’aucune mesure concernant le territoire national – ni sur le télétravail, ni sur les écoles, ni sur un retour des jauges dans certains établissements. En revanche, le gouvernement a durci les règles en matière d’entrée sur le territoire, pour tenter d’empêcher le variant Omicron de se diffuser en France. 

Il a été décidé de créer une nouvelle catégorie de pays à risque : alors que le niveau maximum était jusqu’à présent le rouge, le porte-parole du gouvernement a annoncé hier la création du niveau « rouge écarlate ». Vers les pays classés dans cette catégorie, aucun déplacement ne sera désormais possible, pas même professionnel ou familial, sauf motif impérieux justifié. Seuls les citoyens français et européens souhaitant être rapatriés ainsi que le personnel diplomatique et le personnel navigant pourront pénétrer en France depuis l’un de ces pays. Ils sont au nombre de 10 : Afrique du Sud, Lesotho, Botswana, Zimbabwe, Mozambique, Namibie, Malawi, Zambie, et enfin la très touristique destination qu’est l’île Maurice. Île Maurice dont il faut rappeler qu’elle se trouve à 200 km de La Réunion… 

Les personnes qui viennent en France depuis l’un de ces pays devront présenter un test négatif de moins de 24 h si elles ne sont pas vaccinées et de moins de 48 h si elles le sont. Elles subiront également un test à l’arrivée et, même si le test est négatif, elles devront s’isoler dans un lieu de leur choix pendant 7 jours. Si le test est positif, les personnes seront isolées dans un hôtel pendant 10 jours. « Cet isolement sera surveillé par des forces de sécurité intérieures et en cas de non-respect de cet isolement une amende de 1 500 euros sera dressée », a déclaré le porte-parole du gouvernement. 

Les vols en provenance d’Afrique australe, suspendus depuis vendredi dernier, seront rétablis samedi 4 décembre, avec « un encadrement drastique », a précisé Gabriel Attal. Enfin, c’est maintenant un test de moins de 24 h qui devra être présenté à l’entrée sur le territoire pour toute personne non-vaccinée venant d’un État de l’Union européenne ou d’un certain nombre de pays européens non membres de l’UE (dont la Suisse, Andorre et Monaco). Ces dispositions ont été officialisées dans un décret publié ce matin.

Omicron : premier cas en métropole

On apprend ce jeudi matin qu’un premier cas de variant Omicron a été détecté en métropole, en Île-de-France, chez un homme de retour d’un voyage au Nigéria. Sa compagne est également positive, sans que l’on sache encore s’il s’agit pour elle du variant Omicron. 

Interrogé ce matin sur RMC, le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, ne s’est pas montré très rassurant : « Ce variant Omicron, c’est le variant qu’on craignait », parce qu’il présente « trente mutations, ce qui est considérable ». « Quand on l’analyse, il arrive de nulle part, c’est vraiment un nouveau variant. » « Il y a beaucoup d’incertitudes à cette heure, mais ne nous trompons pas d’ennemi : l’ennemi pour l’instant, ici, c’est la 5e vague, c’est le variant Delta. Omicron va mettre un certain temps à s’installer en France et en Europe », a conclu le professeur, estimant qu’il serait « installé »  autour de la fin janvier 2022.

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