Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 8 juin 2021
Coronavirus

Crise sanitaire : le « choc économique » a été « inégalement réparti entre les territoires », confirme un rapport parlementaire

Alors qu'une « amorce d'exode urbain » se dessine, ce sont « les métropoles dynamiques [qui] ont souvent payé [le] plus lourd tribut », selon les premières conclusions du député des Yvelines, Jean-Noël Barrot, dont la mission doit proposer un ciblage des aides publiques pour « accélérer la reprise ».

Par A.W.

« Après six mois passés à sillonner les territoires fragilisés par la crise, ma conviction est faite : notre pays a toutes les ressources pour rebondir. Inspirons-nous des belles initiatives du terrain pour accélérer la reprise ». C’est le message qu’a voulu faire passer, hier, sur Twitter, le député des Yvelines Jean-Noël Barrot (MoDem) après avoir réalisé un « Tour de France »  des régions les plus touchées par la crise sanitaire et la présentation, jeudi dernier, à Jean Castex – puis, hier, aux partenaires sociaux – des premières conclusions de son rapport sur « l'accompagnement de la sortie de crise et du rebond économique territorial ».
Confiée début janvier par Matignon, cette mission devait identifier les bassins les plus fragilisés par la crise en établissant une « cartographie fine »  des vulnérabilités, territoire par territoire, et vérifier si les dispositifs mis en place par le gouvernement sur le terrain étaient suffisants ou s'il fallait y ajouter des mesures complémentaires. L’objectif était de « faire un inventaire pour s’assurer qu’aucun territoire ne décroche à l’issue de cette crise » .

Pas de recoupement avec les fragilités antérieures

Premier enseignement de ce rapport d'étape, la « géographie de la crise ne recoupe pas celle des fragilités antérieures », indique l’AFP citant le rapport d’étape qu’elle a pu consulter et où il est question de « l'infortune des métropoles ». 
« La carte des régions les plus frappées ne recouvre pas du tout la carte des Gilets jaunes », confirme Jean-Nöel Barrot, dans un entretien accordé au magazine Challenges, soulignant que « les métropoles dynamiques ont souvent payé un plus lourd tribut que les zones rurales ou périurbaines »  avec « une baisse d'activité deux fois supérieure ».
Ainsi, en matière de « baisse de la masse salariale privée », le député observe que les départements où les conséquences de la pandémie de covid-19 ont été le plus fort sont la Savoie, les Hautes-Alpes, Paris, la Corse-du-Sud et les Alpes-Maritimes, corroborant le fait que sont les zones les plus touristiques mais aussi de montagne qui ont subi l'impact le plus violent. 
Celui-ci liste plus précisément les 30 zones d'emploi métropolitaines où le choc de la crise été le plus fort sur la masse salariale : sur la période allant de mars 2020 à février 2021, on trouve ainsi, selon l’AFP, « La Tarentaise (Savoie) Roissy (Val-d’Oise) et Saint-Louis (Haut-Rhin) », mais aussi « Vire Normandie, Thouars (Deux-Sèvres) ou Calvi (Corse-du-Sud) », selon Les Echos.  
Certaines de ces zones ont, d’ailleurs, déjà été citées dans une analyse récente de France stratégie ou dans une note de Régions de France sur les conséquences de la crise dans les territoires.

« Attention particulière »  pour 21 zones d'emploi

En outre, Jean-Noël Barrot constate, sans surprise, « une amorce d'exode urbain ». À partir de données notariales immobilières, il souligne un « rééquilibrage territorial »  avec « d'importants départs »  des métropoles vers les départements voisins : la grande couronne, la Normandie voire le Loiret pour les ex-Parisiens, l'Isère ou l'Ain pour les ex-Lyonnais.
Ces « dynamiques territoriales »  peuvent être une source « d'opportunités »  si elles sont « accompagnées », juge-t-il en citant les « packs télétravail »  en Ariège pour attirer les salariés de la région toulousaine.
Reste que le député réclame une « attention particulière »  pour 21 zones d'emploi où se superposent les « fragilités »  pré et post covid-19, comme Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Abbeville (Somme), Thionville (Moselle) ou autour de Marseille (Bouches-du-Rhône).

« Prendre en compte les spécificités locales » 

Quelles solutions concrètes permettront d’accompagner les territoires fragilisés au moment de la reprise ? Le député des Yvelines, dont la mission s'achèvera « fin juin-début juillet », doit présenter des recommandations de mesures territorialisées, telles que « le prêt de main-d'oeuvre »  entre entreprises ou la « mutualisation de fonds de revitalisation »  locaux.
Dans son entretien à Challenges, il estime que le débranchement des aides comme la relance budgétaire doivent « prendre en compte les spécificités locales ». 
« Les effets de la pandémie sont très variables d’un territoire à l’autre et, par ricochet, sur toutes les entreprises quel que soit leur secteur. Un vendeur de chaussures n’a pas du tout souffert de la même manière selon qu’il se trouvait dans les Alpes, en Maine-et-Loire ou près de Roissy », rappelle-t-il.
Pour cette raison, il souhaite que, à partir de ce mois, les entreprises soient soutenues « au prorata de la chute de leur chiffre d’affaires via le fonds de solidarité, et non plus par une aide d’un montant fixe ou calculée sur une proportion fixe de leur chiffre d’affaires »  .
Selon lui, il faut également s’inspirer « des belles initiatives du terrain »  pour calibrer les aides de l’État et ainsi « accélérer la reprise ». Parmi elles, il cite les reconversions d'activités. Des diverses initiatives qu’il a pu découvrir localement, il conclut qu’elles « démontrent que la reconversion de travailleurs est possible, charge au gouvernement de simplifier les règles pour favoriser les passages de main-d'œuvre d’un secteur à l’autre ». Il propose également d’utiliser le « carry back »  fiscal, mesure qui permettrait aux entreprises essuyant des pertes de récupérer une partie des impôts versés l’année précédente sur leurs bénéfices.

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