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Édition du vendredi 28 mai 2021
Coronavirus

Emploi : la crise a eu des conséquences inégales selon les régions

Dans une note, Régions de France constate que si l'impact de la pandémie de covid-19 a été « différencié » selon les territoires, celui-ci a « souvent » été « compensé par des effets locaux positifs ». Le même jour, l'AMF a une fois encore contesté les chiffrages de la majorité sur le coût de la crise pour les collectivités.

Par A.W.

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur l’emploi dans les régions ? Lesquelles ont été les plus touchées ? Quelles zones d’emplois et quels secteurs ont subi les conséquences de la pandémie ? Dans une note parue hier, Régions de France a apporté des « premiers éléments de réponse »  à ces différentes questions. 
Malgré les « limites »  des données disponibles actuellement, celle-ci conclut que l’impact de cette crise est « relativement différencié »  selon les secteurs, les régions et les zones d’emploi, et a « peu de points communs avec le choc subi en 2008-2009 ». 

Trois régions échappent à la baisse d’emploi

A l’échelle nationale, l’association souligne que le choc imposé par la crise sanitaire a été particulièrement « violent »  lors des deux premiers trimestres de l’année 2020, avec une « baisse trimestrielle moyenne de l’emploi de 1,65 %, trois fois plus violente qu’en 2008-2009 ». Une situation qui a « heureusement [été] atténuée par une reprise forte au cours de l’été (+ 1,88 %), puis une rechute de moins grande ampleur au quatrième trimestre (- 0,19 %) ».
Sur l’ensemble des régions, seules trois ont ainsi pu échapper à une baisse globale sur l’année : la Réunion (+ 2,23 %), la Guyane (+ 0,68 %) et la Corse (+ 0,67 %). Toutes les autres ont fini l’année avec des taux négatifs, l’Auvergne-Rhône-Alpes (- 2,50 %), l’Île-de-France (- 2,44 %) et la Bourgogne-Franche Comté (- 1,99 %) ayant le plus souffert.
A l’échelle des zones d’emploi, les variations sont même de plus grande ampleur et « la dynamique est très majoritairement négative ». Ainsi, sur les 321 zones d’emploi de France, « 267 connaissent une évolution négative et 54 une évolution positive », relève l’association. Bien que la situation soit très diverse selon les zones, on observe globalement que le nord et l’est semblent les plus impactés. Dans le détail, les zones qui ont le mieux résisté et où les taux sont les plus forts sont La Réunion (+ 4,19 %), Le Blanc, dans l'Indre (+ 3,82 %) et Versailles (+ 3,54 %) alors que celles qui ont été les plus affectées sont la Tarentaise (- 31,97%), Briançon (- 23,71%) et le Mont-Blanc (- 19,32%).
En ce qui concerne les secteurs d’activité, si seuls 20 des 81 secteurs renseignés ont connu des taux positifs, Régions de France constate sans réelle surprise que ce sont surtout quatre secteurs qui subissent le plus violemment la crise « si l’on raisonne en contribution à la baisse de l’emploi » : la restauration, l’hébergement, l’intérim et les activités sportives, récréatives et de loisirs. A eux seuls, ils concentrent « plus de 50 % des pertes ». 

Des effets locaux compensent la dynamique négative

Si à l’échelle régionale comme à l’échelle des zones d’emploi, le choc macroéconomique a affecté la « quasi-totalité »  des territoires, l’association observe cependant des différences liées à des effets de spécialisation (des territoires peuvent souffrir plus que d’autres parce qu’ils sont plus spécialisés sur les secteurs qui souffrent le plus, par exemple), mais aussi et surtout à des effets dits « locaux »  (un effet « local »  est défini comme « la composante du taux de croissance qui n’est expliqué ni par l’effet macroéconomique ni par l’effet de spécialisation » ).
Dans la totalité des régions, « les effets locaux dominent ainsi en valeur absolue les effets de spécialisation », qui sont « particulièrement faibles », selon les auteurs de la note qui soulignent que, « dans la majorité des cas, les effets locaux sont positifs, et compensent donc en partie, mais en partie seulement, la dynamique macroéconomique négative ». 
Cependant, les trois régions les plus impactées par la crise (Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France et Bourgogne-Franche-Comté) font exception et voient leurs effets locaux être « négatifs ». Celles-ci cumulent d’ailleurs ces effets néfastes puisqu’on les retrouve également (accompagnées par Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse, cette fois) avec des taux négatifs s’agissant des effets de spécialisation. Concernant le Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse, « le poids des services marchands, et en particulier de ceux qui ont le plus souffert pendant la crise comme le secteur de l’hôtellerie-restauration explique ce résultat », indiquent les auteurs de l’étude.
Globalement, le même constat a été observé à l’échelle des zones d’emploi, seuls les effets locaux positifs (compensant la dynamique macroéconomique négative) sont « moins marqués »  puisque «  seulement 63 % bénéficient d’un effet local positif ». « L’importance des effets locaux, et, symétriquement, la faiblesse des effets de spécialisation, pourraient s’expliquer par le fait que le choc actuel a touché prioritairement des activités dites présentielles, réparties sur l’ensemble des territoires, et qui donnent lieu à des spécialisations moins marquées », expliquent les auteurs de l’étude qui notent, toutefois, qu’au sein de chaque territoire « on observe qu’à poids identiques ou proches, les activités subissent des dynamiques variées ».

Aucune relation entre les situations passée et actuelle

Dernière question que ces derniers se sont posées : les régions et les territoires infrarégionaux les plus affectés par la crise sont-ils ceux qui allaient déjà moins bien auparavant ?
Selon Régions de France, à l’échelle des zones d’emploi, « aucune relation significative »  n’est observée entre les taux de croissance des différentes périodes étudiée par l’association : « ni positive, ni négative ». De plus, « certains territoires qui se portaient bien avant crise ont beaucoup souffert pendant la crise et d’autres non ». Même chose pour des territoires qui se portaient moins bien avant crise : certains ont « beaucoup souffert », « d’autres non ».

Une évaluation de l'impact toujours contestée

Dans un communiqué publié hier, l’AMF revient également sur l’impact de la crise sanitaire sur les finances locales, et notamment sur le dernier baromètre publié par le député LaREM du Gers, Jean-René Cazeneuve. 
Si elle se félicite que ce dernier défende une évaluation des pertes induites par la crise et souscrive à certains résultats de l’enquête de l’association et de la Banque des territoires, elle continue de critiquer certains points du baromètre.
Sur l’évolution des recettes, elle pointe ainsi « les conséquences de la réduction de la compensation de la taxe d’habitation pour plus de 6 000 communes ayant augmenté leurs taux en 2018 et en 2019, et des pertes de marge de manœuvre induites par la suppression de 3,4 milliards d’euros de recettes fiscales en 2021, ne sont pas analysées ». Sur les dépenses, elle reproche à ce baromètre de « s’affranchir de l’examen des dépenses d’intervention des CCAS et des CIAS, acteurs incontournables du soutien aux habitants ».
Enfin, elle rappelle que le chiffrage des aides de l’Etat avancés par le député (qui s’élèveraient à 10,5 milliards d’euros dont 4,7 milliards d’euros pour le bloc communal) « ne correspond à aucune des informations dont nous disposons et n’est pas suffisamment précisé dans le détail ».
Pour rappel, dans leur enquête parue au début du mois, l’AMF et La Banque des territoires estimaient à l’impact de la crise à 6 milliards d’euros sur trois ans pour les finances publiques locales et annonçaient, notamment, que plus d'un tiers des communes envisagent d'augmenter leur taxe foncière en 2021.

Télécharger la note de Régions de France.
 

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