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Édition du jeudi 17 avril 2025
Aménagement

Un habitant sur deux de grands centres urbains n'a pas accès à un espace vert public à proximité de chez lui

Selon l'Insee, ce sont les métropoles les plus peuplées - de 200 000 habitants et plus - qui offrent la meilleure proximité des squares, parcs et jardins.

Par A.W.

Un habitant sur deux des grands centres urbains de France n'ont pas accès à un espace vert public à moins de cinq minutes de marche - soit 300 mètres - de son domicile, selon une étude de l'Insee publiée hier, dans laquelle l’institut rappelle que « les parcs, jardins et forêts jouent un rôle essentiel dans le cadre de vie des citadins »  mais ont également un rôle « essentiel pour la santé publique, le renforcement des liens sociaux et l’écosystème urbain ».

La végétalisation de l’espace public reste ainsi un « levier d’action pour les collectivités face aux défis sanitaires et écologiques », souligne l’étude qui a comparé 72 grands centres urbains de France métropolitaine, composés de 770 communes et 26 millions d’habitants. Et celle-ci de rappeler que les collectivités locales jouent un « rôle clé »  en mettant en œuvre, « pour beaucoup d’entre elles, des concepts comme la règle du "3-30-300" (3 arbres visibles depuis chaque domicile, 30 % de couverture arborée par quartier, espace vert à 300 m) ».

Les grandes métropoles les mieux équipées

Si la possibilité d’accéder à des espaces verts de proximité n’est pas la même partout, ce sont les métropoles les plus peuplées (200 000 habitants et plus) qui offrent la meilleure proximité des squares, parcs et jardins, selon l'analyse de l'institut. La part des habitants vivant proches d’un espace vert y est notamment de 60 % à Paris et 49 % hors Paris, contre 34 % dans les grands centres urbains moins peuplés et moins denses.

L'Insee cite notamment La Seyne-sur-Mer dans le Var, où 12 % de la population seulement peut accéder à des espaces verts en moins de cinq minutes de marche, mais la topographie de la ville avec sa bordure littorale explique en partie ce moindre accès (d’autant que les milieux aquatiques, qui donnent également accès à la nature, ne sont pas inclus dans l’étude). À l’inverse, 75 % des habitants de Creil vivent à proximité d’un espace vert, la ville étant entourée de forêts.

Les autrices de l’étude expliquent que « la grande majorité des espaces verts accessibles à pied sont des parcs et jardins »  et que « 29 % des citadins disposent d’espaces d’au moins 1 hectare (ha) à moins de cinq minutes de marche, et seulement 9 % accèdent à des parcs et forêts d’au moins 10 ha ».

En s'éloignant du domicile, dans un rayon de 900 m (15 minutes à pied), ce sont trois habitants sur quatre qui ont accès à un espace vert. Dans ce cas, Dijon, Grenoble ou Reims sont les villes les mieux équipées puisque neuf habitants sur dix atteignent un espace vert en marchant jusqu’à 15 minutes, contre moins de quatre habitants sur dix à Quimper, Nîmes ou Bourges.

Spécificités géographiques

Reste que cet accès aux parcs, jardins et forêts est fortement influencé par la morphologie du territoire. Les spécificités géographiques peuvent ainsi être à l’origine des grandes disparités existantes puisque « l’emprise des espaces verts varie de moins de 1 % à près de 45 % du territoire urbain ».

Ainsi, si « la majorité des grands centres urbains peu denses sont entourés de vastes forêts publiques, les autres grands centres urbains compensent leur manque de végétation environnante par l’implantation de parcs et jardins publics », constate l’Insee.

Dans les 72 grands centres urbains, les forêts publiques occupent ainsi, en moyenne, 7 % des zones urbaines, avec de fortes disparités territoriales. En effet, « 20 grands centres urbains en sont dépourvus, tandis que Fréjus, avec la présence du massif de l’Estérel, se distingue par une couverture de 43 %. Dans les grands centres urbains sans forêt publique, l’emprise au sol des espaces verts ne dépasse pas 5 % », indique l’institut.

En outre, la part de forêts publiques tend à diminuer à mesure que la population et la densité augmentent, alors que les villes plus densément peuplées concentrent davantage de parcs et jardins, généralement plus accessibles à pied.

Avec une présence modeste mais « stratégique »  en milieu urbain, ces derniers se trouvent principalement dans les grands centres urbains les plus denses. Par exemple, « à Paris, ils représentent 76 % de l’emprise totale des parcs. À l’inverse, ils sont inexistants dans neuf des 48 grands centres urbains de moins de 200 000 habitants. Dans ces agglomérations moins denses, les grands parcs se situent souvent en périphérie », constatent les autrices de l’étude.

Concernant les parcs et jardins publics, dans l’ensemble des grands centres urbains, on peut noter que les citadins disposent de 12 m² par habitant, soit au-dessus des préconisations de l’OMS qui recommande une disponibilité potentielle de 10 m² par habitant. Toutefois, « plus des deux tiers des villes »  se situent en dessous du seuil de 25 m² par habitant en forêts urbaines réclamé par l'Organisation mondiale de la santé.

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