Édition du vendredi 3 décembre 2021

Crise sanitaire
Cinquième vague : peut-être de nouvelles restrictions décidées lundi
Le Premier ministre a annoncé hier que le président de la République va réunir lundi un Conseil de défense pour discuter de l'opportunité de prendre de nouvelles mesures pour tenter d'endiguer la cinquième vague de l'épidémie en France. 

Aucun signe d’amélioration sur le front de la propagation de l’épidémie, hier : avec encore presque 50 000 nouveaux cas détectés hier, comme la veille, le taux d’incidence continue d’augmenter de façon inquiétante. Ce matin, 26 départements dépassent le taux d’incidence de 400 pour 100 000 habitants, et huit approchent ou dépassent les 500. C’est toujours l’Ardèche qui est dans la situation la plus difficile (668 cas pour 100 000 habitants) , talonnée par les Hautes-Pyrénées (545), le Jura (529) et le Lot-et-Garonne (520).

Comme Maire info l’expliquait hier, le taux d’incidence est particulièrement élevé chez les enfants : s’établissant désormais à 748 chez les 6-10 ans, ce taux est deux fois plus élevé que le taux d’incidence « tous âges ».

 
Si la situation des hôpitaux n’est pas encore tendue, au niveau national – bien qu’hier, pas moins de 20 hôpitaux ont déclenché le Plan blanc – de plus en plus de médecins se montrent inquiets de l’évolution de la situation et s’interrogent sur ce qu’elle sera fin décembre. 

Omicron

La journée d’hier a également apporté son lot de mauvaises nouvelles sur le front de la diffusion du variant Omicron : ce sont maintenant 9 cas qui ont officiellement été détectés en France, dont 7 dans l’hexagone et 2 à La Réunion. Les régions concernées sont Auvergne-Rhône-Alpes, Paca, Pays-de-la-Loire, Grand Est et Île-de-France. 

De plus en plus de pays, dont les États-Unis, font maintenant eux aussi état de cas Omicron, dont certains n’ont pas voyagé en Afrique, ce qui signifie que le variant se diffuse déjà localement. En Suisse, après que deux cas ont été découverts dans la prestigieuse École internationale de Genève, 2 000 personnes dont 1 600 enfants ont été placés en quarantaine stricte. 

Ces informations prouvent – comme c’est le cas depuis le début de la crise – que lorsqu’un variant est repéré, il est déjà trop tard : le variant Omicron a été officiellement signalé le 24 novembre, mais il avait déjà, bien avant, commencé sa diffusion à l’échelle internationale. Et celle-ci ne sera pas arrêtée par les fermetures des frontières, reconnaît aujourd’hui, par exemple, le Centre européen de contrôle et de prévention des maladies, qui estime, après de premières analyses, que les « avantages » du variant Omicron sur le variant Delta lui permettront de « causer plus de la moitié des infections au covid-19 dans l’Union européenne d’ici les tout prochains mois ». Une analyse en phase avec celle du président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, qui disait hier s’attendre à ce qu’Omicron devienne majoritaire en France d’ici la fin janvier 2022.

Conseil de défense

C’est dans ce contexte peu réjouissant que Jean Castex, dans le cadre d’un déplacement au centre hospitalier d’Angoulême (Charente), a évoqué la crise, qualifiant la situation de « préoccupante ». « La   cinquième vague est là et bien là, elle est forte, on sait d’ores et déjà qu’elle est plus forte que la quatrième vague. (…) Je peux parfaitement comprendre le sentiment que peuvent éprouver beaucoup de nos concitoyens que ça n’en finit pas. (…) Et donc une forme de lassitude ou de découragement pourrait menacer de nous gagner. » Le Premier ministre a néanmoins insisté sur le fait que la situation n’est pas comparable à celle des trois premières vagues, parce que « 90 % de nos concitoyens ont reçu au moins une dose de vaccin ». Et de rappeler encore une fois les chiffres : « Une personne vaccinée a quatre fois moins de chances d’attraper le virus (…) et 12 fois moins de chance de développer une forme grave. » 

Dans ce contexte, « le président de la République a décidé de convoquer un nouveau Conseil de défense et de sécurité sur la crise sanitaire pour voir s’il y a lieu de prendre des mesures complémentaires dès lundi », a annoncé Jean Castex. Pour l’instant, rien ne filtre sur les mesures envisagées : s’agira-t-il d’une incitation renforcée au télétravail, du retour de jauges dans les établissements recevant du public, d’une avancée de la date des vacances de Noël pour faire face à l’explosion des cas dans les écoles élémentaires ? Le gouvernement va-t-il, comme il l’a fait il y a une semaine, réunir les représentants des élus pour concerter sur les éventuelles mesures à prendre ? Les premières réponses à ces questions arriveront sans doute dès ce week-end.

Centres de vaccination débordés

En attendant, le Premier ministre a une fois encore insisté sur l’absolue nécessité de se vacciner et de procéder à un rappel. « Les vaccins sont là, on en a 24 millions en stock et ils continuent d’arriver », a affirmé Jean Castex. Alors que de très nombreux Français ont le plus grand mal à obtenir un rendez-vous pour leur troisième dose, et voient avec inquiétude se profiler l’échéance du 15 janvier, date à laquelle les pass sanitaires seront désactivés pour ceux qui n’auront pas reçu la dose de rappel, Jean Castex s’est voulu rassurant : « Personne ne sera laissé sans possibilité de faire son rappel avant l'échéance du 15 janvier. » Cinquante centres de vaccination ont rouvert en 10 jours, a annoncé le Premier ministre, et « 300 vont rouvrir dans les prochaines semaines », en plus de « 1 185 » encore en activité. Le gouvernement salue également la mobilisation des médecins de ville, pharmaciens et infirmiers libéraux, qui ont au total réalisé « un million de vaccination » sur la seule semaine dernière. Il a annoncé au passage qu’un accord venait d’être conclu entre la Cnam et les syndicats pour une « revalorisation » de la vaccination covid-19 à domicile, qui entrera en vigueur dès lundi prochain. 

Reste que les élus chargés de la gestion de ces centres de vaccination, en mains endroits, regrettent la manière dont le gouvernement a fait ses annonces, sans anticipation, et ouvert le rappel à tous les plus de 18 ans du jour au lendemain, obligeant les centres à rouvrir ou remonter en puissance de façon spectaculaire. À Paris, dans le 10e arrondissement, le centre de vaccination municipal est passé d’un coup de 500 à 8 000 rendez-vous par semaine, raconte ce matin le quotidien Le Monde, dans les colonnes duquel plusieurs élus et médecins disent regretter ce manque d’anticipation. « Je suis relativement blasé, explique par exemple le responsable du centre de vaccination de Mulhouse. Il n’y a pas d’anticipation, on ne peut que le déplorer, mais on a pris l’habitude de s’adapter en permanence, même si ça nous pèse énormément. » Un avis que doivent partager, exactement dans les mêmes termes, de très nombreux maires.




Départements
Les départements demandent, à leur tour, un retour à la décentralisation 
Réunie en congrès à Bourg-en-Bresse depuis avant-hier, l'Assemblée des départements de France a publié ses 102 propositions « pour agir mieux au service des Français ». Ces propositions rejoignent en bonne partie celles exprimées par l'AMF au cours de son dernier congrès. 

Les Assises des départements réunissent depuis le 1er décembre un millier de congressiste à Bourg-en-Bresse, sous la houlette du président de l’association, François Sauvadet et de Jean Deguerry, président du département hôte, l’Ain. Le congrès sera clôturé, aujourd’hui, par le Premier ministre Jean Castex.

Recentralisation « rampante »

C’est hier que l’association a dévoilé les 102 propositions qu’elle compte remettre à chaque candidat à l’élection présidentielle. Ces propositions ont été élaborées à partir des travaux des commissions et groupes de travail de l’ADF ainsi que de débats organisés « dans les départements, en interaction avec les citoyens ». Elles s’inspirent, explique l’association, des « bonnes pratiques et des innovations développées localement ». 

Le ressenti des élus départementaux ressemble fort, à lire leurs propositions, à celui des élus de l’AMF réunis en congrès la semaine du 18 novembre : comme eux, ils dénoncent les « injonctions contradictoires de l’État », « le sentiment d’être empêchés d’agir », une forme de recentralisation « rampante ». C’est donc en très large partie autour de la question des compétences que s’articulent les propositions de l’ADF. 

Chefs de file

Premier sujet évoqué : l’environnement. L’ADF demande de nouveaux moyens d’agir pour les départements dans des domaines tels que le commerce, l’artisanat, le tourisme, l’agriculture et la pêche, la gestion des forêts. Elle souhaite qu’une nouvelle compétence soit créée pour les départements en matière d’énergies renouvelables. Sur l’alimentation, l’ADF demande que les départements deviennent « chefs de file de l’alimentation durable et de proximité » et qu’ils soient en mesure de coordonner les circuits locaux sur leur territoire. 

Les départements demandent en outre que leur soit confiée « la coordination de la gouvernance de l’eau potable » et de devenir « pilotes de d’interconnexion des réseaux de distribution d’eau pour éviter les pénuries ». 

Plus largement, pour assurer « une plus grande cohérence des politiques publiques », l’ADF souhaite que les départements soient reconnus comme « chefs de file » dans plusieurs domaines : la gestion des réseaux, les grands services de prévention (avec une proposition de fusion de la PMI et de la médecine scolaire), la politique familiale, mais aussi l’électromobilité. Ils veulent aussi pouvoir agir main dans la main avec les communes et intercommunalités dans des domaines comme la rénovation énergétique des logements ou « la reconquête des centres bourgs ». 

Pour soutenir les commune et EPCI dans le monde rural, les départements proposent de structurer en leur sein « une offre d’ingénierie locale à destination du bloc communal ».  

Transports et transition numérique

En matière de transports, les départements demandent à récupérer la compétence transport scolaire, qui leur a été retirée par la LOM (loi d’orientation des mobilités). Ils demandent que la route soit « réaffirmée comme compétence socle des départements » et souhaitent pouvoir établir « des schémas départementaux d’aires de covoiturage et de pistes cyclables ». 

Les départements entendent jouer un rôle central dans la transition numérique, en « garantissant au travers de l’itinérance, l’accès aux communications numériques, toutes technologies confondues, sur tous les territoires et pour tous les publics ». Ils veulent prendre leur part à la « lutte contre l’illectronisme » et devenir « chefs de file d’une stratégie de territoires intelligents », incluant la question du télétravail, du stockage, de la sécurité numérique et de la valorisation des données.

Service enfance et famille unique

Sur les grandes compétences déjà confiées aux départements, notamment en matière sociale, l’ADF demande que « la pleine responsabilité » soit enfin donnée aux départements pour faire d’eux « les animateurs d’un grand service public de l’accompagnement de la jeunesse » et pour renforcer leur rôle de chef de file dans l’accompagnement des familles. Parmi les propositions les plus notables, on retiendra la demande de transfert des personnels de l’action sociale des CAF vers les départements, « pour créer un service territorial unique enfance et famille », ou encore « le transfert de la formation des travailleurs sociaux aux départements ». Les départements veulent aussi que leur soit transférée « l’ensemble de la compétence autonomie » (personnes âgées et personnes handicapées) et l’ensemble du « bloc social et médico-social » ; ils souhaitent piloter eux-mêmes les contrats locaux de santé. 

Le « grand service public de l’autonomie » que l’ADF appelle de ses vœux pourrait être matérialisé par une nouvelle « prestation unique autonomie » – à créer.

Autonomie financière et différenciation

Enfin, en termes de gouvernance et de finances, l’ADF demande une « révision des lois Notre et Maptam » pour rendre aux départements « leur capacité d’agir » : l’association demande que la clause de compétence générale des départements soit rétablie « en cas de crise » et que leur soit confiée « une compétence de principe dans la gestion des grands réseaux territoriaux ». 

Comme l’AMF l’a fait en conclusion de son congrès, l’ADF demande qu’il soit mis fin « aux appels à projets préformatés de l’État, véritables bombes à retardement budgétaire et les remplacer par une vraie contractualisation pluriannuelle » ; la possibilité d’adapter les normes, le fait d’affirmer « le principe de différenciation et de rendre effective la subsidiarité ».

En matière financière, là encore les propositions de l’ADF sont proches de celles de l’AMF : mettre un terme « définitif » aux contrats de Cahors, redéfinir la fiscalité locale « en garantissant aux départements une autonomie à hauteur de 50 % de leurs ressources » au moins, « confier la gestion des fonds de péréquation nationaux aux représentants des collectivités locales ». 

Il reste à savoir ce que le Premier ministre répondra à ces demandes, dans son discours de clôture des Assises de l’ADF. Il y a, cependant, assez peu de chances que le gouvernement se montre plus ouverts aux demandes de décentralisation exprimées par les départements qu’il l’a été face à celles des communes et intercommunalités, exprimés à l’issue du congrès de l’AMF, le 21 novembre. 




Formation
Un guide pratique pour comprendre le droit à la formation des élus locaux
Le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales a annoncé, hier, la publication d'un guide destiné aux élus locaux « pour les accompagner dans leur droit à la formation ». 

Le ministère rappelle que la loi du 17 juin 2021 a « conforté » le droit à la formation en « pérennisant les dispositifs de financement, en simplifiant l’accès à la formation et en apportant de plus grandes garanties de qualité aux formations délivrées ». Le guide a pour objectif de « recenser les informations pour bénéficier de ces formations ». 

Deux types de formation à ne pas confondre

Ce petit vademecum d’une douzaine de pages rappelle d’abord que la formation est accessible à « tous les élus », dès la première année de leur mandat. Deux types de formation existent : celles qui ont pour but d’accompagner les élus « dans l’exercice de (leurs) fonctions électives », d’une part ; et celles qui permettent de faciliter la réinsertion professionnelle, d’autre part. 

Les premières doivent obligatoirement être délivrées par des organismes agréés. Elles portent sur « les fondamentaux du mandat », « les politiques publiques, l’aménagement du territoire, les finances et la fiscalité, les ressources humaines », etc. Ces formations regroupent en tout « une cinquantaine de thématiques qui seront inscrites, dès 2022, dans un répertoire de thématiques ». Elles sont éligibles au Dife (droit individuel à la formation des élus locaux).

Les secondes sont, elles, des formations « de droit commun » – comme n’importe quel salarié y a droit. Elles sont donc financées par le compte personnel de formation. Les auteurs du guide rappellent par ailleurs que depuis la loi Engagement et proximité, les parcours de validation des acquis de l’expérience (VAE) « pourront prendre en compte l’exercice de mandats électifs ». 

Financements : comprendre les règles

Le guide rappelle que toutes les collectivités et intercommunalités doivent prévoir un budget de formation, qui « ne peut être inférieur à un montant plancher équivalent à 2 % des indemnités maximales théoriques des membres de l’organe délibérant », le montant réel pouvant aller jusqu’à 20 % des indemnités. Attention, ce budget ne peut en aucun cas financer les formations de réinsertion professionnelle, il est exclusivement réservé aux formations à l’exercice du mandat. 

Par ailleurs, une cotisation de 1 % est prélevée sur les indemnités de élus pour abonder le fonds du Dife, dont les droits acquis sont convertis en euros depuis le 23 juillet 2021. « Plus de 95 % des élus locaux disposent [actuellement] de 700 € sur le compte DIFE, dont 300 € acquis au titre de la conversion des droits en heures qu’ils détenaient auparavant. Leur compte sera crédité annuellement de 400 €, dans la limite d’un plafond global de 700 € », est-il rappelé dans le guide. 

Changement important à venir : à partir du 1er janvier 2022, pour les formations à l’exercice du mandat, un élu pourra cumuler le financement payé par la collectivité et celui du Dife, « en demandant à sa collectivité d’abonder son compte Dife » sur le site moncompteformation.gouv.fr. Sous condition d'une nouvelle délibération spécifique prise par la collectivité pour établir des règles claires pour tous les membres des organes délibérants et une contribution de l’élu, au titre du DIFE,  qui devra être a minima de 25 % du coût de la formation. Ces conditions seront précisées par un prochain décret. 

Pour ce qui concerne les formations de réinsertion professionnelle, elles peuvent être financées à la fois par le Dife et par les dispositifs de financement de la formation professionnelle de droit commun (compte personnel de formation, etc.). 

Procédures

Le guide rappelle le processus à suivre pour obtenir des formations, notamment lorsqu’elles sont financées par la collectivité : un élu doit faire une demande au maire ou au président de l'intercommunalité, accompagnée d’un devis. Le maire ou le président approuve ou rejette, en sachant qu’en refus doit être expressément motivé. Les seuls motifs de refus peuvent être l’absence d’agrément de l’organisme de formation, le fait que la formation soit sans lien avec l’exercice du mandat, ou le dépassement du budget plafond de formation de la collectivité. Une fois la demande acceptée, un contrat est signé entre la collectivité et l’organisme de formation agréé. À l’issue de la formation, une attestation est remise à l’élu, attestation qui permettra à la collectivité de régler la facture. 

Pour les formations financées par le Dife, les choses sont plus simples. À partir du mois de janvier prochain, toute la procédure d’inscription se déroulera sur le site moncompteformation.gouv.fr. 

Le guide se conclut par une dizaine de questions/réponses pratiques. Il est notamment rappelé que les élus, s’ils sont salariés, « peuvent solliciter de la part de leur employeur un congé pour pouvoir bénéficier des actions de formation ». Ce congé est de 18 jours par élu sur la totalité du mandat, quel que soit le nombre de mandats exercés. 




Démocratie
Le numérique : un levier pour revivifier la démocratie locale
Hier matin, la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales et à la décentralisation s'est réunie une nouvelle fois autour du sujet du numérique. L'occasion de débattre sur la place que peuvent prendre les nouvelles technologies au sein d'une collectivité territoriale pour encourager la démocratie locale. 

C’est dans le cadre d’une mission d’information conduite par la présidente de la délégation, Françoise Gatel, avec le sénateur de la Manche, Jean-Michel Houllegatte, que les sénateurs ont décidé d’accorder une place aux « technologies citoyennes » dans le débat. 

Ces dernières, aussi appelées Civic-tech, consistent en la mise en place d’outils numériques pour favoriser les espaces d’interactions en ligne entre les citoyens et la collectivité. Objectif : replacer au cœur du débat public le citoyen et lui donner envie d’agir dans la sphère démocratique locale.

Pour en connaître davantage sur les techniques existantes et sur les potentiels impacts que peut apporter le numérique, Katharina Zuegel, co-directrice du groupe de réflexion « Décider ensemble », a été auditionnée hier. Cette structure experte a, par exemple, mis en place un baromètre de la démocratie locale numérique, mesurant l’impact des outils en ligne sur les dernières élections municipales notamment. 

Consultation et co-construction 

Consultation en ligne, conseils municipaux en visioconférence, création de comptes sur les réseaux sociaux pour la collectivité… Les initiatives en matière de technologies citoyennes ne manquent pas. Le groupe de réflexion observe qu’actuellement, la Civic-tech est surtout déployée dans les plus grandes communes. 

Et ce phénomène va s’accroître. Selon le baromètre, 87 % des sondés (collectivités territoriales) disposent d’une plateforme numérique, d’une application d’idéation (logiciel de collecte d’idées) ou d’un outil de sondage. 78 % souhaitent déployer des nouveaux outils numériques à la suite des élections municipales de 2020. 

Les exemples d’outils et les cas concrets ne manquent pas. Les sites pour les budgets participatifs comme celui de la Ville de Paris, les plateformes pour des consultations comme celle de Mulhouse qui pousse à faire émerger des idées pour améliorer les conditions de vie ou celle déployée à Nanterre sur la question spécifique du plan vélo, des outils de concertation comme à Angers qui invite les citoyens à penser l’aménagement du jardin public… Chaque territoire a sa spécificité qu’il faut prendre en compte lors de la mise en place de ces nouveautés. 

Pas un remède miracle 

La démocratie numérique, Katharina Zuegel le reconnaît, peut apporter beaucoup. Pour le citoyen d’abord c’est une manière de s’éduquer à la citoyenneté, d’avoir une meilleure compréhension du fonctionnement d’une collectivité, d’avoir plus confiance en l’action publique car le numérique permet une transparence, et de pouvoir donner son avis. 

Pour la collectivité, les bienfaits sont tout aussi précieux : ces outils peuvent permettre de surmonter des conflits, faciliter l’appropriation, d’agir sur le lien social, de moderniser la collectivité, d’améliorer son image auprès des citoyens… 

Mais la co-directrice du groupe explique qu’il y a des idées reçues autour de ce sujet.  
« Les collectivités pensent toucher une plus grande diversité d’habitants mais ce n’est pas le cas car le public qui participe en numérique s’intéresse souvent déjà à la politique. On touche souvent quand même un public d’actifs. On ne touche pas non plus forcément davantage la jeunesse. » Elle termine en expliquant que le chemin reste long notamment pour impliquer davantage la jeunesse dans la démocratie locale : « Il faut d’abord faire sentir que la parole des jeunes est légitime puis savoir comment les intéresser à la vie politique ». Les plateformes, aussi ludiques puissent-elles être, ne sont pas suffisantes. 

Penser hybride 

D’ailleurs, l’experte en convient avec les sénateurs : le numérique ne remplacera jamais le débat démocratique réel. Rémy Pointereau, premier vice-président chargé de la simplification des normes de la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales et à la décentralisation, rappelle qu’il existe « des craintes par rapport au numérique [du côté des élus]. Cela éloigne les citoyens des élus et cela ne peut pas remplacer les vraies réunions. » 

Aussi le groupe de travail préconise-t-il aux collectivités locales un modèle hybride. « Le numérique n’est qu’un outil qui peut venir en complément de la vie démocratique locale existante, insiste Katharina Zuegel. Il touche un public restreint de participants et ne crée pas le même lien social. La démocratie locale ne dépend pas uniquement d’une seule démarche mais de toute une politique de participation. »

Exemples de ces démarches hybrides entre « numérique et présentiel » : à Nanterre (92), une plateforme sur les processus participatifs a été déployée en même temps qu’un lieu citoyen, ouvert en plein centre-ville, sous le nom de l’Agora. À Bordeaux (33), un contrat démocratique est en construction avec une plateforme numérique pour recueillir des idées. « Cette démarche a été doublée par une tournée d’un parlement mobile dans les quartiers et des ateliers de co-construction pour rédiger les contrats démocratiques. » 

C’est tout un ensemble qui doit donc être pensé par la collectivité pour faire usage au mieux du numérique. Jean-Michel Houllegatte observe de son côté une « appétence pour participer à la vie locale et une volonté des élus de mettre en place des structures et outils pour la participation. Des maires adjoints sont de plus en plus en charge de la citoyenneté par exemple. » 

Une inquiétude sur la co-construction 

Si du côté du groupe de réflexion, pouvoir faire participer les citoyens directement à la construction de projets politiques est une avancée incontestable, les sénateurs émettent une réserve. C’est notamment le cas du sénateur Rémy Pointereau, ancien maire de Lazenay (Cher) : « Pour aller jusqu’à la co-construction c’est difficile. Je rappelle qu’on est élus au suffrage universel et on a un programme que l’on essaye d’appliquer. Mais s’il faut toujours aller vers une co-décision, cela risque de nous paralyser. »

Le sénateur de l’Aisne, Antoine Levèvre, partage ces doutes. « Quand bien même cette participation est la plus large possible, il y a des projets qui n’auraient jamais vu le jour en particulier dans les communes qui se sont engagées dans les nouveaux moyens de transports comme les trams par exemple. Les citoyens reconnaissent pourtant aujourd’hui que c’est un bien pour la collectivité. » 

La fracture numérique laissée de côté 

Pascal Martin, sénateur de la Seine-Maritime, remet au cœur du débat le problème de la fracture numérique territoriale et générationnelle. Il craint que ces outils ne renforcent « la division de la population », ou que certains « se sentent frustrés de ne pas avoir accès à cela. C’est une grande limite de cette participation numérique. » 

Un problème structurel et incontournable qui exclut toute idée de faire du numérique le seul biais pour accéder et participer à la démocratie locale. Cependant, Jean-Michel Houllegatte rappelle le déploiement, dans le cadre de France Services, de 4 000 conseillers numériques dans les territoires qui pourraient - c’est une suggestion - avoir un rôle de médiateur sur la concertation numérique et la co-construction. 




Crise sanitaire
Covid-19 : annulations en cascade dans l'évènementiel, qui « revit mars 2020 »
« On revit mars 2020 », s'alarme un chef d'entreprise de l'évènementiel. Déjà très éprouvé par la pandémie, le secteur subit une avalanche d'annulations ces derniers jours, les entreprises préférant renoncer aux séminaires ou évènements festifs de fin d'année face à la nouvelle vague de covid-19.

« Nous avons recensé 460 annulations ces quinze derniers jours, avec une accélération effroyable cette semaine, pour des prestations prévues en décembre et janvier », rapporte Cédric Angelone, coprésident du syndicat des activités évènementielles (SAE), qui regroupe 350 entreprises et 20 métiers, sur un secteur très éclaté.

Agences de communication, d’hôtesses, d’audiovisuel, entreprises de nettoyage, de sécurité, traiteurs, décorateurs, menuisiers... L’évènementiel fait travailler tout un écosystème de PME, déjà très éprouvé par de longs mois d’inactivité dus à la crise sanitaire et qui doit sa survie aux aides versées par l’État.

« Il faut se rendre compte de la brutalité de ce qu’on est en train de vivre : quelle industrie peut voir son carnet de commandes se vider en 15 jours ? », demande le chef d’entreprise basé à Marseille. « On revit mars 2020 », dit-il à l’AFP.

Actualisé lundi, le protocole sanitaire national en entreprise du ministère du Travail précise que « les moments de convivialité réunissant les salariés en présentiel dans le cadre professionnel ne sont pas recommandés ».

S’ils sont tout de même organisés, ils doivent se tenir « dans le strict respect des gestes barrières » : port du masque, aération/ventilation des lieux, distanciation de deux mètres quand le masque est retiré.

Mais alors qu’un fort rebond de l’épidémie est en cours en Europe et que de premiers cas du nouveau variant Omicron – au degré de dangerosité encore inconnu – ont été confirmés en France, les entreprises préfèrent annuler par prudence les évènements prévus, à l’instar de BNP Paribas qui a « totalement suspendu » les « temps de convivialité en présentiel » dans ses murs, selon une porte-parole.

Extras déjà fragilisés

Chez les Traiteurs de France, qui réunit les leaders du secteur, 37 entreprises de plus de 1 500 salariés, on évoque un « nouveau coup de massue » pour un secteur « déjà sévèrement touché » par la crise. « En moins d’une semaine, plus de 430 réceptions pour 155 147 convives ont été annulées, entraînant une perte de chiffre d’affaires de près de 6,9 millions d’euros », calcule l’organisation.

Basée à Morières-lès-Avignon depuis 1959, l’entreprise familiale Helen Traiteur qui emploie 67 personnes contre 87 avant crise, a vu partir en fumée la moitié de son chiffre d’affaires de décembre et janvier comparé à 2019, après une perte d’activité de 85 % en 2020 et 60 % cette année. « Depuis une semaine, c’est la catastrophe : on a perdu des affaires signées, et de nombreuses autres qui étaient en passe de l’être, comme des cérémonies de vœux qui ne seront pas reportées », dit son PDG Éric Louis.

Or une réception annulée touche une cascade de professionnels : loueurs de matériel et de salles, fournisseurs alimentaires, blanchisseurs, décorateurs, fleuristes... ainsi que des serveurs et des chefs employés en « extras », déjà très fragilisés par la crise, qui « n’arrivent pas à régénérer leurs droits Assedic », constate le chef d’entreprise, alors que le secteur affronte une pénurie de main d’œuvre.

Souvent, le client promet de reporter l’évènement et exige du prestataire qu’il rembourse l’acompte versé.

Une PME qui devait organiser cinq évènements réunissant plus d’un millier de collaborateurs d’une grande entreprise, a appris l’annulation des trois derniers, dont l’un prévu le lendemain à Toulouse, après une réunion de crise. Son équipe, qui avait fait 400 km en camion, a dormi à l’hôtel avant de faire demi-tour.
Interrogé par l’AFP, le ministère de l’Économie assure être « en dialogue permanent avec tous les secteurs, particulièrement les plus fragilisés ». « On a bien entendu que c’était la fin du ‘’quoi qu’il en coûte’’ mais notre secteur a manifestement encore besoin de cousu-main », affirme Roland Héguy, président du principal syndicat de l’hôtellerie restauration, l’Umih.

Pour les professionnels, le fonds de solidarité et le chômage partiel grâce auxquels l’événementiel a survécu, doivent être réactivés.







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