Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 22 septembre 2023
Crise des réfugiés

Un guide pratique pour dépasser les obstacles à l'intégration de réfugiés en milieu rural

L'accueil des réfugiés en milieu rural n'a rien d'impossible. Beaucoup de maires l'ont favorisé, loin des feux de l'actualité. Le gouvernement cherche à l'encourager depuis la crise de l'accueil des migrants en 2015. Un nouveau guide donne des clés de lecture et d'action à ceux qui voudraient, à leur tour, s'engager. 

Par Emmanuelle Stroesser

« Accueillir et intégrer les personnes réfugiées en milieu rural ». Le titre du guide édité par la délégation interministérielle à l'accueil et l'intégration des réfugiés (DIAIR) est sobre et précis. Cela n'a pas empêché que dès sa publication, il y a deux jours, des réseaux opposés à l’accueil des migrants le désignent comme « un document de propagande du gouvernement ». Ces attaques ont finalement donné une publicité inespérée à un guide qui, comme le précise le délégué interministériel chargé de l’accueil et de l’intégration des réfugiés, Alain Régnier, porte sur l'intégration « des personnes qui ont reçu le statut de réfugié et donc à qui la France a décidé d'accorder sa protection ». L'enjeu est donc « d'aider à réunir les conditions d'intégration, la question de leur meilleure répartition sur le territoire, en dehors de la seule région Ile de France, en faisant partie ». 

Une démarche volontaire

« Il faut reconnaître que la gestion de crise a parfois amené l’État à être directif dans l'accueil de populations comme les Syriens, il y a huit ans », reconnaît Alain Régnier. Si les maires ont pu avoir l'impression d'être les derniers prévenus de l'installation d'un centre d'accueil, provisoire ou non, sur leur commune, le préfet estime que « l'on a beaucoup changé depuis et fait évoluer les comportements. Le but aujourd'hui est bien la co-construction pour ceux qui le souhaitent ». 

Ce guide, conçu en partenariat avec « les services de l’État, des opérateurs associatifs, la société civile et des collectivités », s'inscrit donc dans cette logique. Dans un premier temps, il rappelle les notions de base (de qui et de quoi parle-t-on) et revient sur les « opportunités »  et « défis »  de l'accueil des réfugiés en milieu rural. Avec à l'appui le témoignage d'élus – « tous réélus »  se plait à souligner au passage Alain Régnier. La deuxième partie détaille le type d'accueils possibles dans les communes et comment les préparer. La troisième et dernière partie aborde les cinq thématiques essentielles à l'intégration des réfugiés, mais souvent plus problématiques en milieu rural (mobilité, apprentissage de la langue française, logement, emploi, accès aux soins). Le guide ne minimise pas ces difficultés, mais il donne un certain nombre d'exemples de « bonnes pratiques »  et pistes pour pallier l'absence par exemple d'un centre d'apprentissage du français à proximité, de transports en commun, ou encore l'éloignement du premier centre hospitalier. 

Financements

Les maires trouveront aussi la liste des portes auxquelles frapper pour trouver des financements. La DIAIR rappelle à cette occasion que les préfectures proposent aux collectivités qui le souhaitent la signature de contrats territoriaux d'accueil et d'intégration (CTAI), avec une enveloppe dédiée à chaque département pour soutenir les projets mis en place dans ce cadre, comme une desserte de transport. « Nous signons un CTAI toutes les semaines avec des communes, des intercommunalités, voire récemment deux conseils départementaux et régional (1) »  se réjouit Alain Régnier (2).  Confiant et optimiste quant à « l'ambition humaniste »  des maires… Malgré les évènements minoritaires et dramatiques, instrumentalisés politiquement, de Callac ou Saint-Brévin-les-Pins. 

(1) les départements de l'Aube (en cours de finalisation), de Charente, et la région du Centre-Val de Loire.
(2) Près de 200 CTAIR ont été signés, y compris outremer, dans toutes les régions. 

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