Maire-info
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Édition du mardi 30 avril 2024
Santé publique

Choléra : la situation s'aggrave à Mayotte

Des cas de choléra « autochtones » ont été identifiés à Mayotte, où dix cas importés avaient été recensés depuis mi-mars chez des personnes arrivées notamment des Comores voisines, a annoncé vendredi l'Agence régionale de santé qui a mis en place une « surveillance renforcée » de la situation.

Par AFP et Maire info

Vendredi, trois premiers cas de choléra « autochtones »  avaient été identifiés à Koungou, au nord de Mamoudzou. Jusque-là, dix cas importés avaient été recensés depuis mi-mars chez des personnes arrivées notamment des Comores voisines. Dans le but de contenir et diminuer le risque dans la commune de Koungou, l’Agence régionale de santé a renforcé ses interventions de terrain et créé un centre de dépistage et d’orientation.

Depuis, le nombre de cas de choléra à Mayotte est monté à 26, ont annoncé dimanche la préfecture et l'Agence régionale de santé.

Flambée épidémique aux Comores

Le choléra est une forme aiguë de diarrhée qui peut tuer en quelques heures et se contracte par une bactérie généralement transmise par de l'eau ou de la nourriture contaminées. Avant ces trois cas, dix avaient été confirmés à Mayotte, le premier le 18 mars. Il s’agissait d’une femme en provenance des Comores. Le 10 avril, l’ARS confirmait quatre nouveaux cas, des migrants irréguliers interpellés en mer. Selon la police, ces personnes sont originaires de la République démocratique du Congo (RDC) et « probablement passées par les Comores ». 

Sur cet archipel distant de 70 km, l'épidémie flambe. Selon le ministère de la Santé de l’Union des Comores, 68 nouveaux cas et trois nouveaux décès ont été enregistrés pour la seule journée du 24 avril.  Au total, « 2 584 cas »  et « 61 décès »  y avaient été recensés à cette date depuis le déclenchement de l'épidémie, au début de l'année, selon le ministère. L’épidémie touche par ailleurs plusieurs pays d’Afrique. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 26 000 cas de choléra et 7 000 décès ont été signalés dans 10 pays du continent. La Tanzanie et la RDC, d’où proviennent la majorité des demandeurs d’asile arrivant à Mayotte, en font partie.

« Dispositif bien rodé » 

Pour éviter la propagation de la maladie dans le département ultramarin, l’ARS a mis en place en février un protocole en plusieurs étapes. « L’objectif est d’étouffer tout départ d’épidémie en se rendant sur place pour désinfecter le foyer et identifier les cas contacts à qui nous donnons un traitement antibiotique », précise Olivier Brahic. 

Ensuite, les équipes vaccinent « en anneaux », en élargissant progressivement la zone concernée autour de l’habitation du patient atteint de choléra. Au total, 1 000 personnes ont été vaccinées sur le territoire, où 4 000 doses sont stockées. 

À partir de la semaine prochaine, 2 600 doses devraient s'ajouter aux réserves. « Notre dispositif est maintenant bien rodé et réactif. La maladie, pour l’instant en tout cas, ne s’étend pas comme elle s’étend dans les territoires voisins », a mis en avant François-Xavier Bieuville, le préfet de Mayotte. 

« Pour éviter la contamination, l’hygiène est primordiale. Il faut se laver les mains et boire de l’eau propre », a toutefois rappelé Olivier Brahic. Selon l’Insee, un tiers des habitants de l’île n’a pas accès à l’eau courante et les défaillances d'alimentation privent les autres d’eau courante un jour sur trois. Au sein du centre hospitalier de Mayotte, une unité choléra, disposant de huit lits, a été mise en place. Ses capacités seront portées à 14 lits et 40 lits supplémentaires pourront ensuite être réquisitionnés dans les dispensaires de Dzoumogné, au nord de l’île, et de Mramadoudou, au sud.  Si cela ne suffit pas, a indiqué Olivier Brahic, des tentes pourront être installées, à proximité des centres de soin, pour accueillir 60 lits en plus.  

Une nouvelle unité médicale ouverte

« 26 cas ont été confirmés depuis le début de l’alerte choléra », indiquent la préfecture de Mayotte et l’Agence régionale de santé dans un communiqué. Un précédent bilan faisait état vendredi de 13 cas. « Au regard de la situation, et afin d’assurer la prise en charge de l’ensemble des personnes malades, l’Agence régionale de santé et le Centre hospitalier de Mayotte ont pris la décision d’ouvrir dès ce jour une deuxième "unité choléra" », au sein du centre médical de référence de Dzoumogné.

La première unité, capable d’accueillir 14 personnes au maximum au sein du Centre hospitalier de Mayotte, ne peut plus accueillir de nouveaux patients. Dans l’attente de l’arrivée de prochains renforts, le Centre hospitalier de Mayotte concentre ses effectifs sur les prises en charge liées au choléra. Le territoire manque en effet de soignants. Selon Olivier Brahic, directeur général de l’ARS, « la situation au centre hospitalier de Mayotte, en termes de ressources humaines, reste très critique, aux urgences notamment ».

« Des opérations de vaccination sont également organisées sur le terrain », précise l’ARS, qui poursuit, en parallèle, ses maraudes sanitaires, afin d’assurer une diffusion large des recommandations et d’orienter les personnes vers les dispositifs de vaccination et dépistage. « L’épidémie se propage sans véritable contrôle dans les quartiers de la zone urbaine de Mamoudzou-Koungou qui est densément peuplée, notamment dans les bidonvilles dépourvus de toute salubrité publique la plus élémentaire », s'alarme dans un communiqué le député LR de Mayotte, Mansour Kamardine, rappelant que « l’ensemble du territoire de Mayotte est toujours soumis à des restrictions d’accès à l’eau courante ». Le député demande notamment « un plan de vaccination générale (vaccination volontaire) accessible à tous, notamment aux enfants et aux personnes fragiles ».

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