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Édition du jeudi 23 juillet 2020
Population

Les Français n'ont repris que partiellement leurs déplacements habituels lors de la première phase de déconfinement

La levée du confinement strict, à compter du 11 mai dernier, n’a pas entraîné, dans le mois qui a suivi, une reprise des déplacements des Français hors de leurs départements de résidence au même rythme qu’avant l’arrivée de la crise sanitaire. C’est ce que conclut une étude de l’Insee publiée hier.
Des observations qui ne disent rien de la situation actuelle puisque les auteurs de la publication se sont intéressés uniquement aux variations de populations lors du confinement puis de la première phase du déconfinement (du 11 mai au 2 juin), durant laquelle les déplacements étaient limités à 100 km autour du domicile. La période qui a suivi et à partir de laquelle les restrictions de déplacements ont été levées n’a pas encore été étudiée.

Répartition de population modifiée
Fondé sur des données anonymes issues des réseaux de téléphonie transmis par trois opérateurs, ce travail permet de comprendre comment le confinement s’est accompagné de mouvements de population qui ont conduit à « modifier la répartition de la population sur le territoire métropolitain ».
L’Insee estime ainsi que 1,4 million de résidents de France métropolitaine (solde des arrivées et des départs) ont rejoint leur département de résidence lors de la mise en place du confinement le 17 mars dernier. Pendant cette période, « la population a davantage passé la nuit dans son département de résidence qu’avant le confinement, où les déplacements hors du domicile (étaient) fréquents pour des raisons professionnelles, de loisirs ou d’études », indiquent les auteurs de l’étude.
Sans surprise, Paris et, dans une moindre mesure, les Hauts-de-Seine ont fait figure d’exception puisque ce sont les deux seuls départements à avoir hébergé pendant le confinement moins de résidents de leur département qu’avant le confinement.
À noter qu'il y a également eu de nombreux départs de certaines grandes métropoles de la part de résidents habituels vers d’autres départements. C’est le cas à Paris et la petite couronne, mais aussi dans le Nord, le Rhône, l’Isère et la Haute-Garonne.
L’Insee souligne, toutefois, qu’à ces mouvements de population résidente, s’ajoutent 1,3 million de visiteurs étrangers ou habitants des départements d’outre-mer qui auraient quitté le territoire métropolitain, et notamment Paris (263 000 personnes) et les départements de haute montagne.

Une population qui a continué à croître dans les campagnes
À partir du 11 mai et de la première phase de déconfinement, les déplacements des Français ne sont pas pour autant revenus à la normale même s’il y a eu « un retour partiel de population en dehors du lieu de résidence ». Ainsi, par rapport à la période précédant le confinement, il restait encore un surplus de 646 000 personnes installées dans leur département de résidence. La répartition de la population sur le territoire est donc « restée proche de celle observée pendant le confinement »  puisque les mouvements de population sur le territoire n’ont repris que « partiellement ».
Avec le déconfinement, la population est revenue partiellement à Paris, en particulier en semaine avec le retour de non-Parisiens. Mais le phénomène est resté limité puisque, sur les 450 000 personnes perdues mi-mars (dont la moitié de résidents parisiens), la capitale n’en a retrouvé que 56 000 personnes, à partir du 11 mai, dont seulement 4 000 résidents, les autres étant des non-Parisiens venant « en lien potentiellement avec la reprise de l’activité économique ».
Autre enseignement de l’étude, dans les départements ruraux, l’exode rural n’a pas forcément succédé à l’exode urbain puisque la population a continué à y croître durant la première phase du déconfinement. L’Yonne, l’Orne, le Lot, la Haute-Loire, l’Eure, l’Eure-et-Loir et l’Ardèche, qui avaient déjà accueilli davantage de métropolitains qu’à l’accoutumée lors du confinement, ont ainsi continué d’accueillir « entre 5 et 7 % de métropolitains de plus qu’avant le confinement ». 
« L’autorisation de déplacement, même dans la limite de 100 kilomètres, a pu permettre à certains de rejoindre la campagne ou la mer notamment lors de week-ends, ponts ou vacances », expliquent les auteurs de l’étude qui notent que, « plus généralement, les mouvements hebdomadaires entre pôles urbains en semaine et départements plus ruraux et littoraux le week-end »  ont repris.

A.W.

Télécharger l’étude.

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