Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 31 janvier 2024
Gouvernement

Les réactions des associations au discours de politique générale du Premier ministre

Les annonces du Premier ministre, hier, notamment sur le logement, ont suscité de très nombreuses réactions, allant, selon les cas, d'une certaine satisfaction teintée de prudence à un rejet total.

Par Franck Lemarc

Dès la fin du discours de politique générale de Gabriel Attal, hier, les réactions politiques puis associatives se sont succédé. Côté politique, pas de surprise : les oppositions ont, chacune à leur manière, fustigé le discours du Premier ministre et les partis de la majorité ont salué « un cap, un engagement très fort, une vision ». Les partis de gauche ont estimé que l’orientation « très à droite »  du gouvernement était confirmée (le communiste Fabien Roussel parlant même de « Gabriel Thatcher » ), tandis que les LR ont, notamment, enregistré le recul du gouvernement sur la réforme de l’Aide médicale d’État promise par Élisabeth Borne, qui ne fera pas l’objet, comme promis, d’un projet de loi, mais d’une réforme « réglementaire ». Une décision que le LR Éric Ciotti a qualifié hier de « trahison ». Quant à Marine Le Pen, elle a jugé que les orientations du Premier ministre réunissaient « le pire de la gauche et le pire de la droite ». 

L’AMF attend « des précisions » 

L’AMF a communiqué dès hier soir sur le discours du Premier ministre, avec un certain nombre de points de satisfaction mais une demande de « précisions ». L’association se félicite notamment de la confirmation de la prise en charge des AESH par l’État sur le temps méridien ou encore « de la reconnaissance de la compétence des maires en matière d’attribution des logements  locatifs sociaux ». Elle salue dans ces annonces « la reconnaissance par le gouvernement des arguments des maires de France et de la grave crise du secteur »  du logement, mais reste dans l’attente d’une « réponse en profondeur ». 

L’AMF se réjouit aussi de la volonté de « débureaucratisation »  portée par le Premier ministre, et annonce qu’elle prendra « toute sa part »  dans le chantier de simplification des normes, « l’excès de normes (étant) dénoncé de longue date et de façon constante par les élus locaux ». L’association remarque en revanche que le mot de « décentralisation »  n’a pas été prononcé par le Premier ministre – et espère qu’il le sera cet après-midi au Sénat. Enfin, elle dit attendre « des propositions plus claires et fortes sur les services publics locaux, leur modernisation et leur développement ». 

Les autres associations du bloc communal n’ont, pour l’heure, pas réagi aux annonces du Premier ministre.

Les départements « stupéfaits » 

Du côté des départements, le ton est beaucoup plus dur, l’annonce du « basculement »  de l’ASS vers le RSA ayant pris ceux-ci par surprise. « Et la concertation, dans tout ça ? », demande Départements de France. « Les départements ont appris avec stupéfaction le transfert sans la moindre concertation de l’ASS vers le RSA et ses conséquences financières », écrit François Sauvadet, président de l’association. DdF rappelle que plus de 300 000 personnes perçoivent aujourd’hui l’ASS, pour un total de quelque 2,1 milliards d’euros. Or il faut rappeler que le RSA, contrairement à l’ASS, est payé par les départements et non pas l’État. Ce « basculement »  représenterait donc une charge considérable à laquelle les départements « ne pourraient pas faire face ». Ils demandent l’ouverture « immédiate »  de discussions sur les modalités de compensation.

L’association s’étonne également que Gabriel Attal ait annoncé la généralisation du dispositif sur le RSA avant même que l’expérimentation ait été menée à son terme. 

Logement : les associations vent debout

Les annonces du Premier ministre sur le logement ont provoqué la colère des associations liées au logement social ou au mal-logement, au premier rang desquelles l’Union sociale pour l’habitat (USH), qui juge les réponses du gouvernement face à la crise du logement « insignifiantes »  et regrette avant tout que le gouvernement « ne revienne pas sur les réformes du premier quinquennat du président Macron, qui ont mis à mal durablement le logement social ». « Rien n’est avancé pour accélérer la production de logements sociaux et répondre aux 2,6 millions de demandeurs. Le soutien au logement intermédiaire (LLI),  dont les loyers sont bien trop élevés pour une grande majorité des classes moyennes ne peut y répondre. » 

Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH, fustige « une nouvelle attaque contre l’article 55 de la loi SRU », qui risque selon elle de « renforcer les ségrégations territoriales », et conclut : « Les 2,6 millions de personnes aux revenus modestes en attente d’un logement social seront encore la variable d’ajustement d’une politique de désengagement de la puissance publique dans notre secteur. » 

Également furieuse, l’association Droit au logement prévoit qu’en guise « de choc de l’offre, Gabriel Attal nous promet en réalité une explosion de la crise du logement ». 

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