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Édition du mardi 28 novembre 2023
Biodiversité

Stratégie nationale biodiversité 2030 : des objectifs qui ne pourront pas être atteints sans les collectivités

La version finale de la Stratégie nationale biodiversité a enfin été présentée hier par la Première ministre, Élisabeth Borne. 40 mesures constituent cette nouvelle feuille de route.

Par Lucile Bonnin

« Protéger plus d’espaces », « restaurer les habitats dégradés », « avancer pour la restauration des sols », « faire baisser les pressions qui s’exercent sur la biodiversité », « agir contre la déforestation importée » … Les ambitions de la Stratégie nationale biodiversité (SNB) sont multiples. 

Quatre axes ont été identifiés : réduire les pressions qui s’exercent sur la biodiversité, restaurer la biodiversité dégradée partout où c’est possible, mobiliser tous les acteurs et garantir les moyens d’atteindre ces ambitions. 

Stratégie pour les aires protégées

« Nous devons d’abord protéger plus d’espaces, a déclaré la Première ministre hier. Nous avons déjà atteint les objectifs de Kunming-Montréal. Alors, le président de la République a fixé la barre plus haut encore : placer 10 % de notre territoire sous protection forte d’ici 2030. Pour y parvenir, nous agirons de concert avec les collectivités ». 

Pour rappel, l’accord de Kunming-Montréal a été adopté en décembre 2022 par la communauté internationale à la COP15 Biodiversité et prévoit notamment la protection des 30 % des terres et des mers et la restauration de 30 % des écosystèmes dégradés.

« Nous voulons faire plus et comme l’a annoncé le président de la République [en 2021 au lendemain du One Planet Summit], nous placerons 10 % de notre territoire sous protection forte » , a indiqué Élisabeth Borne. Cet objectif est particulièrement ambitieux et pour le moment loin d’être rempli dans la mesure où en 2018 seulement 1,37 % du territoire métropolitain terrestre était classé sous une protection « forte »  (lire Maire info du 13 janvier 2021). Aujourd’hui, 4,2 % du territoire est placé sous protection forte. Une progression lente qui montre que beaucoup reste à faire en moins de dix ans.

Le gouvernement entend également « créer un douzième parc national, dédié aux zones humides »  avec la participation des « acteurs locaux » . Il faut cependant rappeler que le gouvernement s’était engagé en 2021 sur « la création ou l’extension de 20 réserves naturelles nationales (RNN) d’ici 2022, qui permettront la protection de zones humides, de milieux forestiers, de milieux ouverts mais également d’espaces maritimes métropolitains d’intérêt majeur ».

Plus d'un milliard d’euros pour 2024

Sur les objectifs chiffrés, la stratégie comprend la plantation d’un milliard d’arbres en dix ans et 50 000 kilomètres de haies. Pour lutter contre l’artificialisation, « la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers sera divisée par deux d’ici 2030, permettant de préserver 120 000 hectares par an » , conformément aux objectifs du ZAN (lire article ci-contre). 

Concernant les pesticides, une nouvelle stratégie nommée Ecophyto 2030 est « en cours de consultation »  pour réduire de moitié l'utilisation des produits phytopharmaceutiques par rapport à la période 2015-2017.

Afin de baisser de 50 % la pollution lumineuse en France d’ici 2030, le gouvernement a annoncé « l’extension des règlementations encadrant les usages non essentiels, en facilitant les contrôles et sanctions, en déployant les trames noires sur le terrain et en soutenant le renouvellement accéléré des équipements publics ».

La Première ministre a enfin rappelé l’intention du gouvernement de lutter contre la déforestation importée. Ainsi, « un service à compétence nationale sera créé en 2024 pour améliorer le contrôle de la mise en œuvre des obligations en matière de diligence raisonnée des entreprises sur le plan environnemental ». 

« J’ajoute que la question des plastiques est décisive, alors qu’ils peuvent être destructeurs pour des espèces, a déclaré Élisabeth Borne. Beaucoup de choses ont été faites, notamment l’interdiction progressive des plastiques à usage unique » . Le gouvernement entend poursuivre dans cette voie et vise deux objectifs concrets pour lutter contre la pollution plastique : « D’ici 2030, les 94 décharges littorales répertoriées seront résorbées et d’ici 2025, 50 % des communes littorales seront engagées dans la démarche plages sans plastiques pour atteindre 100 % d’ici 2030 ».

Pour ce faire, « l’État consacrera plus d’un milliard d’euros supplémentaires à la protection de la nature et de l’eau dès 2024. Ce budget inédit a été permis grâce à un financement supplémentaire de 264 millions d’euros du Programme 113 Eau Biodiversité à partir de 2024, de 400 millions d’euros du Fonds vert sur la renaturation et le recyclage des friches pour éviter l’artificialisation, ainsi que 475 millions d’euros consacrés à la préservation du milieu aquatique par les agences de l’eau » .

Quels moyens pour les collectivités ? 

Dans son discours, Élisabeth Borne mentionne quatre fois les collectivités territoriales indiquant que leur action est primordiale dans la réussite de cette nouvelle stratégie. « La transition écologique doit s’ancrer dans le quotidien des Français et dans les projets menés par les collectivités. Cela vaut particulièrement pour la préservation de la biodiversité. C’est précisément l’un des objectifs des COP territoriales, lancées par les ministres ». 

Ces COP territoriales, annoncées en septembre dernier, « visent à renforcer les dynamiques existantes à l’échelle territoriale : en priorité, il s’agit de partager l’effort nécessaire pour réduire l’empreinte carbone et préserver la biodiversité des territoires en fonction des réalités locales, en intégrant de manière cohérente tous les volets de la planification écologique déjà engagés » . Elles seront lancées dès 2024. 

Si les collectivités sont invitées à agir grâce à l’aide du Fonds vert doté de 2,5 millions d’euros, la budgétarisation verte des collectivités reste incertaine. Comme le pointait le Sénat dans un rapport en juillet dernier, « l’incertitude sur les finances locales et l’absence de prévisibilité, couplées à un renchérissement du recours à l’emprunt, fait peser un risque de renoncement à certains investissements en faveur de la transition écologique » . Les dotations de l’État risquent de ne pas suffire. 

Télécharger le dossier de presse sur la SNB. 

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