Maire-info
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Édition du mardi 17 mai 2022
Gouvernement

Élisabeth Borne, Première ministre

Élisabeth Borne a été nommée hier Première ministre, après la démission de Jean Castex. Elle a porté, ces cinq dernières années, plusieurs dossiers importants pour les collectivités territoriales.

Par Franck Lemarc

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© Gouvernement.fr

Première femme nommée à Matignon depuis Édith Cresson en 1991, Élisabeth Borne a été un pilier de tous les gouvernements depuis l’accession d’Emmanuel Macron à l’Élysée en 2017, avec divers portefeuilles et plusieurs textes à son actif concernant directement les collectivités. 

Haute fonctionnaire spécialiste des transports

Contrairement à ses deux prédécesseurs, Édouard Philippe et Jean Castex, Élisabeth Borne n’a jamais été maire, ni élue locale, et n’a jamais non plus siégé comme parlementaire. 

Polytechnicienne et ingénieure des Ponts et chaussées, elle a en revanche été préfète, en 2013 (préfète de la région Poitou-Charente et du département de la Vienne). 

Élisabeth Borne a partagé, jusqu’en 2017, sa carrière entre les cabinets ministériels et les postes de responsabilité dans le privé – si l’on excepte un passage dans une collectivité, en tant que directrice générale de l’urbanisme à la Ville de Paris entre 2008 et 2013.

Professionnellement, Élisabeth Borne a essentiellement évolué dans le monde du transport et des infrastructures : elle a été directrice de la stratégie de la SNCF, directrice des concessions du groupe Eiffage, puis patronne de la RATP (la régie des transports parisiens) de 2015 à 2017. 

Réputée proche du Parti socialiste jusqu’en 2017, elle a occupé plusieurs fonctions dans les cabinets ministériels au moment où la gauche était au pouvoir : conseillère technique chargée des transports auprès du Premier ministre Lionel Jospin, directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie. Elle était à la tête de la RATP losqu’elle a rejoint Emmanuel Macron et La République en marche en 2017. 

Ministre des Transports : la LOM

Depuis, Élisabeth Borne n’a jamais quitté le gouvernement, avec plusieurs portefeuilles successifs : ministre chargée des Transports de 2017 à juillet 2019, c’est elle qui a d’abord impulsé les grandes orientations du gouvernement d’Édouard Philippe sur les déplacements : abandon des grands projets d’infrastructures ferroviaires au profit des « déplacements du quotidien »  – ce qui, malgré les engagements, ne se traduira pas par l’arrêt de la fermeture des petites lignes de chemin de fer. C’est notamment alors qu’elle était ministre des Transports qu’est paru le très explosif rapport Spinetta préconisant carrément la fermeture des lignes les moins fréquentées (lire Maire info du 16 février 2018). 

Comme ministre des Transports, on retiendra de son action la mise en œuvre du Plan vélo et, surtout, la loi d’orientation des mobilités qu’elle a portée sur les fonts baptismaux. C’est elle qui a, dès la fin 2017, dit sa volonté de voir l’ensemble du territoire couvert par une autorité organisatrice de transport et souhaité que toutes les communautés de communes puissent le devenir, afin de mettre fin aux « zones blanches de la mobilité » . Cela aboutira à la LOM, adoptée en décembre 2019, et à la possibilité donnée aux communautés de communes de prendre la compétence mobilité ou de la transférer aux régions (lire Maire info du 6 mai), alors que 25 000 communes étaient encore en dehors de toute autorité organisatrice des transports en 2018. 

Ministre de la Transition écologique et solidaire

Lors du remaniement ministériel de juillet 2019, Élisabeth Borne est montée en grade dans le gouvernement en devenant ministre de la Transition écologique et solidaire en remplacement de François de Rugy. Pendant ce mandat, elle portera la loi Énergie-climat, qui a notamment fixé les grands objectifs de la France en matière de production d’énergie (et acté la fermeture des centrales à charbon en 2022 et la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim). Elle a été, à ce poste, l’initiatrice de la très controversée politique de Zéro artificialisation nette (ZAN), qui sera mise en musique par sa successeure Barbara Pompili dans la loi Climat et résilience, en août dernier. Élizabeth Borne a également porté le dossier des zones à faibles émissions (ZFE). 

Un an plus tard, en juillet 2020, elle est nommé ministre du Travail – portefeuille qui l’a moins amenée à traiter avec les collectivités locales. C’est néanmoins sous sa direction qu’ont été élaborés les différents protocoles liés à la crise sanitaire et sa gestion dans les entreprises, dont une bonne partie a été reprise telle quelle dans la fonction publique territoriale. 

Désormais installée à Matignon, Élisabeth Borne va devoir être, selon les vœux du président de la République, une Première ministre mettant au cœur de son action les questions sociales et la transition écologique – et plus particulièrement ce qu’Emmanuel Macron a appelé « la planification écologique » . La Première ministre devrait disposer, selon plusieurs sources, de deux ministres délégués auprès d’elle sur ce sujet, dont l’un sera chargé de la « planification écologique territoriale » . C’est ce ou cette futur(e) ministre qui sera directement en lien avec communes, intercommunalités, départements et régions pour y donner un coup d’accélérateur à la transition écologique.

Le dossier n°1 du gouvernement, en matière de relations avec les collectivités, sera celui des tensions financières que connaissent celles-ci, notamment du fait de la hausse des prix de l’énergie. Il reste à espérer que la nouvelle Première ministre, sur ce sujet, sera plus ouverte à la discussion que l’a été son prédécesseur ces derniers mois. 
 
 

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