Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 26 mai 2010
Ville

Banlieues: une réforme promise pour 2011, déception des élus

François Fillon a renvoyé mardi 25 mai à l'année 2011 une réforme de la politique de la ville, alors que plusieurs élus de zones urbaines pauvres, dont certains issus de la majorité, réclamaient des mesures «urgentes» face à la dégradation de la situation dans les banlieues. Prononcé devant les membres du Conseil national des villes (CNV), instance consultative placée sous son autorité, le discours du Premier ministre a provoqué la colère de plusieurs des maires de gauche présents, qui espéraient «des gestes concrets» de la part du chef du gouvernement. «Je mesure parfaitement le découragement, parfois la colère qui peut être celle de ceux qui sont confrontés tous les jours à des difficultés considérables», a déclaré François Fillon. Mais le gouvernement a choisi de mettre en place «une politique globale qui avance de façon cohérente», susceptible d'«être soutenable par l'ensemble du pays et par nos finances publiques», sur fond de tour de vis budgétaire. Une réforme qui prendra la forme d'un projet de loi en 2011, a-t-il promis. Visée au premier chef par cette annonce: la secrétaire d'Etat à la Ville Fadela Amara. Celle-ci avait en effet pris la plume le 30 avril pour déplorer auprès du Premier ministre les retards dans la politique de la ville et réclamer une révision de la géographie des Zones urbaines sensibles (ZUS) pour un meilleur partage des ressources. Dans sa lettre, elle demandait le dépôt «avant le 1er octobre d'un projet de loi» sur la géographie prioritaire et l'engagement «début 2011» de la négociation des nouveaux contrats urbains de cohésion sociale. «Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs», lui a répondu le Premier ministre, qui attend notamment la mise en œuvre de la réforme territoriale avant une remise à plat, évacuant toute «modification précipitée des zonages» existants, comme l'exigeaient aussi plusieurs élus. Interrogée à la sortie de Matignon, Fadela Amara, le nez dans des fiches, a assuré qu'il n'y avait «pas de raison (qu'elle) démissionne». «J'ai attendu des arbitrages. j'ai obtenu des arbitrages exactement sur ce que j'ai demandé», a-t-elle affirmé. Seul motif de satisfaction pour les élus de banlieue: François Fillon a assuré que le gel des dotations de l'Etat aux collectivités locales ne toucherait pas les villes pauvres: «La dotation de solidarité urbaine sera maintenue au même niveau en 2011». Samedi, une pétition dans "Le Journal du dimanche" avait rassemblé les signatures de 44 maires de banlieues, majoritairement de gauche, pour réclamer un renforcement de la politique de la ville. Parmi eux Stéphane Beaudet, maire UMP de Courcouronnes (Essonne), qui justifiait son ralliement au texte par la volonté de lancer «un cri d'alarme». «On est installé sur une bombe sociale. On a beau déployer une énergie colossale je vois ma population se paupériser tous les jours», a-t-il déploré. Autre élu de droite signataire: Jean-Christophe Lagarde, maire Nouveau centre de Drancy (Seine-Saint-Denis), qui comme Fadela Amara réclamait un redécoupage des ZUS. Plus largement, beaucoup à gauche, comme l'ancien ministre de la Ville et président du conseil général de Seine-Saint-Denis Claude Bartolone, jugent que les obstacles rencontrés par le Plan Espoir Banlieues lancé en grande pompe en 2008 signent l'«échec» de Nicolas Sarkozy sur ce terrain. Initiateur de la pétition, Claude Dilain, maire PS de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), a carrément menacé de démissionner du CNV. «Je poserai la question aux membres de cette association», a-t-il lâché à sa sortie de Matignon. - Pour lire le discours du Premier ministre, voir premier lien ci-dessous. - Pour lire la pétition lancée par Claude Dilain dans "Le Journal du dimanche", voir second lien ci-dessous.

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