Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 6 octobre 2023
Transports

Transports publics : l'UTP demande la hausse du plafond du versement mobilité

L'Union du transport public (UTP) a tenu cette semaine sa conférence de presse de rentrée, et a présenté « les grandes attentes du secteur », en matière de financement et « d'accompagnement à la transition écologique ». L'UTP a également présenté les conclusions de l'Observatoire de la mobilité.

Par Franck Lemarc

L’UTP, qui regroupe les principaux opérateurs de transport du pays, a mis en place depuis 2008 un « Observatoire de la mobilité »  pour tenter de mieux comprendre le regard des Français et leurs attentes en matière de transports collectifs. 

L’édition 2023 de cet Observatoire, présentée le 3 octobre, vise notamment à comprendre quels sont « les freins »  à l’usage des transports collectifs. L’UTP a interrogé quelque 4 000 personnes, résidant dans des agglomérations de plus de 20 000 habitants. 

« Fausse bonne idée » 

L’étude révèle que 80 % des répondants (qui sont, donc, des urbains) possèdent une voiture. 41 % d’entre eux « n’utilisent pas les transports publics ». Environ un cinquième de ceux-ci déclarent pourtant « qu’il serait facile de s’en passer ». Parmi ceux qui jugent « difficile ou impossible de se passer de voiture », il faut noter que 22 % se disent « prêts à déménager pour moins dépendre de l’automobile ». 

Pourquoi les usagers rechignent à utiliser les transports collectifs ? Essentiellement parce qu’ils jugent l’offre « insuffisante »  – c’est ce que répondent les trois quarts des personnes interrogées. La moitié d’entre elles déclare être prête à passer aux transports collectifs « si l’offre s’améliorait ». 

L’UTP a également interrogé les urbains sur les choix qui les guide vers tel ou tel mode de transport – dans le cas toutefois où ils ont le choix. La sécurité et la rapidité arrivent en tête de ces raisons.

L’UTP retire de cette enquête l’idée que la gratuité est une « fausse bonne idée »  – elle y est, de toute façon, historiquement opposée. Selon l’Observatoire le coût des transports n’apparaît pas comme un critère ayant « un impact sur l’usage ou le non-usage des transports »  – pas plus que la sécurité d’ailleurs. Ce sont en revanche des notions telles que « la fluidité, la fréquence, la ponctualité, l’amplitude horaire »  qui viennent en tête des raisons invoquées. 

Choc d’offre et versement mobilité

S’appuyant sur ces résultats, les porte-parole de l’UTP estiment donc qu’il faut impérativement organiser un « choc d’offre », permettant « à la fois plus d’amplitude horaire, plus de fréquence, sur des territoires plus étendus et appuyés par des infrastructures performantes et robustes ». Ce qui, naturellement, coûtera cher aux autorités organisatrices. L’UTP plaide donc pour « la mise en place d’un de soutien pour aider les collectivités à développer des infrastructures et des systèmes de transport public urbain ou périurbain ». On se rappelle l’impact qu’avaient eu les grands appels à projets du début des années 2000, quand l’État avait choisi de soutenir massivement les transports collectifs urbains. 

Cette demande de l’UTP rejoint celle du Conseil d’orientation des infrastructures, qui demande également que « le soutien de l’État aux collectivités pour le développement des transports collectifs de province »  se poursuive « durablement ». 

À l’échelle locale, l’UTP souhaite que le « choc d’offre »  puisse être financé par « un accroissement de la fiscalité locale ». Ce qui pourrait passer par une hausse du versement mobilité (VM) payé par les employeurs – l’UTP demande que le taux plafond du VM soit relevé à l’échelle nationale – mais pas seulement : l’organisation souhaite également que les « contribuables locaux »  soient mis à contribution, ainsi que les clients voyageurs – ce qui signifierait une hausse du prix des titres de transport. 

Les opérateurs demandent également que l’exonération de cotisations et contributions sociales pour la prise en charge par l’employeur des titres d’abonnements de transports publics jusqu’à 75% soit pérennisée. Ils rappellent que ce dispositif a été pérennisé pour la fonction publique. « Il serait juste que les salariés du secteur privé puissent en bénéficier au-delà de 2023 ». 

Règlement européen

Concernant le verdissement des flottes de bus des collectivités, l’UTP appelle l’État à mettre en place un dispositif de soutien à l’achat de bus électriques ou à hydrogène, rappelant que la France est un des seuls pays d’Europe où un tel soutien n’existe pas. 

Elle demande également – comme l’AMF et le Gart – une modification du règlement européen du 14 février 2023 dont élus et transporteurs dénoncent les effets potentiellement délétères. Pour mémoire (lire Maire info du 22 juin 2023), ce règlement dispose qu’à partir de 2030, les constructeurs n’auraient plus le droit de commercialiser autre chose que des bus zéro émissions. Cette disposition, a calculé l’UTP, vu le prix beaucoup plus élevé des bus électriques/hydrogène (plus du double d’un bus diesel à la norme Euro VI), serait financièrement intenable pour les collectivités : au moment du renouvellement de leur flotte, elles ne seraient pas en mesure de remplacer les véhicules à un pour un. Cette mesure à visée écologique pourrait donc avoir pour conséquence ou bien de réduire l’offre – et donc la fréquentation ; ou bien d’obliger les collectivités à faire rouler plus longtemps des bus diesel plus polluants. « Un comble ! », écrivait le président de l’AMF David Lisnard à la Première ministre, le 15 juin dernier

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