Maire-info
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Édition du mardi 9 avril 2024
Transition écologique

Le gouvernement lance le service civique écologique

Le gouvernement se donne pour objectif d'engager 50 000 jeunes d'ici 2027 dans le nouveau Service civique écologique, qui pourra se mener auprès d'associations, d'opérateurs publics ou de collectivités territoriales. Explications.

Par Franck Lemarc

« Réussir la transition écologique est le défi de notre génération. Notre jeunesse veut s'engager, participer, aider. Elle se demande comment être utile pour la planète. C'est pourquoi nous lancerons un Service civique écologique, qui rassemblera d'ici la fin du quinquennat 50 000 jeunes prêts à s'engager concrètement pour le climat. »  Ces mots ont été prononcés par Gabriel Attal lors de sa déclaration de politique générale, le 30 janvier dernier. Ils ont trouvé une première concrétisation hier avec le lancement, par les ministre Christophe Béchu et Sarah El Haïry (Transition écologique et Jeunesse), de ce nouveau dispositif, avec l’objectif de signer les premiers contrats en septembre.

Le dispositif

Alors que « 90 % des jeunes se disent préoccupés par le changement climatique », selon un sondage cité par le gouvernement, il va être proposé aux jeunes qui le souhaitent de « s’engager concrètement en faveur des différentes dimensions de la transition écologique », pour des missions « de six mois à un an, indemnisées ». Ce nouveau service civique s’adresse aux jeunes de 16 à 25 ans. Les missions pourront être, par exemple, auprès de collectivités, « de préserver la biodiversité, ou lutter contre le gaspillage alimentaire », explique Christophe Béchu dans une vidéo publiée sur X (twitter). 

Lors de la table ronde qui a eu lieu hier pour lancer le dispositif, le ministre de la Transition écologique a donné des chiffres précis : sur les 150 000 jeunes qui sont actuellement en service civique, seuls « 5 641 sont sur des missions écologiques », ce qui paraît peu au regard des enjeux. Le fait de lancer un service civique spécifique, « estampillé écologie », vise à augmenter le nombre de jeunes qui s’engagent concrètement, quelle que soit la structure qui les accueille (entreprise, association, opérateur public ou collectivité). 

Au passage, le ministre a pointé le trop faible nombre de collectivités qui accueillent des jeunes en service civique : « Il n’y a que 5 % des jeunes en service civique qui sont dans les collectivités locales, soit 7 000 sur 150 000 », ce qui doit être un sujet de réflexion. Christophe Béchu a estimé que cela ne peut être pour des raisons financières, puisque « le dispositif est financé par l’État, donc les arguments de tension budgétaire des collectivités ne sont pour rien dans le sujet ». Le ministre, en la matière, va un peu vite en besogne, car il n’est pas exact que le service civique soit entièrement « financé par l’État » : si l’État verse bien une indemnité de 504,98 euros net par mois aux volontaires, il revient à la structure d’accueil de financer une prestation supplémentaire « nécessaire à la subsistance, l’équipement, l’hébergement ou le transport », disent les textes. Cette prestation est fixée à 114,85 euros par mois, et peut être versée en argent ou en nature. 

Reste que ce faible nombre de jeunes effectuant leur service civique en collectivité semble davantage lié aux choix des jeunes eux-mêmes qu'à un manque d'intérêt des collectivités pour ce dispositif. À ce jour, sur le site service-civique.gouv.fr, plus d'un millier d'annonces sur 7 000 émanent de collectivités (communes, départements ou régions) sans avoir trouvé preneur. 

Quelles difficultés pour les collectivités locales ?

Lors de la table ronde, le maire de Vitry-le-François, Jean-Pierre Bouquet, s’est exprimé en tant que président des Éco-maires (il est également membre du comité directeur de l’AMF). Il a qualifié l’initiative gouvernementale « d’excellente »  et « d’enthousiasmante », tout en pointant un certain nombre de difficultés qu’il va falloir résoudre : « Quel est le public possible ? Quels postes peut-on ouvrir ? Comment ces jeunes vont-ils s’intégrer dans le service public local ? Il va falloir mener un travail pour permettre que tout cela rentre dans l’architecture des collectivités locales. » 

Ce sera certainement l’un des objectifs des « groupes de travail »  qui ont été mis en place hier et se réuniront entre avril et juin, avec un certain nombre d’objectifs : « Mieux comprendre les besoins des jeunes en matière d’engagement pour l’écologie, et identifier de nouvelles structures d’accueil et de nouvelles missions afin de cibler des actions et des acteurs dans des champs encore inexplorés ou sous-exploités ». 

Par ailleurs, le gouvernement réfléchit à l’élaboration d’un « socle commun de connaissances et de compétences communes à tous les volontaires », qui pourrait aboutir à l’obtention d’un « brevet de l’engagement écologique », sur le modèle du brevet de secourisme. 

1 000 ambassadeurs

Le premier étage du dispositif va être rapidement lancé, avec, en juin prochain, le recrutement d’une centaine « d’ambassadeurs »  du dispositif. Ces ambassadeurs, dont le nombre devrait attendre le millier à l’automne, auront pour tâche de « sensibiliser et convaincre leurs pairs », d’aller à la rencontre des autres jeunes, dans les quartiers comme dans les territoires ruraux, pour les convaincre de s’engager. Les premiers contrats de service civique écologique doivent être signés dès septembre, avant une « montée en charge » : le gouvernement vise 10 000 jeunes en 2025 et 19 000 en 2027. 

Enfin, bien que le service civique soit « un dispositif d’engagement et non d’insertion dans l’emploi », le gouvernement et le Medef se sont engagés « à proposer à chaque jeune issu du service civique écologique une offre d’emploi ou de stage dans les secteurs de la transition écologique ». Il restera à voir ce que cet engagement aura comme conséquences concrètes. 

Rappelons que ce nouveau « service civique écologique »  est lancé au moment même où le gouvernement a annoncé, par la voix de Nicole Belloubet, au Sénat, que le budget alloué au financement du service civique va être diminué pour cause d'économies budgétaires : «  Une partie des économies devra être supportée par le service civique, et ce malgré son succès », a déclaré la ministre de l'Éducation nationale devant une commission du Sénat, mercredi 3 avril. Il va donc falloir faire plus... avec moins.

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