Le gouvernement va suspendre MaPrimeRénov' « cet été », mais promet de la rétablir d'ici « la fin de l'année »
Par A.W.

Le dispositif d'aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov' va bien être suspendu cet été. C’est ce qu’a annoncé le ministre de l'Économie Éric Lombard, hier, devant les sénateurs, confirmant une information du Parisien, publiée la veille. Selon le journal, MaPrimeRénov' pourrait être interrompue à compter de juillet, sans que le gouvernement n’ait, pour l’heure, corroboré précisément cette échéance.
Trop de demandes et de fraudes
En cause, une « avalanche » de demandes et un nombre important de « fraudes ». « Il y a à la fois un encombrement en ce moment et un excès des fraudes commises sur lequel nous voulons reprendre la main, d'où la suspension », a expliqué hier l’ancien directeur général de la Caisse des dépôts au Sénat, lors des questions au gouvernement puis devant la commission des affaires économiques, soulignant que « les services ont besoin d’un peu de temps pour rétablir la situation ».
Pointant « la censure » de l’ancien gouvernement qui a « bloqué le sujet pendant un certain temps » et « la stabilité des règles [qui] permet aussi aux fraudeurs de s'organiser », le ministre a évoqué « 16 000 dossiers suspicieux, [représentant] 12 % du stock ». Il faut ainsi « veiller à ce que les failles soient comblées avant de remettre le système en fonctionnement ».
Éric Lombard a, toutefois, assuré qu’« une fois que cela sera réglé » et que « les failles seront comblées », « le processus pourra continuer », celui-ci souhaitant « rétablir son fonctionnement avant la fin de l'année ». « On ne lâche pas MaPrimeRénov’ », a-t-il certifié.
Dans la foulée, la ministre chargée du Logement, Valérie Létard, a confirmé, dans un communiqué, « la fermeture temporaire cet été des dépôts des dossiers pour la rénovation globale individuelle et pour les travaux individuels d'isolation ou de changement de système de chauffage », les dossiers de rénovation de copropriétés n’étant pas concernés. Ceux-ci pourront être de nouveau déposés « d'ici la fin du mois de septembre », selon elle.
Pas d’économies « en cachette »
« Il ne s'agit pas de faire une économie en cachette comme ça, en bloquant le système », a assuré le ministre de l’Économie, alors même que le gouvernement cherche une quarantaine de milliards d'euros pour redresser les finances publiques en 2026. « Il n'y a pas de problème budgétaire. […] On a prévu au budget 3,6 milliards d’euros [pour MaPrimeRénov' en 2025] et on a dépensé pour le moment 1,3 milliard », a-t-il détaillé, assurant que « le budget serait engagé et resterait en place ».
Toutefois, l’enveloppe accordée à MaPrimeRénov' en 2025 a été calquée sur les dépenses effectives réalisées en 2024 et le problème est que le nombre de logements rénovés avec ce type de subventions a déjà triplé en début d'année. Le risque est donc que le budget ne soit donc pas suffisant pour suivre l'envolée du nombre de demandes.
De nombreuses collectivités territoriales, dont la Meuse, l'Ardèche, la métropole de Lyon, ont ainsi déjà épuisé leur enveloppe budgétaire pour ce dispositif, destinée aux ménages modestes et très modestes pour la rénovation globale de leurs logements.
Sept d'entre elles ont d’ailleurs écrit début mai au gouvernement pour alerter sur une « situation de blocage », disant « faire face à une explosion des demandes d'aides et à une insuffisance des crédits alloués » par l’Agence nationale de l'habitat (Anah), chargée du dispositif.
« Vous fracassez une dynamique »
« Sur la rénovation thermique, vous ne pouvez pas nous jouer le truc de la fraude », a critiqué le sénateur écologiste de Paris Yannick Jadot, lors de l’audition du ministre de l’Economie devant la commission des affaires économique du palais du Luxembourg. « Vous êtes en train de faire exactement ce qu’il s’est passé avec le Pinel et le PTZ » (prêt à taux zéro), a notamment fustigé l’ancien candidat à l'élection présidentielle, en rappelant que cela a participé au « cataclysme dans le domaine de la construction ».
« Pour faire des économies, […] vous dites "on stoppe, on fait un moratoire" et ça détruit l’économie de la rénovation thermique des logements. C’est 200 000 emplois potentiels. C’est tout un secteur que vous déstabilisez complètement. Vous fracassez une dynamique », a-t-il lancé.
De la même manière, le collectif Rénovons, qui réunit des associations du secteur du logement et des fédérations de professionnels de la rénovation, a dénoncé le « non-sens total » de la décision gouvernementale. Une pause de MaPrimeRénov' briserait « l'élan des ménages engagés dans un parcours de rénovation énergétique », selon le collectif.
Las des changements intempestifs de cadre réglementaire, « les entreprises artisanales du bâtiment ont besoin de visibilité et de stabilité, en particulier dans ce contexte économique compliqué où leur activité et leur trésorerie sont fragilisées », a alerté Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, le syndicat des artisans du bâtiment, qui voit dans cette suspension « un nouveau coup de massue » pour le secteur.
« Derrière ce possible gel des aides, ce sont des milliers de clients laissés pour compte et des milliers d’emplois dans le secteur qui pourraient être durablement menacés », a-t-il mis en garde alors que « des chantiers, dont les dossiers étaient dans l’attente d’une validation de l’Anah, ne verront pas le jour ».
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2

Le vote par correspondance pour les détenus ne sera plus possible pour les élections locales
À l'Assemblée, un maigre espoir de pouvoir enfin légiférer sur les raccordements à la fibre
La Cour des comptes demande à l'État de davantage contrôler la filière des diagnostiqueurs DPE
Politique de la ville : les associations d'élus appellent l'État à tenir ses engagements
