Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 7 septembre 2022
Transition énergétique

La rénovation thermique des bâtiments des collectivités ne fait pas partie des « priorités » de Bercy

Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, a procédé hier à un « point d'étape » sur la rénovation énergétique des bâtiments, au cours duquel la question des bâtiments appartenant aux collectivités locales a été totalement éludée. 

Par Franck Lemarc

C’est à l’occasion d’une visite au Laboratoire national de métrologie, à Trappes (78), hier, que le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique a évoqué la question de la rénovation énergétique des bâtiments – ce laboratoire se préparant à procéder à sa rénovation complète. 

« Révolution culturelle » 

Le discours du ministre était essentiellement consacré à la rénovation des bâtiments publics de l’État, qu’il a qualifiée de « révolution climatique et de révolution culturelle ». Riche des enseignements du séminaire gouvernemental sur le climat qui s’est déroulé la semaine dernière, Bruno Le Maire a jugé que « l’ancien modèle », à savoir des bâtiments mal isolés où il fait « 36 ou 37 ° C l’été et où on met la clim’ à fond, qui va remettre du CO2 dans l’atmosphère », est « indéfendable, invivable, insupportable, stupide économiquement, stupide du point de vue climatique, stupide financièrement ». Il a également rappelé que contrairement aux idées reçues, « pour les vieux bâtiments des années 1960 et 1970, on dit qu’il vaut mieux raser et reconstruire, mais en réalité le coût en CO2 serait infiniment plus élevé que la rénovation ». 

Il faut donc, selon le ministre, aller vers « un nouveau modèle »  de rénovation, basé sur « l’isolation totale », modèle perçu comme « une priorité absolue »  (17 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent des bâtiments). L’engagement de l’État et de Bercy sur ce sujet sera « total ». 

Quid des collectivités ?

Bruno Le Maire a listé « quatre volets »  pour cette « révolution culturelle » : premier volet, la rénovation thermique des bâtiments de l’État, à laquelle le gouvernement donnera les moyens « aussi longtemps que nécessaire et à la hauteur qui sera nécessaire ». Deuxième volet : « l’accompagnement des ménages ». « Nous avons engagé des moyens considérables avec 650 000 ménages qui ont bénéficié de Ma Prime Rénov’. »  Troisième volet : « l’accompagnement des industries ». « L’industrie, pour beaucoup de nos compatriotes, rime avec pollution. Quand on veut réindustrialiser notre nation (…), il faut faire rimer relocalisation et décarbonation », a affirmé le ministre. « La relocalisation industrielle française doit se traduire par la décarbonation accélérée de tous nos sites industriels. Nous avons consacré 1,2 milliard d’euros dans le plan de relance, à ce sujet-là. Nous continuerons à financer ces investissements. (…) Nous allons faire des partenariats publics-privés pour que, à côté de l’argent public, les entreprises privées s’engagent aussi dans cette décarbonation. »  Au total, l’État engagera « 6,2 milliards d’euros »  pour la décarbonation de l’industrie.

Enfin, dernier volet de cette politique : un mécanisme « d’ajustement carbone aux frontières », afin de ne pas « laisser rentrer »  des matières premières industrielles produites par des processus « très polluants, en Chine ou ailleurs ». Bruno Le Maire n’a pas donné de détails supplémentaires sur cette stratégie. 

Toutes ces initiatives sont intéressantes et pertinentes, mais on ne peut que s’étonner que le ministre n’ait pas eu un mot pour l’un des sujets majeurs de ce chantier : la rénovation thermique des bâtiments des collectivités territoriales. Il n’a été fait, dans ce discours, aucune mention d’un quelconque soutien de l’État sur ce sujet, qui se chiffre pourtant en dizaines de milliards d’euros. 

Certes, le gouvernement a débloqué, en 2020, dans le cadre du plan de relance, 650 millions d’euros au titre de la DSIL pour la rénovation des bâtiments des communes et des EPCI. Mais au vu de l’immensité du chantier, c’est très insuffisant… et le fait que Bruno Le Maire n’ait même pas mentionné ce sujet lors de son discours d’hier semble signifier que Bercy ne met pas cette question, pourtant essentielle pour les élus, sur le haut de la pile de ses priorités.

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