Maire-info
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Édition du lundi 24 octobre 2022
Transition écologique

Élisabeth Borne veut impliquer au maximum les collectivités dans la « planification écologique »

La Première ministre a lancé, vendredi à Paris, le chantier de la planification écologique, qui prendra le nom de « France nation verte ». Elle a insisté sur le rôle « fondamental » que les collectivités locales auront à jouer dans ce chantier. 

Par Franck Lemarc

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© Gouvernement

« Faire plus en huit ans que ce que nous avons fait en 32 ans. »  Cette formule de la Première ministre, Élisabeth Borne, illustre bien l’immensité du chantier qui est lancé, avec l’objectif de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030. 

Agir « dans le bon ordre » 

C’est à la ferme urbaine de la Recyclerie que la Première ministre a ouvert, vendredi, les travaux du CNR (Conseil national de la refondation) Climat et biodiversité. L’exécutif continue donc de dérouler le planning des réunions thématiques du CNR, après l’éducation et le « bien vieillir ». La Première ministre, qui est « personnellement responsable »  de la planification écologique, a détaillé les objectifs et la méthode des « 22 chantiers opérationnels »  choisis.

Elle a commencé par insister sur « l’urgence » : « La réalité nous rattrape durement. Nous devons agir fort, dans tous les domaines, et avec tous les acteurs. Nous devons engager des changements radicaux dans nos manières de produire, de consommer, d’agir. Ce n’est pas une question d’idéologie, cela devient, de plus en plus, une question de survie. »  Pour Élisabeth Borne, ces « changements radicaux »  seront « synonymes de mieux vivre », et il faut « dépasser les caricatures »  et les « clichés ». Elle a appelé à « agir en même temps sur tous les fronts », mais « dans le bon ordre »  – et c’est la raison d’être du concept de planification écologique. Fixer d’abord des objectifs précis et « ambitieux », puis, « dans chaque filière et dans chaque territoire, nous accorder, ensemble, sur une stratégie, des engagements et un calendrier ». 

Une version opérationnelle dans les trois mois

L’idée du gouvernement est de rompre avec la logique « en silo »  qui a prévalu ces dernières années pour la remplacer par une approche « globale ». Élisabeth Borne a listé les nombreux plans qui se sont succédé, de la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) à la SNBC (stratégie nationale bas-carbone) en passant par la SNB (stratégie nationale biodiversité) ou le PNACC (plan national d’adaptation au changement climatique). « Ces plans ont trop souvent été pensés indépendamment les uns des autres ». La planification écologique, baptisée « France nation verte », vise à donner à tous ces plans « une cohérence d’ensemble et des incarnations concrètes ».

Le calendrier est le suivant : au cours de l’automne, les ministres réuniront « tous les acteurs, pour chaque secteur et chaque chantier », afin de parvenir en fin d’année à « une première version consolidée de la planification écologique ». 

Les différents volets du CNR seront également une occasion de débattre sur les thématiques de la planification écologique : par exemple, a illustré la Première ministre, c’est dans le cadre du CNR Logement que seront discutés les moyens « d’éradiquer les passoires thermiques ». 

Thématiques, chantiers et indicateurs

Le plan est organisé autour de « six thématiques, déployées en 22 chantiers opérationnels ». Ces six thématiques sont : les déplacements, la protection et la valorisation des écosystèmes, l’alimentation, la production, le logement et la consommation. Chaque thématique comprend plusieurs chantiers : pour la thématique « se déplacer », les mobilités longues, les mobilités courtes, les infrastructures, etc. 

Il faut ajouter à cela les « chantiers transversaux », qui correspondent « à des enjeux qui irriguent l’ensemble des secteurs » : en premier lieu, le financement, mais aussi « la différenciation territoriale, les données, les services publics, etc. » 

Le gouvernement, pour chaque chantier, va élaborer des objectifs et des indicateurs chiffrés, qui feront l’objet d’un suivi régulier. 

Les collectivités « décisives » 

Les collectivités territoriales auront un rôle important à jouer dans ce processus. Élisabeth Borne a déclaré vendredi que « ce sont les territoires qui ont entre leurs mains la plupart des compétences décisives pour la transition écologique, comme la mobilité, la restauration de la biodiversité, la gestion de l’eau ou des déchets ». Il s’agit donc de les « associer »  le plus largement possible. La Première ministre a dit sa volonté, par ailleurs, de faire des outre-mer « les vitrines de la transition écologique ». 

Il est patent en effet que dans toutes les « thématiques »  listées par Élisabeth Borne, il y a toujours au moins un chantier qui concerne les collectivités. Dans la thématique « consommation », par exemple, se retrouve le chantier de la commande publique durable ; dans la thématique « production », celle des énergies renouvelables et du bâtiment. 

Reste à savoir quels seront les moyens dévolus à cette politique. Élisabeth Borne s’est félicitée, vendredi, d’avoir porté le Fonds vert à 2 milliards d’euros. Mais il est évident que, d’autant plus dans le contexte d’extrême tension budgétaire que connaissent les collectivités du fait de l’inflation, qui pourrait obérer leurs capacités d’investissement, la question des moyens financiers va être le problème essentiel, qui conditionnera la réussite, ou non, de ces ambitieux chantiers. 

Télécharger le dossier de presse de France nation verte. 

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