Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 18 mai 2022
Tourisme

L'an passé, la fréquentation touristique a reculé d'un quart par rapport à 2019

Malgré une certaine embellie en fin d'année, ce sont les zones urbaines qui ont le plus souffert, contrairement aux littoraux et aux montagnes. Dans les campings, la fréquentation retrouve presque son niveau d'avant-crise grâce à la clientèle française.

Par A.W.

La fréquentation des hébergements touristiques français a baissé de 26,7 %, l’an passé, par rapport à son niveau de 2019, celui d’avant la crise sanitaire. Au total, ce sont 324 millions de nuitées qui ont été enregistrées dans l'Hexagone l'an passé, soit 118 millions de moins qu'en 2019, d’après les données publiées hier par l’Insee dans son bilan touristique de l’année 2021.

Un nouveau repli donc après une année 2020 désastreuse qui a vu le nombre de nuitées françaises chuter de plus de 50 %, du fait de la pandémie de covid-19.

La clientèle étrangère fait toujours défaut

Et comme l’an passé, ce sont les vacanciers français qui ont permis au secteur et aux hébergeurs d'éviter un plongeon bien plus sévère et de résister à l’absence des clientèles étrangères. 

En retrait au cours des six premiers mois de l’année du fait des restrictions de déplacement, l'activité touristique s'est progressivement redressée à partir de mai mais surtout à compter du mois de juillet (avec la fin de l’état d’urgence sanitaire et du couvre-feu, en métropole), la fréquentation revenant même « presque à son niveau d’avant-crise »  après l’été.

Avec 97 millions de nuitées en France métropolitaine, la fréquentation des hôtels reste toutefois inférieure de 16 % au second semestre à ce qu’elle était en 2019 à la même période. 

Essentiellement portée par les vacanciers français grâce notamment à une « embellie estivale »  dans les campings (+11 % durant l’été), l’activité a encore pâti de la perte de nuitées d’affaires et de la moindre fréquentation de la clientèle internationale, en net recul (– 45 %), celle-ci n’ayant représenté que 24 % des nuitées totales, contre 36 % en 2019.

À partir du mois de juillet 2021 et malgré l’allègement des restrictions aux frontières, le retour de la clientèle non résidente est resté plutôt timide, les deux principales clientèles étrangères, en provenance du Royaume-Uni et des États-Unis, faisant toujours défaut. 

Le nombre de nuitées des Britanniques a, par exemple, chuté de 66 % entre juillet et décembre 2021 par rapport à la même période avant-crise tandis que les touristes chinois et japonais ont été « quasi absents », le nombre de leurs nuitées s’effondrant de 93 % entre 2019 et 2021. 

Résultat, seuls les Néerlandais ont passé davantage de nuitées dans l’Hexagone qu’en 2019 (+ 6 %), les Belges et les Allemands devenant, pour leur part, les deux premières clientèles non résidentes en France métropolitaine. 

Les professionnels du tourisme pourront se consoler en apprenant que ce déficit de fréquentation a été moindre que dans les principaux pays touristiques d’Europe (chute d’un tiers en Allemagne et en Italie entre 2019 et 2021, et de moitié en Espagne).

L’Île-de-France perdante, le littoral et la montagne résistent

Cette situation a, en outre, été très variable d’une région à l’autre. Selon le profil de la clientèle, certaines d’entre elles sont restées éloignées de leur niveau d’avant-crise. 

Si la fréquentation hôtelière a bien été en retrait dans toutes les régions de France métropolitaine, c’est l’Île-de-France qui a subi le plus gros choc, avec une baisse de 34 % du nombre de nuitées au second semestre 2021 par rapport à la même période en 2019. La région parisienne a ainsi perdu rien de moins que plus des deux tiers des nuitées hôtelières perdues en France métropolitaine (soit 13 millions sur un total de 18 millions). 

Outre la baisse de la clientèle étrangère, la région capitale a aussi souffert de la montée en puissance du télétravail et de l’annulation d’un grand nombre de congrès, de salons et de séminaires qui ont « fortement »  réduit le nombre de nuitées d’affaires. 

L’activité hôtelière a également diminué de plus de 10 % dans le Grand Est (– 17 %), les Hauts-de-France (– 13 %) et l’Occitanie (– 12 %), mais aussi en Normandie et en Bourgogne-Franche-Comté qui suivent de près.

La reprise a été « plus marquée »  sur le littoral, en montagne ou encore en zone rurale, avec « un niveau d’activité comparable à celui d’avant la crise sanitaire ». La fréquentation hôtelière de la Nouvelle-Aquitaine, des Pays-de-la-Loire, de la Bretagne et de la Corse n’ont, par exemple, pas baissé de plus de 2,7 % par rapport à 2019.

A l’inverse, dans les campings et dans les autres hébergements collectifs de tourisme, la fréquentation a presque retrouvé son niveau d'avant-crise durant l’été grâce à la clientèle résidente. « En Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes, la fréquentation est supérieure ou équivalente à ce qu’elle était en 2019 (alors qu’elle) recule fortement dans le Grand Est (– 19 %) et dans les Hauts-de-France (– 15 %) », indiquent les auteurs de l’étude.

Du côté des départements d’outre-mer, le bilan touristique a été inférieur d’un tiers à ce qu’il était en 2019. Après une embellie durant le mois de juillet, la dynamique est très vite retombée avec la mise en place de l’état d’urgence sanitaire, notamment dans les Antilles.

En 2022, les hôtels toujours en difficulté

Si l’Insee annonce un « retour à la normale »  dans les hébergements marchands et non marchands durant la fin d’année dernière, l’Institut observait, la semaine passée, dans une note de conjoncture, que le premier trimestre 2022 était toujours en repli (- 11,3 %) par rapport à la période d’avant-crise sanitaire. 

La fréquentation des hébergements collectifs touristiques, hors campings en France, était ainsi en recul de 16,4 % dans les hôtels et de 1,2 % dans les autres hébergements collectifs de tourisme. 

Et si la fréquentation des touristes français a été encore un peu en-deçà de son niveau d'avant la crise sanitaire (−7,1 %), celle des touristes venus d'autres pays reste « nettement en retrait, de - 36,7 % », selon les chiffres publiés par l’Insee.

Accéder à l’étude.

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2