Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 24 juin 2025
Agriculture

Tirs de défense contre le loup : un nouvel arrêté élargit les possibilités pour les éleveurs

Un arrêté important concernant le loup a été publié ce dimanche. Il modifie les conditions dans lesquelles des dérogations aux interdictions de tirs de défense peuvent être accordées par les préfets.

Par Lucile Bonnin

Il y a maintenant deux semaines, le Conseil de l'Union européenne a approuvé définitivement le nouveau statut de protection du loup (lire Maire info du 10 juin). Un certain nombre de loups pourront désormais, de façon limitée et réglementée, être abattus sans dérogation dans les États européens. « Ce déclassement va permettre aux éleveurs de mieux se défendre face aux attaques de loups, plus nombreux chaque année », avait salué l’Association nationale des élus de la montagne (Anem).

La France n’a d’ailleurs pas attendu l’Union européenne en la matière pour agir en faveur des éleveurs. Un assouplissement des conditions d’autorisation des tirs contre les loups a été prévu dans le cadre de la loi d’orientation agricole du 24 mars 2025. En application de l’article 47 de cette loi, un projet d’arrêté, visant à modifier l’arrêté du 21 février 2024 fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup, avait été mis en consultation par le gouvernement du 20 mai au 10 juin.

L’arrêté a finalement été publié au Journal officiel. Il autorise des tirs contre les loups pour la protection des troupeaux de bovins et d’équins, sous réserve que des démarches en matière de réduction de la vulnérabilité de ces troupeaux aient été engagées par les éleveurs.

Réduction à la vulnérabilité : une première étape obligatoire 

Ces dérogations de tirs concernent uniquement les troupeaux de bovins, d'équins et d'asins (ânes). Dans un communiqué diffusé par le ministère de la Transition écologique et le ministère de l’Agriculture, on souligne que cette mesure doit principalement protéger les bovins, « qui représentent désormais près de 8 % de la totalité des attaques répertoriées sur des troupeaux domestiques. » 

L’arrêté précise la liste de mesures de réduction de la vulnérabilité des troupeaux qui sont à la disposition des éleveurs et qui devront obligatoirement mettre en œuvre au moins une d'entre elles avant de faire la demande auprès du préfet d’une autorisation de tirs. Au total, onze mesures sont citées.

Les éleveurs peuvent par exemple tenter de jouer sur présence de bovins à cornes pour dissuader le loup, utiliser un système d’alerte comme des colliers GPS connectés sur les animaux ou encore utiliser des chiens de protection des troupeaux ou des parcs électrifiés.

Si la mesure mise en place par l’éleveur ne fonctionne pas et que les éleveurs de troupeaux ont subi une prédation lupine depuis moins de douze mois, « les tirs létaux de loups pourront être autorisés par les préfets de département ». 

Ouverture aux « territoires soumis à un risque avéré de prédation » 

Autre nouveauté importante : « Pour les éleveurs de troupeaux n’ayant pas fait l’objet d’une attaque dans les douze derniers mois mais situés dans des territoires soumis à un risque avéré de prédation, [il existe] une possibilité d’octroi de dérogations par le préfet de département sur la base d’une analyse technico-économique territoriale, validée par le préfet coordonnateur du plan national d’actions sur le loup et d’une justification au cas par cas par le demandeur de sa situation au regard de cette analyse et des mesures de réduction de la vulnérabilité mises en place », peut-on lire dans le communiqué. 

Le gouvernement annonce enfin qu’en 2026 de « nouvelles modalités de gestion en droit français »  entreront en vigueur étant donné que le loup est passé d’espèce « strictement protégée »  à « protégée »  au niveau européen. Ces règles sont « en cours de définition avec un appui du groupe national Loup. » 

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