Maire-info
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Édition du mardi 19 octobre 2021
Territoires

Une réduction des disparités entre les régions, selon le baromètre de l'ANCT

Les inégalités se réduisent entre les régions, masquant toutefois des disparités importantes et parfois croissantes à une échelle plus locale, selon le nouveau baromètre de la cohésion des territoires publié par l'ANCT.

Par Emmanuel Guillemain d'Echon

Le baromètre 2020 de la cohésion des territoires, publié le 12 octobre par l’Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT) montre une « réduction des disparités entre régions », selon la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault, qui en signe l’introduction. Cependant, les inégalités restent fortes, notamment à l’échelle locale, et si les métropoles et les régions littorales confirment leur attractivité et leur dynamisme, ce sont elles aussi qui « concentrent les plus grandes difficultés ».

En effet, si le taux de croissance de l’emploi et de création d’entreprises est plus important dans les métropoles, elles concentrent aussi plus de chômage et de difficultés pour se loger : « Certains quartiers politique de la ville (QPV) ont un taux de pauvreté parfois trois fois plus élevé que le reste de la moyenne métropolitaine », établit le baromètre.

Toutefois, « l’indicateur relatif au revenu médian disponible par unité de consommation montre en effet une réduction des disparités entre régions, avec une hausse des revenus enregistrée dans l’ensemble d’entre elles », avance Jacqueline Gourault, même si cela est pour partie dû à la part croissante des retraites et des prestations sociales (RSA, APA, AAH) dans le revenu disponible des Français. 

Cette part progresse partout, avec une moyenne nationale de 33,8 % en 2017, contre 31,4 % en 2012. Ce n’est pas dans les Outre-mer mais en Nouvelle-Aquitaine, en Bretagne et en Occitanie que cette part est la plus forte ; elle s’explique par la forte proportion de personnes âgées dans leur population, tandis que dans d’autres régions en tête de classement, comme les Hauts-de-France, elle est due au taux important de pauvreté. Les différences sont plus marquées au niveau local, entre les zones d’emploi dynamiques et celles en déprise, comme entre le bassin bordelais et son voisin de Royan.

Le baromètre propose un indicateur intéressant sur le ressenti de la pauvreté : issu d’enquêtes en face-à-face du ministère des Solidarités et de la Santé, il montre que si la proportion des Français qui pensent courir un risque de devenir pauvre dans les cinq prochaines années décroît, en revanche, la proportion de ceux qui se considèrent déjà comme pauvres a très fortement augmenté : de 8 à 17 % entre 2014 et 2018. C’est dans les villes moyennes, entre 20 000 et 100 000 habitants, que cette part est la plus forte.

CIF, 4G, artificialisation des sols

Le baromètre contient six chapitres qui couvrent des sujets aussi variés que la démographie, l’emploi, le niveau de vie, l’attractivité économique et résidentielle. La maille retenue pour l’analyse est l’intercommunalité, ce qui a pour effet de gommer les inégalités internes que l’on peut constater partout entre les villes-centre et leur périphérie, rurale ou non, mais permet de dresser un portrait d’ensemble du territoire assez complet.

À ce propos, les auteurs du baromètre constatent que « l’intégration fiscale des intercommunalités tend a s’accroître et les disparités, par conséquent, (tendent) a se réduire ». S’il faut relativiser cette statistique, en raison de la grande recomposition de la carte intercommunale, en 2016, le coefficient d’intégration fiscal moyen des EPCI (qui mesure le rapport entre la fiscalité qu’ils lèvent et la totalité de la fiscalité levée sur leur territoire par les communes et leurs groupements) est de 37,9% en 2019 contre 35,6 % en 2016.

Un nouvel indicateur intéressant est le temps d’accès moyen, par la route, à un « panier d’équipements de la vie courante » : en langage courant, le temps que l’on met en voiture pour accéder à une poste, banque, epicerie-superette, boulangerie, boucherie, école, médecin, pharmacie... Dans les communes urbaines les plus denses, il est de 2,6 minutes, contre 9,7 minutes dans les zones les plus rurales – ce qui n’est pas en soi un écart si important.

En termes d’aménagement du territoire, le baromètre montre un ralentissement de l’artificialisation des sols, c’est-à-dire de la construction « pouvant entraîner une imperméabilisation partielle ou totale »  des sols d’une parcelle naturelle, agricole ou forestière. Cette artificialisation, ciblée par plusieurs lois récentes dont la loi Climat et résilience, reste importante : 100 000 hectares tout de même artificialises entre 2013 et 2017, mais une réduction importante de 20 % par rapport à la période 2009-2012 (129 000 ha). Sans surprise, ce sont les régions où la pression démographique est la moins importante qui s’en tirent le mieux, comme le Grand Est ou le Centre-Val-de-Loire, même si des régions en déprise démographique comme les Hauts-de-France ou la Normandie présentent un taux d’artificialisation deux fois supérieur.

Enfin, source d’inégalité fréquemment citée par les maires des zones rurales et périphériques, la couverture du réseau de téléphonie mobile progresse nettement : si en 2017, seulement 70,6 % des territoires étaient couverts en 4G par au moins deux opérateurs, en 2019, ils étaient 86,5 %. « Si l’Ile-de-France est couverte à près de 100%, la Corse ou Provence-Alpes-Côte-d’Azur sont les régions de France métropolitaine les moins bien dotées (couverture à 75 %) », révèle le baromètre, qui ajoute que les écarts entre régions se réduisent, étant passés de 43 points à 26 points en deux ans. Au niveau des intercommunalités, c’est la même chose : les EPCI les moins bien couverts sont situés dans les territoires les moins denses au sud-est des régions Pays-de-la-Loire, Ile-de-France, Hauts-de-France.

Accéder au baromètre 2020 de la cohésion des territoires.
 

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