Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 13 janvier 2015
Technologie de l'information

Des centaines de sites internet de mairies et d'institutions ont été piratés

Des centaines de sites d'institutions françaises (mairies, conseils généraux, établissements scolaires, universités, églises ou entreprises) ont été piratés depuis l'attentat contre Charlie Hebdo par des hackers se revendiquant comme islamistes, qui usent de techniques de détournement assez simples pour afficher des messages idéologiques.
La technique s'appelle le « défacement »  ou le « défaçage »  et consiste à prendre le contrôle d'un site internet et modifier sa page d’accueil. A Ezanville et Goussainville (Val-d’Oise), les pages d’accueil des sites municipaux, victimes d’une attaque dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, affichaient un fond noir avec le drapeau de l'État Islamique, tandis qu’un bandeau rédigé en anglais donnait le message : « Que vive l'État Islamique inchallah », « Libérez la Palestine », « Mort à la France », « Mort à Charlie ». Les deux communes ont annoncé qu'elles allaient porter plainte.
Dans le Tarn, le site internet de la commune de Saint-Juéry, où des impacts de balle avaient été relevés vendredi matin sur une mosquée, a été victime samedi d'un groupe se revendiquant « sahraoui ». « Un conseiller municipal a envoyé un message aux pirates et ces derniers ont répondu que l’Etat marocain les oppressait », a expliqué le maire de la ville proche d’Albi, Jean-Paul Raynaud.
Des sites aussi divers que celui de la mairie de Tulle ou de la petite commune de Seilhac (Corrèze), le Centre de mémoire d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), la Fondation Jacques Chirac, une marque de fromagerie basée en Gironde, ou une conserverie en Dordogne auraient été touchés, a-t-on indiqué auprès de certaines de ces structures, de préfectures, ou de médias locaux.
Les sites piratés affichait dimanche matin une page noire, avec un message insultant du hacker présumé se présentant comme « Abdellah Elmaghribi », s'adressant au « Peuple du (sic) France », et lançant notamment : « Vous êtes racisme (sic) ! »  et « Vous êtes le Terroriste (sic) du Monde ». A la mi-journée dimanche, la page pirate avait disparu de la plupart de ces sites, qui étaient inaccessibles et manifestement en cours de réparation.
La mairie de Tulle a indiqué qu'elle avait porté plainte, et Dominique Rousseau, président de la communauté d'agglomération de Bergerac (Dordogne), dont le site a également été visé, a assuré sur France Bleu Périgord qu'il allait lui aussi porter plainte.
D'autres groupes ou individus semblent également avoir été à l'oeuvre. Selon le quotidien régional Le Dauphiné libéré, les sites internet des communes de Seyssinet-Pariset et de Gieres (Isère) ont été piratés dans la nuit de dimanche à lundi. Hier, le site de la ville de Sérignan (Hérault) arborait une page d'accueil signée « Apoca-Dz »  (vraisemblablement en référence à l'Algérie) où l'on pouvait lire les mêmes inscriptions qu’à Goussainville ou Ezanville.
Le site du conseil général du Lot, l'office de tourisme de Biarritz, le Palais des Papes d'Avignon, l'académie de Créteil, la cathédrale de Nantes ainsi que des filiales de grands groupes français ont également été touchés par ces piratages. Le diocèse de Nantes a toutefois affirmé subir ce type d'attaques « régulièrement, deux trois fois par an », jugeant que « ce n'est pas spécifique au climat et aux événements des derniers jours ».
« Le "défacement" n'est que la partie émergée de l'iceberg et la moins dangereuse aussi, car elle n'a pas d'autres conséquences que l'affichage d'une idéologie », souligne Thierry Karsenti, directeur technique Europe de l'entreprise de sécurité informatique Checkpoint. Il indique que prendre le contrôle de la page d'accueil d'un site mal protégé ou pas correctement mis à jour « n'est pas très difficile à réaliser techniquement et l'attaque peut même être lancée de manière quasi-automatique ».
La même technique est d'ailleurs utilisée dans le camp adverse : à la suite d'un appel d'un groupe d'Anonymous à venger Charlie Hebdo, des activistes ont depuis revendiqué l'attaque de sites de propagande djihadistes. (AFP)

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