Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mardi 9 juin 2020
Sécurité

Violences policières : étranglement, suspension en cas de racisme, caméras-piétons... Les annonces de Christophe Castaner

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a répondu, hier lors d’une conférence de presse, à ceux qui, depuis plusieurs jours en France (23 300 personnes se sont encore rassemblées samedi dans le pays), manifestent, en écho à la colère américaine, contre le racisme, « un mal abject, insupportable, qui divise, oppose, blesse et tue », et les violences policières. Emmanuel Macron avait demandé, en janvier, à Christophe Castaner de travailler à l'amélioration de la « déontologie »  des forces de l'ordre. 

Une suspension « systématiquement envisagée »  en cas de racisme
S’il réfute l’idée selon laquelle la police serait une « institution raciste »  en France, le locataire de la place Beauvau oppose une « tolérance zéro » aux comportements racistes des forces de l’ordre. Certains propos à caractère raciste, échangés par des policiers dans des groupes Facebook privés réunissant plusieurs milliers de personnes et révélés par Streetpress les 4 et 8 juin, ont, en ce sens, été signalés au procureur de la République par le ministre de l’Intérieur. 
« Ces dernières semaines, trop ont failli dans leur devoir républicain. Des propos racistes ont été proférés, des discriminations révélées (…) Aucun raciste ne peut porter dignement l’uniforme de policier ou de gendarme, a confirmé Christophe Castaner. Aussi, j’ai demandé à ce qu’une suspension soit systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré d’actes ou de propos racistes. Je veux également que les procédures disciplinaires soient toujours engagées en parallèle des procédures pénales. »  C’est ainsi que cinq policiers qui « rivalisaient de remarques racistes sur un de leur collègue »  seront « bientôt entendus en conseil de discipline »  à Rouen (Seine-Maritime). A l’Île Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), « les policiers qui avaient tenus des propos odieux ont été suspendus, immédiatement. » 

RIO et caméras-piétons
« Parfois perçus comme ciblés », les contrôles d’identité ne doivent, par ailleurs, « jamais »  être « le paravent des discriminations », a poursuivi le ministre, qui a rappelé leur « cadre »  aux services de police et de gendarmerie. « Chaque policier et gendarme doit porter, visible, son RIO », a répété le ministre. Mis en place le 1er janvier 2014, ce numéro d’identification est « obligatoire »  pour les policiers nationaux et les gendarmes afin de « lutter contre les contrôles au faciès ». Mais, dans les faits, les forces de l’ordre ne le portent pas toujours ou ne le rendent pas suffisamment visibles, de l’aveu même des syndicats de policiers, interrogés dans La Croix.
L’usage des caméras-piétons devrait, aussi, être « renforcé »  lors des contrôles d’identité. « Je ne serai satisfait que lorsque nous pourrons cesser de nous demander comment nous sommes passés des “Vive la police !” scandés lors des manifestations suivant les attentats contre Charlie aux slogans et horreurs de ces derniers jours. » 

La méthode de « l’étranglement »  bannie
Sur le terrain, la méthode d’interpellation policière critiquée de la « prise par le cou, dite « de l’étranglement »  sera abandonnée et ne sera plus enseignée dans les écoles de police et de gendarmerie. C’était une méthode qui comportait des dangers », a justifié Christophe Castaner. « Par ailleurs, si un policier ou un gendarme doit maintenir quelqu’un au sol lors de son interpellation, il sera désormais interdit de s’appuyer sur sa nuque ou son cou », insiste-il en référence aux circonstances de la mort de l’afro-américain George Floyd, décédé au cours d’une interpellation à Minneapolis le 25 mai après qu’un policier a maintenu un genou sur sa nuque pendant plusieurs minutes « La police française, ce n’est pas la police américaine », s'est défendu le ministre. 
Qui n’a, en revanche, pas dit mot d’une autre technique décriée, celle du plaquage ventral. Les avocats de la famille de Cédric Chouviat, livreur à scooter mort lors d’une interpellation en janvier 2020, avaient demandé son interdiction dans un courrier daté du 8 juin, a révélé franceinfo. « Nous regrettons qu'il n'ait pas été mis immédiatement un terme à la technique du plaquage ventral et vous redemandons, par la présente, d'interdire cette technique mortifère », écrivent ainsi les avocats Arié Alimi, William Bourdon et Vincent Brengarth, après avoir rappelé que cette technique est mise en cause dans trois affaires : dans la mort de Cédric Chouviat qui « a été asphyxié »  et dont le « larynx a été fracturé »  en janvier 2020, dans le décès d'Adama Traoré « selon un nouvel examen réalisé à la demande de la famille du défunt »  et révélé le 2 juin, et dans la mort de Mohamed Gabsi selon « un rapport d'autopsie pointant les pratiques policières »  révélé par Mediapart le 5 juin.

Une « réforme des inspections du ministère de l’Intérieur »  et la présentation d’un livre blanc
La dernière annonce d’importance du ministre de l’Intérieur est le lancement d’une « réforme en profondeur des inspections du ministère de l’Intérieur ». « Je souhaite plus d’indépendance, encore. Cette réforme permettra à l’inspection générale de l’administration (IGA) de piloter les enquêtes administratives les plus difficiles et les plus complexes concernant les forces de police et de gendarmerie ». Les « grandes évolutions à venir de notre sécurité »  (livre blanc de la sécurité intérieure et schéma national du maintien de l’ordre) seront, enfin, révélées « dans quelques semaines », a conclu le ministre.

Ludovic Galtier

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