Maire-info
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Édition du lundi 12 décembre 2022
Sports

Crise énergétique : quelles conséquences pour les équipements sportifs des grandes villes ?

L'association France urbaine a fait un sondage auprès de ses collectivités adhérentes à propos de la crise énergétique et de l'ouverture des équipements sportifs. Résultats : les risques de fermeture temporaire des équipements des grandes villes ne sont pas à exclure.

Par Lucile Bonnin

Éclairage, chauffage et entretien des équipements sportifs : les collectivités doivent faire face à la crise énergétique et « préserver la continuité du service public sportif ». Le défi est de taille et des répercussions sur l’ouverture des équipements et la gestion des budgets sportifs sont attendues.

C’est dans ce contexte perturbé que l’association France urbaine a lancé une enquête « auprès de ses collectivités adhérentes afin de mesurer les répercussions de la crise énergétique sur les équipements et budgets sportifs, alors que planent des risques de fermeture temporaire d’équipements sportifs reconnus parmi les plus énergivores. » 

Pour les grandes villes, la situation diffère selon les territoires. Néanmoins, l’enquête montre que deux collectivités sur trois vont bel et bien maintenir l’ouverture des équipements sportifs mais précisent toutes que ces décisions sont « fragiles »  car elles sont « tributaires de l’évolution de la crise énergétique et des mesures prises aux niveaux national et européen. » 

France urbaine indique que « si la plupart des équipements sportifs restent pour le moment ouverts, la perspective d’une fermeture doit néanmoins être prise au sérieux par les pouvoirs publics. » 

Taux d’occupation et équilibre financier 

L’enquête de France urbaine confirme que les potentielles fermetures, totales ou partielles, concernent prioritairement les piscines. Ces équipements sportifs sont particulièrement touchés par la crise car comme l’expliquait David Lazarus, maire de Chambly (Oise) et co-président de la Commission Sports et JOP 2024 de l'AMF : « La gestion d’une piscine publique se fait toujours à perte : alors que l’on fait payer 5 ou 6 euros l’entrée, le coût moyen pour la collectivité est, en moyenne, de 55 euros par utilisateur. La collectivité subventionne donc chaque entrée à hauteur d’une cinquantaine d’euros. Avec l’explosion des prix de l’énergie, il va falloir rajouter 20, 30 euros, peut-être plus. Ce n’est pas tenable »  (lire Maire info du 13 septembre). 

C’est cette problématique d’équilibre qui apparaît très clairement dans l’enquête de France urbaine. En effet, les collectivités invoquent deux baromètres qui justifieraient une fermeture : le taux d’occupation et celui de l’équilibre financier. « Pour l’heure, les restrictions des horaires d’ouvertures des équipements sportifs ont très peu de répercussions avérées, à court terme, sur le taux de fréquentation, indique France urbaine. Celle-ci est néanmoins scrutée de près, pour ne pas perdre les bénéfices de politiques sportives locales et nationales impulsées en matière d’accès à la pratique physique et sportive pour toutes et tous. » 

Conséquences financières et politiques 

France urbaine a fait un tour d’horizon des montants estimés des surcoûts liés à l’augmentation des fluides sur les budgets sport. « À Dijon, ils sont de l’ordre de 1,5 million d’euros, soit 20 % des surcoûts de la crise énergétique portés par la collectivité, montant sensiblement équivalent à Rouen. »  Autre exemple : la métropole du Grand Nancy connaît une augmentation des coûts des fluides pour le sport de l’ordre de 69 %, soit un coût supplémentaire de 2,5 millions d’euros. 

Cette crise a aussi mis à jour le besoin d’investissements pour rénover les « passoires thermiques ». Les conséquences de cette crise en matière de rénovation sont encore floues mais les collectivités sondées par France urbaine « oscillent ainsi entre maintien et report des investissements » . Deux tiers souhaitent un maintien voire une requalification à la marge des investissements sportifs notamment en matière de rénovations énergétiques, passage en LED (gymnases, stades) et sécurité des bâtiments.

Concernant le budget de fonctionnement et les aides aux associations sportives, « les réponses sont diverses » , indique France urbaine. « Plus de la moitié des collectivités déclarent que les budgets de fonctionnement seront sanctuarisés en 2023, tandis que, pour d’autres, ils devraient subir une baisse, de l’ordre de 3 à 5 %, parfois 10 %, selon les lettres de cadrage budgétaire transmises aux directions, lesquelles appellent à des économies substantielles pour les prochains mois, a fortiori dans un contexte qui resterait inflationniste. » 

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