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Édition du mardi 12 décembre 2023
Sports

30 minutes d'activité physique quotidienne à l'école primaire : un premier bilan mitigé

Trois ans après le lancement du dispositif et plus d'un an après sa généralisation, un premier bilan de l'opération 30 minutes d'activité physique par jour à l'école a été présenté la semaine dernière par l'Observatoire national de l'activité physique et de la sédentarité (Onaps) et l'équipe de Paris 2024.

Par Lucile Bonnin

Lancé à la rentrée 2020, le programme « 30 minutes d'activité physique quotidienne »  est généralisé depuis septembre 2022 dans 36 250 écoles primaires, selon les chiffres du gouvernement. 

Le but de ce dispositif : « Lutter contre la sédentarité, et l’inactivité physique qui l’accompagne, dont la conjonction constitue aujourd’hui une véritable bombe à retardement » , comme l’explique la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra. 

La semaine dernière, le ministère de l’Éducation, le rectorat de l’académie de Créteil et Paris 2024 ont publié conjointement une étude dressant un état des lieux de la mise en place des 30 minutes d’APQ sur le territoire de l’académie de Créteil. Un terrain d’étude concret qui permet d’évaluer les impacts du dispositif mais aussi de tirer des enseignements sur les conditions de réussite de sa mise en œuvre. La méthodologie employée associe une phase quantitative auprès d’enseignants d’écoles maternelles et élémentaires de l’académie de Créteil (1161 répondants sur 25 924, soit 4 % d’enseignants de l’académie, correspondant à un échantillon aléatoire significatif) et une phase qualitative de 20 entretiens.

Une mise en œuvre hétérogène 

Si le dispositif est généralisé depuis septembre 2022, cela ne veut pas dire qu’il est dans les faits déployé dans toutes les écoles primaires et dans toutes les classes. 56 % des répondants au questionnaire et 16 enseignants sur les 20 reçus en entretien disent avoir déployé le dispositif. 16 % l’ont déjà mis en place mais ont arrêté, 10 % sont en cours de réflexion pour l’intégrer dans leurs journées et 18 % ne l’ont pas envisagé. 

Dans le détail, la mise en place des 30 minutes d’APQ est initiée à « 67 % par l’enseignant seul contre 34 % à la suite d’une planification commune entre plusieurs enseignants et à 15 % suite à l’initiative de la direction ». 

Au sein des écoles de l’académie de Créteil, le dispositif aurait fait l’objet d’une présentation pour « 43 % des enseignants de l’échantillon et 36 % des enseignants auraient été formés à la mise en place des 30 minutes d’APQ ». 

La taille de la commune de l’école maternelle ou primaire a aussi une incidence sur la mise en place du dispositif. « Le nombre d’enseignants mettant en place le dispositif est significativement plus élevé pour les enseignants pratiquant dans une école située dans une communes de moins de 2 000 habitants que dans une école située dans une commune entre 2 000 et 10 000 habitants et plus de 10 000 habitants » . Les 30 minutes d’APQ existent dans 68 % des écoles primaires des communes de moins de 2 000 habitants contre 53 % dans celles de plus de 10 000.

L’AMF est, par ailleurs, très attentive à la mise en œuvre de ce dispositif qui ne doit pas se répercuter sur les communes à mesure qu’il se généralise, notamment à travers la feuille de route du sport, grande cause nationale 2024. 

« 26 minutes en moyenne » 

La forme que peut prendre le dispositif peut elle aussi varier. En effet, les enseignants qui mettent en place le dispositif proposent en moyenne des activités « pendant 26 minutes » . Cette proportion bien qu’encourageante ne doit pas dissimuler « les variations en termes de modalités de mise en place » . 56% des enseignants ayant déclaré mettre en place le dispositif le font tous les jours, contre 41 % qui le mettent en place 2 ou 3 jours par semaine. 

Concernant le moment, les lieux et les formes que peuvent prendre ce dispositif, l’étude pointe que les « temps hors récréations sont plébiscités par la majorité des enseignants de l’échantillon (81 %), suivis des temps de récréation (39 %). Les lieux utilisés sont davantage situés à l’extérieur, dans l’enceinte de l’école (89 %), dans l’école hors de la classe (43 %) et dans la classe (32 %). Les formes prises par le dispositif sont également diverses, les plus utilisées étant les jeux actifs (78 %), les leçons actives (44 %) et les pauses actives (43 %) ». 

« Par ailleurs, les enseignants de l’échantillon mettant en place le dispositif utilisent en priorité des ressources personnelles (89 %), les ressources d’Eduscol (63 %) et celles de l’académie de Créteil (59 %) » , peut-on lire dans l’étude. 

Des bénéfices surtout en maternelle 

C’est en maternelle que le dispositif semble fonctionner le mieux. D’abord, les enseignants « en maternelle ont tendance à mettre plus en place le dispositif des 30 minutes d’APQ que ceux qui enseignent en classes élémentaires » . Concrètement, 75% des enseignants de maternelle mettent en place le dispositif contre 46 % pour ceux qui enseignent en élémentaire. 

Ensuite, les effets du dispositif sur les élèves semblent plus importants en maternelle notamment sur l’amélioration du bien-être des élèves. En maternelle toujours, « certaines formes pourraient influencer les effets perçus par les enseignants puisque ceux mettant en place des leçons actives ont davantage tendance à percevoir des effets sur le climat de classe ». 

Manque de temps et de moyens 

Plusieurs freins limitant le déploiement du dispositif ont enfin été identifiés. Par exemple, certains enseignants ont une « représentation erronée »  du dispositif, pensant qu’il « doit se faire dans un endroit dédié, en dehors de l’école » . L’étude rappelle qu’en réalité, « le dispositif peut se faire dans n’importe quel lieu, notamment dans l’école et même la classe ». 

Ce sont surtout les questionnaires adressés aux enseignants qui ont permis de mettre en lumière les principaux freins. « Qu’il s’agisse de ceux mettant en place le dispositif ou ceux ne le mettant en place, les trois freins les plus évoqués par ces derniers sont identiques, à savoir : le manque de temps (respectivement 63 % et 80 %), le manque de moyens (respectivement 48 % et 44 %) et le manque de formation (respectivement 27 % et 16 %) ».

Consulter le rapport. 

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