Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 29 avril 2022
Social

Penser le futur de l'action publique locale au regard de la crise sanitaire

Un rapport de l'Observatoire national de l'action sociale (Odas) décrypte, à travers des initiatives locales concrètes, les leçons à tirer des bonnes pratiques et innovations qui ont été mises en place pendant la crise sanitaire.

Par Lucile Bonnin

Qu’est-ce qui a si bien fonctionné en termes d’initiatives locales pendant la crise sanitaire ? Comment cet effort commun de proximité a pu se construire ? Depuis le premier confinement, de nombreux élus, médias et citoyens ne cessent de rappeler à quel point la solidarité locale a fonctionné en ces temps de crise. La Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) constate d’ailleurs « que la crise a conduit à une grande mobilisation et créativité de l’ensemble des acteurs de terrain (État, collectivités locales, associations) afin d’assurer la continuité de la prise en charge des personnes vulnérables. » 

Ce n’est plus un secret : la pandémie a insufflé une dynamique « de bonnes pratiques et initiatives inspirantes mises en œuvre par les collectivités locales et leurs partenaires ». C’est ce que constate aussi l'Observatoire national de l'action sociale (Odas) qui vient de publier Crise sanitaire, bonnes pratiques et innovations - La puissance de la proximité. 

L’Observatoire a « analysé les conditions d’émergence et les facteurs de réussite d’une dizaine d’actions portées par des acteurs de terrain »  pour au final « réinterroger nos modes de décision et d’action tant au niveau national qu’au niveau local, ériger de nouveaux modes de coopération, et favoriser la co-construction et l’implication. » 

La confiance entre les acteurs et institutions d’un territoire

Pour que cette dynamique perdure ou s’installe dans les territoires, l’Odas explique que « le développement et l’entretien d’un climat de confiance sont indispensables. »  Ce constat concerne tous les acteurs et toutes les institutions du territoire. « Dans cette perspective, la responsabilité des collectivités publiques est importante et doit être exercée même si cela est délicat avec leur recherche de cohérence et de complémentarité. » 

Par exemple, un centre social dans l’Aisne a pu étendre ces actions grâce à un réseau partenarial actif sur le territoire. « Le centre social est déjà engagé dans de nombreuses actions auprès des écoles, d'autres structures et des 54 communes de l'intercommunalité (31 200 habitants). Il est par ailleurs adhérent à la fédération des centres sociaux des Pays picards. » 

« Plusieurs partenaires ont coopéré à la mise en œuvre de ces actions sur la base d’un engagement non formalisé par des écrits ou des conventions mais par un accord oral. C’est un des principes fondamentaux d’intervention de ce centre social : développer un partenariat basé sur la confiance réciproque et l’adaptation pragmatique aux situations du terrain. » 

Plus de libertés pour l’initiative locale 

L’Observatoire rapporte aussi que la recette du succès de ces initiatives réside dans la flexibilité. Il faudrait en effet « laisser l’espace nécessaire pour que l’initiative locale soit possible. Incontestablement, les marges de créativité laissées aux acteurs se réduisent d’autant que les politiques publiques sont de plus en plus mises en œuvre par le biais d’appels à projets. » 

L’AMF critique d’ailleurs depuis bien longtemps ce recours systématique aux appels à projets et aux appels à manifestation d’intérêt qui excluent de nombreuses collectivités territoriales qui ne disposent pas de l’ingénierie pour y répondre.

Qui dit plus de libertés dit aussi moins de contraintes. Ainsi, l’Observatoire confirme que « l’application sans discernement du principe de précaution et le refus du droit à l’erreur limitent l’inventivité. » D’ailleurs l’Observatoire explique qu'il est possible de constater que, souvent, « les initiatives les plus intéressantes naissent (…) dans les marges de la réglementation ou par dérogation à celle-ci. »  

Exemple : à Annecy-le-Vieux, une Maison d’enfants à caractère social (MECS) a adopté une nouvelle organisation du travail pour continuer d’accueillir et d’accompagner les enfants et les jeunes, en mettant en place des cycles de 4 jours continus 24 h sur 24. Ce plan de continuité de l’activité « a conduit à un bouleversement complet des emplois du temps nécessitant dérogations au droit du travail. Les contrats de travail n’étaient pas prévus pour des horaires ''hors normes''. Des avenants ont donc été signés en urgence. » 

De financeurs/décideurs à « facilitateurs » 

Le dernier besoin identifié par l’Odas concerne les postures « des financeurs »  et « décideurs. »  « Leur rôle est bien sûr d’impulser : fixer le cap, les grandes orientations, les objectifs communs à atteindre, veiller à l’équité entre les territoires… Mais un second rôle s’avère de plus en plus stratégique, celui de ''facilitateur''. Il prend des formes très diverses comme par exemple, orienter ou adapter les moyens, mettre en lien, accompagner les acteurs ».

Dans les Alpes-Maritimes, par exemple, les acteurs de la santé se sont coordonnés pour mettre en œuvre des actions contre la grande précarité. L’Odas explique que « la qualité de cette coopération a favorisé la mise en œuvre de multiples actions et les nécessaires exceptions à la règlementation pour répondre à l’urgence. Là encore la finalité partagée par l’ensemble des acteurs a primé sur le formalisme »  notamment grâce aux représentants de l’État (ARS, DDCS) qui ont eu un rôle facilitateur. La DDCS par exemple a mobilisé tous les CCAS du département en réalisant une cartographie des référents locaux de cette démarche de coordination.
 

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