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Édition du jeudi 16 décembre 2021
Social

Les centres sociaux à l'épreuve de la crise sanitaire

Pour maintenir le lien avec les habitants au sein des territoires pendant la période de confinement, les centres sociaux ont dû s'adapter. L'Observatoire national des centres sociaux dévoile une étude chiffrée sur la situation de ces derniers en 2020.

Par Lucile Bonnin et Emmanuelle Stroesser

Structure de proximité ouverte à tous, le centre social propose des services, des activités et des informations à l’échelle locale. Rompre l’isolement, réduire les exclusions, renforcer les solidarités et permettre aux citoyens d’être acteurs sur leur lieu de résidence : telles sont les missions d’un centre social.

« On a besoin sur les territoires d'espaces pour faire du lien et organiser la solidarité en période de crises ». Cette affirmation d'Hugo Barthalay, délégué général de la fédération nationale des centres sociaux accompagne la sortie de l'étude annuelle de l'Observatoire des centres sociaux. Les données datent de 2020. Au cœur d'une crise sanitaire trop souvent fatale pour ces liens sociaux justement…

 Financés par les Caf et les collectivités, les centres sociaux et espaces de vie sociale (Evs) ne se sont pas arrêtés en 2020. C’est ce que montre le rapport de l’Observatoire national des centres sociaux, co-porté par la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) et la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF). 

Augmentation des centres sociaux et espaces de vie sociale 

En 2020, d’après les données recueillies, on compte 2 310 centres sociaux sur le territoire contre 2 283 en 2018. Une légère augmentation qui montre que, fatalement, plus de personnes ont été accueillies dans un centre social en 2020, soit 1,8 million de personnes en France. 

En 2015, l’Observatoire dressait un profil type du centre social, qui semble n’avoir pas tant évolué. En effet, 78 % des centres sociaux sont situés en zone urbaine en 2020 contre 22 % en zone rurale. Cette identité citadine était déjà présente en 2015.

Côté Evs (gérés par une association), 1 400 ont pu être recensés sur le territoire pour l’année 2020. « Les Evs se sont largement renforcés ces trois dernières années, passant de 1 227 en 2018 à 1 400 en 2020 » , peut-on lire dans le communiqué de presse. Contrairement à son homologue le "centre social", les Evs se trouvent plutôt dans les zones rurales (59 %). 

Une dynamique locale qui reste stable

Les structures d’animation de la vie sociale sont également des acteurs économiques importants à l’échelle locale, et participent à dynamiser le secteur de l’emploi au sein des territoires.
Pour les centres sociaux, le budget global est de 1,4 milliard d’euros, soit 589 000 euros environ par structure. L’Observatoire relève en 2020 un nombre total de 57 000 personnes salariées dans un centre social, ce qui représente concrètement 24,8 salariés en moyenne par structure et 6 800 stagiaires et volontaires en service civique. Budget moins conséquent pour les Evs : 131 millions d’euros pour les 1 4000 structures et les 7 940 salariés qui y travaillent. 

L’animation de la vie sociale constitue aussi « un vivier d’engagement bénévole et citoyen avec au total près de 150 000 bénévoles impliqués au quotidien. »  On
recense pas moins de 72 000 bénévoles d’activités et 33 800 de « gouvernance »  dans les centres sociaux français. 31 900 bénévoles d’activités et 11 000 bénévoles « administrateurs »  sont engagés au sein des Evs. 

Autre réussite notoire soulignée dans le rapport : en 2020, malgré la crise sanitaire, 625 associations et 47 entreprises sont nées de l’accompagnement d’un centre social.

Un développement intensifié en Outre-mer 

Résultat d’un travail mené sur trois années, la création de nombreuses structures en Outre-mer a été remarquée par l’Observatoire. La Réunion, la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe ont bénéficié d’un engagement fort de la branche Famille de la Caisse nationale des allocations familiales, principal financeur aux côtés des collectivités territoriales de ces structures sociales.
Par exemple, inauguré il y a deux ans, l’Evs « Les Bras Ouverts », à Morne-à-l’Eau, en Guadeloupe, « anime le cœur du territoire de la communauté d’agglomération Nord Grande Terre, privilégiant l’implication des familles, des bénévoles, la cohésion, la participation sociale et en mobilisant le levier culturel et la prévention. » 

Entre 2017 et 2020, aux six centres sociaux existants déjà dans ces territoires, se sont ajoutés 18 nouveaux. On observe une augmentation de 90 % du taux d’implantation des Evs passant de 8 à 86 entre 2017 et 2020. La Guadeloupe, qui jusqu’en 2020, ne comptait pas de structures Evs, compte aujourd’hui 7 centres sociaux et 19 Evs. Des efforts restent à faire mais la dynamique n’a pas, apparemment, été stoppée par la crise. 

Une grande capacité d’adaptation 

Le rapport met en lumière la flexibilité des centres sociaux et des territoires face à la crise sanitaire. L’Observatoire indique que « les structures de l’animation de la vie sociale ont adapté et inventé de nouvelles manières de maintenir et consolider le contact auprès des habitants. » 

La « réactivité »  des centres sociaux est saluée par la présidence de la CNAF, Isabelle Sancerni. Malgré les confinements, la quasi totalité de ces structures (97%) ont « su développer des liens à distance avec les habitants » . Avec « des accueils de loisirs virtuels, ou des programmes d’activités à distance ». De même que « des « appels téléphoniques réguliers, de permanences d’écoute, du portage de courses ou de médicaments » . Ou encore « l'animation sur les réseaux sociaux » , « l’animation de web-tv participatives, ou des ateliers d’informatique à distance » .

Les centres sociaux ont ainsi maintenu le lien auprès de 529 000 personnes. « Au cours de l’année, les actions "hors-les-murs" et "aller vers" se sont également renforcées avec près de 80 % des structures d’animation de la vie sociale proposant des activités délocalisées dans l’espace public ou dans des enceintes externes. Ces actions ont représenté en 2020 21 h/semaine en moyenne par centre social 12 h/semaine en moyenne par Espaces de vie sociale. » 

Vers une transition numérique… 

La photographie souligne leur rôle dans l'accompagnement de projets d'habitants ou l'accueil d'associations. Comme leur faculté de s'adapter à des besoins nouveaux, notamment ceux liés à la dématérialisation des services publics. Celui-ci est manifeste puisque la quasi totalité des centres ou Evs (96%) s'impliquent dans « des actions de médiation numérique »  : ateliers informatiques, accompagnement aux usages numériques et aux médias sociaux, ateliers d’expérimentations et de loisirs numériques. Cela les conduit à répondre à une forte demande d'accès aux droits. Avec une capacité d'innovation évidente : « Pense bête numérique pour aider aux démarches administratives, bornes et camions numériques mobiles, cartographie en lignes de structures en matière de parentalité, plateforme avec contenus pédagogiques pour les enfants... » 

Ainsi, le projet Centres Sociaux Connectés a commencé en 2017, dans huit centres sociaux de la métropole de Lille, piloté par la Fédération des centres sociaux Nord-Pas-De-Calais. L’objectif : élaborer et développer des solutions numériques avec les habitants. Cet exemple parmi d’autres traduit une volonté grandissante d’accompagner au mieux les personnes dans la vie réelle, comme dans le monde numérique.

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