Maire-info
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Édition du mardi 11 janvier 2022
Sécurité

Sécurité : Emmanuel Macron souhaite savoir « jusqu'où les maires sont prêts à aller » en matière de partenariat

Hausse du budget, présence policière accrue, brigades en milieu rural... le chef de l'Etat a détaillé le contenu de sa future loi Lopmi, qui apparaît comme une ébauche de son futur programme de campagne. Il a fait part de son souhait d'étendre la coopération entre police nationale et polices municipales. 

Par A.W.

En visite hier dans l'ex-hôpital Saint-Roch de Nice, sur le site du futur hôtel des polices, Emmanuel Macron a défendu son bilan et ses projets sur la sécurité pour l'après-2022, lors d’échanges avec des membres des forces de l'ordre, des élus, des magistrats ou encore des associations, et alors que le sujet est au coeur de la campagne présidentielle. 

Il a ainsi annoncé le doublement du nombre de gendarmes et de policiers sur le terrain d'ici 2030, l’accroissement du budget sécurité de 15 milliards d'euros sur cinq ans ou encore la généralisation des amendes forfaitaires. Des mesures qui doivent être intégrées dans une « loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur »  (Lopmi) qui sera présentée en mars en Conseil des ministres et qui... ne pourra donc pas être votée avant l’élection présidentielle. Celles-ci font donc figure de programme, les oppositions ayant d'ailleurs dénoncé un président « en campagne ».

« Aller plus loin »  dans la coopération

Accompagné du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et de la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, le chef de l’Etat a été accueilli par le maire de la ville, Christian Estrosi, qui lui a remis symboliquement la clé du futur hôtel des polices qui réunira, à l’horizon 2025 et pour 220 millions d’euros, près de 2 000 fonctionnaires des polices nationale et municipale, des frontières ou encore judiciaire.

Ce n’est donc pas un hasard si le président de la République s’est rendu sur ce lieu qui permettra « de mutualiser l’ensemble des forces de sécurité », et où il a mis en avant sa « méthode nouvelle »  pour « construire la sécurité du XXIe siècle ». 

Et celui-ci de rappeler sa « philosophie » : « Décloisonner et avoir une approche de sécurité globale ». « Cela veut dire travailler avec toutes les villes qui y sont prêtes […]. Ces synergies, ce travail main dans la main entre police nationale et police municipale, entre notre gendarmerie nationale et nos polices municipales, est la clé pour réussir. Et, donc, ce décloisonnement entre les polices est un élément de notre efficacité. » 

Emmanuel Macron a d’ailleurs fait savoir qu’il souhaitait « aller plus loin »  dans la coopération entre les forces de l’Etat et les policiers municipaux et a interpelé l’AMF en estimant « important d’avoir [sa] position »  afin de « savoir jusqu’où »  les maires sont « prêts à aller en matière de partenariat ».

« Si nous souhaitons structurer ce lien […], je pense que c’est à l’AMF de porter la chose. Moi, je suis volontaire […] pour aller aussi loin qu’on le fait ici, à Nice, une ville exemplaire, voire encore plus loin si c’est voulu », a-t-il envisagé, en réponse à une question de la cheffe de service de la police municipale de Nice.

L’Etat pour « piloter »  l’ensemble des synergies 

Une position qui confirme la politique du « continuum de sécurité »  voulue par le gouvernement et qui entre dans la droite ligne des contrats de sécurité intégrée, ce nouvel outil visant à « concrétiser le partenariat entre l'État et les collectivités territoriales pour la sécurité de tous »  et mis en œuvre depuis fin 2020. 

Ce contrat « donnant-donnant »  - et que le Premier ministre souhaite généraliser et « signer partout en France » - doit ainsi permettre de renforcer les moyens de la police ou de la gendarmerie nationales en échange d’un renforcement des mesures de sécurité, dont les effectifs des polices municipales, favorisant ainsi les communes qui ont choisi d'avoir une police municipale

Vantant une efficacité accrue « quand on sait coopérer efficacement avec les polices municipales », le chef de l’Etat a souligné que l’« on déploie encore plus de présence sur le terrain quand on sait partager les systèmes de vidéoprotection, les systèmes de radio… ». Celui-ci a ainsi proposé de confier l’ensemble des sujets relevant de l’État au ministère de l’Intérieur : « Je souhaite une unification de la gestion côté gouvernement et Etat de la relation avec les polices municipales », que l’Etat puisse « piloter l’ensemble des synergies […] pour avoir une direction des partenariats et piloter l’ensemble ».

Il souhaite également « convaincre les maires »  de s’équiper en vidéo-protection et prévoit de tripler à terme les crédits du fonds interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation. 

Doublement des effectifs sur le terrain, brigades rurales...

Le chef de l’Etat a, en outre, annoncé vouloir doubler les effectifs de policiers « sur le terrain »  d’ici 2030. Pour cela, la Lopmi devra mettre « un terme aux tâches indues », comme la garde des bâtiments publics, le transfert des détenus, la police des audiences…, mais aussi accélérer le désengagement des policiers et gendarmes des tâches administratives.

Il annonce un accroissement de 15 milliards d’euros supplémentaires sur cinq ans du budget dédié à la sécurité, ce qui représente une hausse de 25 % par rapport au budget actuel.

Il prévoit également la création de 200 brigades de gendarmerie en milieu rural (« qui pourront prendre la forme de nouveaux types d’implantation » ), « une force d’action républicaine pour les quartiers »  afin d’aider à démanteler les points de deal ou encore le recrutement de 1 500 cyber patrouilleurs pour lutter contre les attaques numériques.

Pour lutter contre les violences faites aux femmes, il propose d'intégrer dans la Lopmi un doublement des enquêteurs dédiés (soit 2 000 policiers et gendarmes supplémentaires) dans les unités spécialisées et de doubler la présence policière dédiée dans les transports en commun aux horaires où les violences sexuelles sont le plus constatées. 

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