Situation des hôpitaux et des maternités en 2023 : des problématiques qui s'aggravent
Par Emmanuelle Stroesser
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié hier les premières fiches de son ouvrage annuel sur les établissements de santé en 2023. Les résultats sont préoccupants.
Le déficit des hôpitaux double en un an
« En 2023, la situation financière des hôpitaux publics se dégrade à nouveau très fortement avec un déficit de 2,4 milliards d’euros » , note l’étude. Le déficit était de 1,3 milliard l’année précédente. Le résultat d’un effet ciseau inéluctable : les dépenses continuent de progresser (+ 6,6 % en 2023 après + 5,1 % en 2022), et ce quelque soit le poste de dépense (personnel, à caractère médical ou hôtelier), tandis que les recettes augmentent également, mais pas au même rythme (+ 5,6%).
Cette situation « sans précédent » (2) s’explique notamment « par la sortie progressive des dispositifs exceptionnels de soutien pour faire face à la crise sanitaire, dans un contexte inflationniste ».
Quelques faibles signaux positifs sont relevés. Les hôpitaux parviennent en effet à remonter leur effort d’investissement (même si ce n’est pas encore à un niveau suffisant) et réduire l’encours de leur dette, celle-ci ayant retrouvé son niveau « d’avant crise » sanitaire. Cela n’empêche pas le nombre d’établissements surendettés de repartir à la hausse…
La situation des cliniques privées à but lucratif paraît en comparaison bien meilleure, « avec un résultat net positif de 362 millions d’euros » . Pourtant, le nombre de cliniques déficitaires augmente, pour atteindre plus d’un tiers d’entre elles (contre un quart en 2022).
L’activité en baisse aux urgences
En 2023, le nombre de passages aux urgences a chuté de 3,4 % (après avoir connu une hausse de 6,2 en 2022). Une conséquence directe « des mesures mises en place pour limiter l’afflux de patients ou en raison du manque de personnel » , considère l’étude, confirmant les analyses de fin 2024 (lire Maire info du 19 décembre). Les hôpitaux ont été effectivement nombreux à décider de fermetures sur certains créneaux et de mesures de régulation des accès (lire Maire info du 5 juillet 2023), un phénomène récurrent depuis la crise du Covid.
Toujours moins de maternités
Entre 2022 et 2023, 8 maternités ont fermé, portant leur nombre total à 457. Leur activité est là encore en recul, du fait de la diminution du nombre de naissances (48 800 de moins en 2023 qu’en 2022), pour un total de 664 000 en 2023. La très grande majorité (plus de 80 %) des accouchements ont lieu dans des établissements possédant plusieurs spécialités (un service d’obstétrique et un service de néonatologie, voire de soins intensifs néonatals et de réanimation néonatale), des établissements classés 2 et 3. Le nombre d’accouchements dans ces maternités varie de 1 314 à plus de 3 000 quand les plus petites maternités (catégorie 1) n’enregistrent en moyenne que 682 accouchements.
La proportion de maternités prenant en charge moins de 300 accouchements a, elle, quasiment doublé en dix ans. Elles représentaient 3 % des maternités en 2013, et désormais 5 %. Sans surprise, elles se trouvent essentiellement dans une dizaine de départements « montagneux (Hautes-Alpes, Savoie, Corse) ou ruraux (Ardèche, Ariège, Aveyron, Cantal, Corrèze, Dordogne) ».
(1) Panoramas de la DREES, sous la direction d’Alexandre Cazenave-Lacroutz. L’étude complète en ligne avec ses annexes détaillées.
(2) depuis que ces études de la DREES existent (2005).
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2

Sécurité des élus : ce que contient le pack mis à leur disposition
Reconditionnement informatique : l'essentielle implication des acteurs locaux
Les agents publics privilégient la voiture pour se rendre au travail
