Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 22 février 2023
Santé publique

La prévalence de l'obésité s'accroît fortement en France

Une étude menée par l'Inserm et le CHU de Montpellier, publiée lundi, révèle une préoccupante augmentation de l'obésité en France, particulièrement chez les jeunes. Les communes et intercommunalités peuvent jouer un rôle dans le combat contre cette « Ã©pidémie d'obésité », pour reprendre une expression de l'OMS.  

Par Franck Lemarc

« Force est de constater qu’au contraire des espérances tant des pouvoirs publics que des professionnels de santé, depuis la mise en œuvre du Programme national nutrition santé en 2001, l’obésité en France ne fait que s’accroître, année après année. »  Ce constat est dressé en conclusion de l’étude menée par les chercheurs Annick Fontbonne (Inserm) et David Nocca (CHU de Montpellier), commandée par la Ligue contre l’obésité. Cette étude fait en effet apparaître que si la prévalence de « l’excès de poids »  reste relativement stable, en France, l’obésité en revanche se développe rapidement.

Multiplication par 4 de l’obésité chez les jeunes

Les chercheurs utilisent l’expression générique « d’excès de poids »  qui englobe à la fois le surpoids (indice de masse corporelle supérieur à 25) à l’obésité (IMS supérieur à 30). L’obésité elle-même est mesurée à différents stades : modérée, sévère, massive ou morbide. Elle est considérée comme « une maladie chronique complexe », qui peut avoir de graves comorbidités (maladies cardiovasculaires, diabète, troubles musculo-squelettiques, cancers…). 

L’excès de poids, en général, reste à peu près stable entre, d’une part, les études réalisées par l’Inserm entre 1997 et 2012 (études Obépi-Roche), et, d’autre part, l’étude publiée lundi. Mais ce qui inquiète les chercheurs, c’est que la part de l’obésité, elle, augmente fortement : elle est passée de 8,5 % en 1997 à 17 % aujourd’hui (ou plutôt en 2020, année pendant laquelle les données ont été recueillies).  L’obésité massive, en particulier, a vu « sa prévalence multipliée par sept »  sur cette période. 

Autre tendance inquiétante : l’obésité progresse très rapidement chez les jeunes. Depuis 1997, elle a été multipliée par 4 chez les 18-24 ans, passant de 2,1 % à 9,2 %. L’obésité est en hausse plus ou moins marquée dans toutes les autres classes d’âge, exceptée la tranche des 55-64 ans, où elle baisse très légèrement. 

Les femmes sont un peu plus touchées que les hommes (17,4 % contre 16,7 %).

Marqueur social

Parmi d’autres critères (notamment génétiques), les causes sociales de l’obésité sont aujourd’hui clairement identifiées. Contrairement à ce qui se passait au 19e siècle, où la maigreur était un marqueur de la pauvreté, c’est aujourd’hui l’inverse : les mauvaises conditions de vie et de travail, la sédentarité, le manque de pratique sportive et surtout la mauvaise qualité de l’alimentation (« malbouffe » ) font partie des causes courantes de l’obésité, qui expliquent que cette maladie touche, par exemple, 18 % des ouvriers contre seulement 9 % des cadres. Cette situation se reflète dans la répartition géographique de l’obésité : les régions les plus pauvres connaissent une prévalence nettement plus importante que les plus riches – il y a 8 points d’écart entre les Hauts-de-France (22,1 % d’obèses) et l’Île-de-France (14,2 %). 

Un rôle pour les collectivités

Au-delà de l’approche strictement thérapeutique, cette augmentation de l’obésité apparaît donc comme un problème de société, dans lequel, insistent les chercheurs, la prévention joue un rôle majeur. 

Et c’est là que les élus peuvent avoir un rôle à jouer. D’ailleurs, depuis de nombreuses années, l’AMF noue des partenariats sur ce sujet aussi bien avec des fédérations sportives, comme la Fédération française d’athlétisme, qu’avec l’Anses (Agence de sécurité sanitaire), et plaide pour le développement des politiques de prévention en santé. En développant les infrastructures sportives et en en encourageant l’usage, en faisant la promotion du vélo et en aménageant des pistes cyclables, en développant la pratique du sport sur le temps scolaire ou périscolaire – mais aussi aux autres âges de la vie – les maires peuvent apporter leur pierre à la lutte contre l’obésité. 

Par ailleurs, des collectivités participent à la création de points de vente directs de produits locaux, ou organisent des marchés de producteurs pour valoriser la production locale avec le concours des chambres d’agriculture. 

Cette lutte passe aussi, évidemment, par les cantines, où il est possible non seulement de proposer des repas équilibrés, voire bio. Mais les cantines scolaires peuvent également être le cadre d’actions « d’éducation alimentaire ». Rappelons que l’OMS, dans une étude publiée en mai dernier, révélait que plus de la moitié des adolescents français ne mange pas au moins un fruit ou un légume par jour. 

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