Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mardi 23 décembre 2014
Santé publique

Grève des médecins : possibles réquisitions par les préfets

Après les urgentistes hier, ce sont les médecins généralistes de ville qui entament aujourd’hui un mouvement de grève contre le projet de loi Santé de la ministre Marisol Touraine, prévu pour durer jusqu’au 31 décembre. Ce mouvement risque d’être, si l’on en croit les responsables des agences régionales de Santé, « bien suivi ».
Le mouvement se focalise notamment sur la question du tiers payant, que le projet de loi voudrait rendre obligatoire et général à partir de 2017. Tous les patients seraient alors dispensés de faire l’avance du prix de la consultation. Si les généralistes semblent globalement vent debout face à cette mesure, ils mettent en avant des motivations différentes. Certains disent craindre une « étatisation de la médecine »  qui les rendraient « dépendants des caisses d’assurance-maladie »  ; d’autres craignent une « dévalorisation »  de leur profession et une « déresponsabilisation »  des patients qui, avec le tiers payant généralisé, risqueraient de venir chez le médecin sans vraie raison. Des syndicats de médecins mettent en avant le caractère techniquement complexe de la mesure, et craignent qu’il faille consacrer beaucoup de temps à faire « des courriers aux mutuelles »  pour être remboursés. Du côté des associations de défense des patients ou de certaines mutuelles, on croit à des motivations plus difficilement compréhensibles : les médecins craindraient que le système révèle trop clairement les dépassements d’honoraires – voire, certains ne souhaiteraient pas ne plus pouvoir être réglés en liquide.
Concrètement, la grève ne va pas se traduire par une disparition complète de l’offre de soin de ville pendant la semaine des fêtes, mais de réelles difficultés pourraient tout de même exister. Comme le soulignent les agences de Santé, « les médecins sont des professions libérales et ne déposent pas de préavis », il est donc difficile de se faire une idée préalable du nombre de grévistes. Claude Évin, patron de l’ARS d’Île-de-France, pense toutefois que « le système peut se réguler de lui-même, avec l’aide des médecins des centres 15, des médecins de ville de garde et des urgentistes ». Au-delà, si la permanence des soins n’est pas assurée, « nous demanderons des réquisitions aux préfets », explique Claude Évin.
La fin de cette grève, le 31 décembre, ne marquera pas la fin des difficultés en la matière : un nouveau mouvement devrait démarrer le 5 janvier, celui des cliniques. Là aussi, « des réquisitions de médecins libéraux ont été demandées pour les cliniques qui assurent des missions de service public comme l’accueil des urgences et qui ne peuvent assurer la permanence des soins », précise Claude Évin.

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