Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 18 mai 2022
Risques

Des collectivités s'allient pour mieux connaître les risques de pollution industrielle

L'association Amaris, qui regroupe des collectivités concernées par les risques technologiques, lance un nouveau programme pour mieux comprendre et connaître la problématique des pollutions industrielles. Explications avec le président de l'association, Alban Bruneau.

Par F.L.

« Plus on en sait, mieux c’est. »  C’est par cette formule lapidaire qu’Alban Bruneau, maire de Gonfreville-L’Orcher (Seine-Maritime) et président d’Amaris, résume la démarche lancée par l’association et officialisée dans un communiqué le 13 mai, au lendemain de la diffusion d’une émission d’Envoyé spécial consacrée à une éventuelle pollution du réseau d’eau potable de Lyon par des perfluorés. 

Informer les citoyens

Rappelons qu’Amaris est une association d’élus qui regroupe des communes concernées par le risque technologique ou industriel – tous les adhérents d’Amaris ont au moins un site Seveso seuil haut sur leur territoire. « Jusqu’à présent, Amaris s’est beaucoup concentrée sur la question des accidents industriels, explique à Maire info Alban Bruneau, et sur cette question les choses ont beaucoup progressé ces dernières années, avec les plans de prévention des risques technologiques (PPRT) », mis en place dans la foulée de la catastrophe d’AZF en 2001. « Mais sur les sujets de santé et d’environnement liés à l’activité industrielle, poursuit le maire, les choses sont beaucoup plus floues, les élus sont mal informés, et ont donc des difficultés à informer les citoyens, qui sont très demandeurs. » 

D’où la décision d’Amaris, au début de cette année, de lancer un programme d’étude « pour une meilleure connaissance des pollutions industrielles et de leur impact sur la santé », en partenariat avec l’Institut écocitoyen et la Métropole de Lyon. 

Ces deux acteurs sont directement concernés par la question des pollutions industrielles : l’Institut écocitoyen est une association implantée à Fos-sur-Mer, et fait travailler ensemble industriels de la pétrochimie et scientifiques sur les conséquences de cette activité sur la pollution de l’air, de l’eau et des sols. Quant à la Métropole de Lyon, elle abrite, autour de Saint-Fons et Feyzin, la fameuse « vallée de la chimie », avec plusieurs dizaines d’usines classées Seveso seuil haut. 

Besoin de « transparence » 

Les adhérents d’Amaris ont fait le constat que « les connaissances sur les pollutions auxquelles les collectivités ont accès ne leur permettent pas d’agir », ni d’informer les habitants qui s’interrogent sur les conséquences de ces pollutions sur la santé, le sujet étant « absent des études produites dans le cadre réglementaire », note Alban Bruneau. De plus, Amaris remarque que « la réglementation fixe un cadre national qui s’applique de façon identique sur l’ensemble du territoire : les mesures et suivis des polluants ne sont pas adaptés aux spécificités des bassins industriels ». 

L’association va donc faire travailler ses adhérents et ses partenaires ensemble – avec le soutien de l’École nationale des travaux publics de l’État –, avec pour objectif de « dresser un état des lieux général pointant les atouts et les manques de la réglementation », de « rechercher et aller à la rencontre des territoires ayant engagé des démarches de connaissance et de participation citoyenne pouvant servir de socles à l’ensemble du réseau », et enfin de « partager tout au long du projet et rendre compte des résultats en formulant des propositions concernant les politiques publiques de santé environnementale ». 

Il ne s’agit nullement, précise le président d’Amaris, d’une démarche qui s’opposerait à la présence de sites industriels dans les territoires : « Je suis convaincu que l’on peut avoir une activité industrielle vertueuse », affirme Alban Bruneau. « Mais il faut de la transparence, des données, des études. Il faut que l’État se donne les moyens de faire les contrôles nécessaires, et que les industriels fassent l’effort d’être plus transparents. Dans la population – surtout après des émissions comme celle d’Envoyé spécial, il y a des questionnements, des doutes, des soupçons. La seule manière de rassurer, c’est d’avoir à disposition des études et des données fiables. » 

C’est l’objectif de cette démarche « participative et collégiale »  initiée par Amaris, qui n’en est encore qu’au « début de son histoire », souligne le maire de Gonfreville-L’Orcher. Une trentaine de collectivités a déjà manifesté son intérêt pour la démarche et participé à « de premiers échanges ». 

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2