Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 21 juillet 2023
Gouvernement

Remaniement : ce qui a changé dans le gouvernement Borne II

C'est finalement en début de soirée, hier, que les détails du remaniement ministériel ont été officiellement annoncés. Sans avoir réussi à « élargir » politiquement sa majorité, le gouvernement proposé par la Première ministre est resserré autour des fidèles de celui-ci, et marque l'échec des ministres de « la société civile ». Tour d'horizon des changements. 

Par Franck Lemarc

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Huit sortants, huit entrants et trois changements de portefeuille. C’est le bilan du remaniement effectué hier, qui n’apparaît ni comme de simples « ajustements », comme le souhaitait à l’origine le chef de l’État, ni comme un big bang au sein du gouvernement : les ministres clés (à commencer par la première d’entre eux, Élisabeth Borne) sont restés en place, comme Bruno Le Maire à l’Économie, Gérald Darmanin à l’Intérieur, Éric Dupont-Moretti à la Justice. Christophe Béchu conserve son super-ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, tout comme le ministre du Travail, Olivier Dussopt ou celui de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini. 

Les sortants

Deux très gros ministères voient, en revanche, leur locataire se retirer : celui de l’Éducation nationale et de la Santé. Les deux ministres concernés, Pap Ndiyae et François Braun, s’en vont un an après leur nomination , sans avoir convaincu. Ils étaient tous deux issus de la « société civile »  plus que politiciens de profession. Jean-Christophe Combe, lui aussi issu de la société civile (ancien patron de la Croix rouge), quitte le ministère des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. Isabelle Rome, peu visible à l’Égalité entre les femmes et les hommes, est également remerciée, tout comme l’ancien préfet Jean-François Carenco aux Outre-mer et l’ancien maire de Clichy-sous-Bois, Olivier Klein, au Logement et à la Ville. Marlène Schiappa, jusque-là chargée de l’Économie sociale et solidaire, ministre depuis 2017, doit également quitter le gouvernement, victime de sa gestion du Fonds Marianne. On notera que l’économie sociale et solidaire et la vie associative n'ont plus, pour l'instant, de représentation au gouvernement, aucun ministre ou secrétaire d'État n'étant officiellement chargé de ces questions. Olivia Grégoire a toutefois twitté ce matin que le périmètre de son poste serait « élargi »  à l'ESS. 

Parmi ces départs, le seul qui soit volontaire est celui de Geneviève Darrieussecq, chargée des Personnes handicapées, qui avait demandé à partir. 

Les changements de portefeuille

Plusieurs ministres restent au gouvernement mais changent de portefeuille. La promotion la plus spectaculaire est celle de Gabriel Attal, qui passe du Budget à l’Éducation nationale, en remplacement de Pap Ndiyae. Il devient le plus jeune ministre à avoir jamais occupé ce poste rue de Grenelle. 

Par ailleurs, Bérangère Couillard, jusqu’à hier secrétaire d’État chargée de la Biodversité, remplacera Isabelle Rome au poste de ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations. Sarah El Haïry, qui s’occupait de la Jeunesse et du Service universel, prend le secrétariat d’État à la Biodiversité. 

Les entrants

Enfin, huit nouvelles personnalités font leur entrée au gouvernement. Aucun n’est membre de la société civile, l’expérience ayant visiblement été jugée peu concluante. Les nouveaux entrants sont tous soit issu de la haute fonction publique, soit députés, soit maires. 

Le haut fonctionnaire Aurélien Rousseau prend le ministère de la Santé et de la Prévention. D’abord professeur d’histoire, puis énarque, membre du Conseil d’État, l’homme de 47 ans a été directeur de l’ARS d’Île-de-France pendant l’épidémie de covid 19, avant de devenir, jusqu’au début de cette semaine, directeur de cabinet d’Élisabeth Borne. 

Plusieurs députés méritants de la majorité ont été promus au gouvernement, après s’être montrés particulièrement actifs, à l’Assemblée ou dans les médias, pendant le difficile accouchement législatif de la réforme des retraites. C’est en particulier le cas d’Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, qui devient ministre des Solidarités et des Familles ; ou de Prisca Thévenot, députée des Hauts-de-Seine, nommée à la Jeunesse et au Service national universel. 

Le haut fonctionnaire et énarque Thomas Cazenave, déjà collaborateur d’Emmanuel Macron lorsque celui-ci était à Bercy sous François Hollande, et député de la Gironde depuis 2022, prend le très sensible ministère du budget (Comptes publics). C’est donc lui qui sera chargé de porter le projet de loi de finances pour 2024, dès la rentrée. Ayant été président de la délégation aux collectivités territoriales de l’Assemblée nationale, il ne peut ignorer les problématiques spécifiques de celles-ci. 

Autre députée fidèle de la majorité entrée au gouvernement hier : Fadila Khattabi, qui devient ministre déléguée chargée des Personnes handicapées. Députée de la Côte-d’Or, Fadila Khattabi était, depuis 2020, présidente de la commission des Affaires sociales à l’Assemblée. Enfin, dans la série des députés macronistes promus ministres, il faut citer la députée de la 1re circonscription des Bouches-du-Rhône, Sabrina Agresti-Roubache, qui devient secrétaire d’État chargée de la Ville à la place d’Olivier Klein. On notera que ce secrétariat d’État passe sous la cotutelle du ministère de l’Intérieur, ce qui n’était pas le cas auparavant. 

Deux anciens maires

Parmi les nouveaux entrants, seuls deux ont une expérience de maires, l’un pour l’avoir été et l’autre pour l’être toujours. 

Philippe Vigier, nommé ministre délégué chargé des Outre-mer, membre du Modem,  a été maire de Cloyes-sur-le-Loir (Eure-et-Loir) et président de la Communauté de communes des Trois-Rivières. Il est également, depuis 16 ans, député de l’Eure-et-Loir. Une fois encore, ce n’est pas un ultramarin que la Première ministre a choisi comme ministre des Outre-mer, ce qui est ce matin interprété comme un « mauvais signal »  par les élus d’outre-mer. 

C’est enfin le maire divers gauche de Dunkerque (et président de sa communauté urbaine), Patrice Vergriete, qui a été choisi pour devenir ministre délégué chargé du Logement. Polytechnicien, Patrice Vergriete est, lui, un véritable connaisseur de ces questions – il a notamment été président délégué de la Fédération nationale des agences d’urbanisme. 
 

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