Maire-info
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Édition du lundi 28 juin 2021
Régions

Dans les régions fusionnées, le chômage a baissé davantage qu'ailleurs depuis 2016

L'Institut des politiques publiques estime que « l'effet taille des nouvelles régions a pu favoriser un certain dynamisme économique ayant plus que compensé un éventuel sentiment d'appartenance régionale ».

Par A.W.

« Fusion des régions : quels effets perceptibles par la population ? »  C’est la question à laquelle a tenté de répondre l’Institut des politiques publiques, dans une note publiée récemment, alors que les élections régionales viennent de s’achever hier. Pour cela, il s’est penché sur le taux de chômage recensé, les dépenses engagées par les collectivités ainsi que l’évolution du bien-être des populations des régions concernées par le redécoupage de 2016 : Bourgogne-Franche-Comté, Normandie, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, Grand-Est, Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes.

Régions absorbées : un bien-être en hausse « à court terme » 

Premier enseignement, les habitants des régions fusionnées n’ont pas vu leur bien-être chuter brutalement par rapport à ceux des régions qui sont restées inchangées. L’analyse portant sur les évolutions comparées de ce bien-être suggère, d’une part, que la fusion n’a « pas eu d’impact négatif »  mais plutôt « un léger effet positif »  que l’auteur de la note estime, toutefois, « non significatif ». Ainsi, il n’observe pas d’effet négatif « qui traduirait une préférence pour la décentralisation ».

D’autre part, ce constat est conforté par « l’impact positif à court terme »  observé lors de l’absorption. Dans les régions absorbées (par exemple, l’Auvergne qui a consenti à un transfert géographique de ses instances délibérantes vers Lyon, l’ancien chef-lieu de la région Rhône-Alpes considérée, elle comme une région « absorbante » ), les habitants ont vu leur bien-être connaître un pic significatif, en 2017, qui n’apparaît pas dans les régions qui n’ont pas fusionné. Reste que, dès 2018, on s’aperçoit que ce bien-être des habitants des régions absorbées retombe au niveau – même légèrement en dessous - de celui des régions non fusionnées.

« Non seulement des effets négatifs d’un élargissement du contour des nouvelles régions, qui aurait négligé les sentiments d’appartenance aux anciennes régions, ne peuvent être détectés sur le bien-être déclaré par la population, mais dans les anciennes régions ''absorbées'', les plus susceptibles d’être affectées par un tel sentiment, le bien-être subjectif a même eu plutôt tendance à augmenter à court terme », conclut ainsi l’Institut qui rappelle qu’une autre réforme de centralisation, réalisée en Suisse et visant a progressivement étendre les compétences des cantons aux dépens des communes, avait entraîné un « impact négatif »  sur le bien-être des populations helvétiques.

Chômage : une baisse plus forte de 2 %

Sur le plan économique, l’auteur de la note rappelle que les dépenses des collectivités régionales ont augmenté consécutivement à la fusion, citant le rapport 2019 de la Cour des comptes sur les finances publiques locales dans lequel elle pointait « une augmentation plus rapide des dépenses des collectivités régionales ayant fusionné ». 

Un résultat qui s’explique « précisément par la volonté de ne pas donner le sentiment d’une absorption ». Conséquence, « le redécoupage n’a pas généré de gain d’efficience : au contraire, les coûts ont augmenté, sur le plan comptable ». Mais certaines de ces dépenses ont permis de se consacrer à la promotion du développement économique des régions fusionnées et ont pu contribuer à un certain dynamisme économique ainsi qu’une baisse du chômage plus prononcée par rapport aux régions qui n’ont pas fusionné. 

« Des analyses convergentes menées à différents niveaux d’agrégation (nouvelles régions, anciennes régions, départements, zones d’emploi) permettent d’estimer que le taux de chômage a plus fortement diminué à la suite de la fusion dans les régions ayant participé au redécoupage, d’environ 2 % (soit une diminution de 0,2 point) », constate l’Institut qui note que « cette baisse s’observe principalement dans les régions absorbées ». En outre, elle est plus prononcée chez les femmes, « notamment chez celles de moins de 50 ans, atteignant même 3,8% chez les moins de 24 ans ».

« Les compétences accrues des régions en matière de développement économique pourraient avoir joué un rôle dans cette résorption plus rapide du taux de chômage », suggère l’auteur de la note, avant de conclure que « l’effet taille des nouvelles régions a pu favoriser un certain dynamisme économique ayant plus que compensé un éventuel sentiment d’appartenance régionale ».

Une analyse qui vient « à point nommé déconstruire certaines idées reçues à la peau dure », s’est félicitée l’association d’élus Régions de France, dans un communiqué paru vendredi. « Elle tord le cou aux trop nombreuses critiques formulées ces derniers temps contre les régions qui seraient trop éloignées du territoire et vis-à-vis desquelles nos concitoyens n’éprouveraient pas de véritable sentiment d’appartenance », ajoute-t-elle en enjoignant d’« arrêt[er] le dénigrement ».

Télécharger la note.
 

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