Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 8 décembre 2003
Referendum

La Guadeloupe et la Martinique repoussent le projet de réforme institutionnelle

Non et non : la Guadeloupe comme la Martinique ont repoussé à l'unisson et sans réplique le projet de réforme institutionnelle que leur proposaient leurs élus, la première de manière cinglante, la seconde de justesse. C'était la première fois que les Antillais étaient consultés sur l'avenir de leurs institutions, à partir d'un document de travail préparé par leurs élus. Ceux-ci préconisaient la création d'une collectivité se substituant aux départements et régions, et qui aurait été administrée par une assemblée unique dans chacune des deux îles. La réponse des électeurs est venue comme une gifle: deux fois non. Mais le rejet de la a été beaucoup plus cassant que celui de sa voisine: plus de 73% d'opposants, alors qu'en Martinique, le rejet a rassemblé une courte majorité de 50,48% avec un millier de voix d'écart entre les deux camps. La campagne électorale avait viré en Guadeloupe au référendum pour ou contre la très chiraquienne Lucette Michaux-Chevry, leader incontournable de l'archipel depuis 1976. Fustigeant le goût généralisé pour "l'immobilisme", la présidente de région et sénateur UMP a lancé crânement: "je ne pouvais pas avoir dans ce débat important une attitude peu courageuse. Ce n'est pas mon genre". "La population préfère deux assemblées, je suis une démocrate, je m'incline", a ajouté cette personnalité flamboyante et controversée. "Je déplore seulement que François Bayrou ayant pris la parole, les instances au plus haut niveau de l'UMP soient restées silencieuses". Le président de l'UDF a des raisons de se réjouir: seule personnalité nationale à avoir pris position, seul à s'être rendu sur place malgré des mises en garde de divers bords, il voit ses thèses confirmées: une majorité d'Antillais ont marqué leur défiance vis-à-vis d'un avenir institutionnel qu'ils ont jugé trop flou. Ils ont marqué leur attachement au département, qui fut une conquête de l'Outre-mer en 1946. Alors qu'en Corse, le non avait été majoritaire, malgré l'engagement des plus hautes autorités de l'Etat, la ministre de l'Outre-Mer Brigitte Girardin avait pris soin de proclamer la totale neutralité du gouvernement dans ce dossier. "Quel que soit le choix des électeurs, il sera le bon", avait-elle assuré. Cela n'a pas empêché Victorin Lurel, député PS de Vieux-Habitants et adversaire déclaré de Mme Michaux-Chevry, de qualifier la victoire du "non" d'"échec pour le gouvernement". Le processus voulu, au nom de la simplification administrative, par un très large éventail d'élus antillais - depuis les indépendantistes comme le président de la région Martinique Alfred Marie-Jeanne jusqu'à la grande majorité de l'UMP - s'arrête donc net, le non de l'électorat ayant valeur de veto absolu. Le gouvernement ne proposera au parlement aucun texte qui irait à l'encontre de la volonté populaire", avait prévenu Mme Girardin. Le processus se poursuit en revanche dans les deux petites îles du nord, et la partie française de Saint-Martin qui ont, avec enthousiasme, choisi de cesser d'être des communes de Guadeloupe pour devenir des Collectivités d'Outre-mer à part entière. Un statut sur mesure qui leur permet de préserver des avantages fiscaux de fait, hérités de l'Histoire.</script

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