Reconquête industrielle : des enjeux locaux partagés malgré des disparités territoriales
Par Lucile Bonnin
L’industrie emploie en France 2,8 millions de salariés, soit 10,8 % de l’emploi total. De plus, même si la France a un poids industriel inférieur à la moyenne européenne, elle reste le quatrième pays européen pour l’emploi industriel au niveau européen.
« Depuis la crise sanitaire, la France observe une tendance générale à la reprise industrielle : les créations nettes d’établissements industriels sont positives (176 en 2022 et 189 en 2023). Toutefois, cette dynamique ralentit en 2024, en raison des tensions géopolitiques et de la hausse des défaillances d’entreprises (89 créations nettes). »
C’est dans ce contexte que l’Observatoire des territoires, porté par l’ANCT, publie un état des lieux national de l’industrie complété par des études de cas afin de mieux comprendre les enjeux locaux de la réindustrialisation.
Un tissu industriel avec des disparités territoriales
« La réindustrialisation s’impose comme un enjeu stratégique majeur » , peut-on lire dans l’étude. C’est un enjeu pour « renforcer la stratégie économique du pays face aux fragilités de chaines d’approvisionnement mondiales » mais aussi pour « accompagner la transition écologique en développant une industrie résiliente, innovante et durable ».
Pour mener cette « reconquête industrielle » le rapport pointe la nécessité de prendre en compte les spécificités des territoires et tous leurs aspects : de l’attractivité du territoire à la formation en passant par le foncier et les infrastructures logistiques existantes.
C'est dans les territoires historiquement industriels que la part d’emplois industriels est supérieure à la moyenne nationale. C’est le cas dans les Hauts-de-France, le Grand Est ou encore la Franche-Comté. Cependant, « au cours des dix dernières années » , ces zones ont connu une perte d’emplois industriels et peu de création d’entreprises.
Il apparaît néanmoins que le sud de la France, « historiquement moins industrialisé » , connaît « une forte dynamique de développement » . De même, à l’ouest, on observe aussi une « dynamique de croissance importante de l’emploi et des entreprises » avec une forte spécialisation pour l’agro-alimentaire.
Cinq territoires avec des besoins partagés
Pour enrichir son analyse sur l’état de l’industrie en France, des études de cas qualitatives (zooms territoriaux) ont été menées dans cinq territoires avec des spécialisations différentes : la Vallée de l’Arve en Haute-Savoie (décolletage), l’Axe Seine dans l’Eure et la Seine-Maritime (chimie et pétrochimie), Lamballe Terre & Mer dans les Côtes-d’Armor (agro-alimentaire), le Nord Franche-Comté dans le Doubs, la Haute-Saône et le Territoire de Belfort (hydrogène) et enfin le Lacq-Pau-Tarbes dans les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées (aéronautique).
Il ressort de chaque étude de cas « des enseignements et des constats partagés » . D’abord, « une volonté de reconquête industrielle se manifeste dans chacun des territoires étudiés » , portée par « l’engagement des entreprises locales » mais aussi des collectivités territoriales. L’ANCT observe aussi que « les territoires qui parviennent à associer production, innovation, formation et logistique dans un même périmètre, créent des synergies propices à un ancrage durable de la réindustrialisation ».
Parmi les défis qui se posent localement, « la rareté du foncier et son coût élevé, accentués par le ZAN » sont cités comme des freins importants dans ces territoires. « À cela s’ajoute le besoin crucial d’un accès à une énergie compétitive et bas carbone » , indiquent les auteurs dans la synthèse de l’étude.
La diversification des activités industrielles semble être « un levier stratégique » pour la réindustrialisation. « Les dépendances historiques à une seule filière exposent les territoires à des fragilités » mais « une pluralité de filières renforce leur résilience ». Hydrogène, chimie verte, recyclage : des filières émergentes tentent de monter en puissance actuellement mai manquent encore de structuration. De plus, l’innovation industrielle reste encore « trop concentrée géographiquement » laissant de côté les villes moyennes et les territoires moins denses.
Pour l’ANCT, trois conditions apparaissent ainsi essentielles pour réussir une réindustrialisation localement : l’acceptabilité sociale des projets, la disponibilité de compétences adaptées et la mise en œuvre de politiques publiques stables, lisibles et cohérentes avec les dynamiques locales.
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