Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 22 septembre 2017
Précarité

Le gouvernement précise un peu sa stratégie de lutte contre la pauvreté

Le gouvernement entend « renouveler l'approche de lutte contre la précarité ». C'est l'une des trois orientations actées hier, par le Premier ministre au terme d'une « matinée de travail »  avec des associations de solidarité (Croix rouge, Fnars, Uniopss, ATD Quart Monde, Fondation Abbé-Pierre, etc.).
Que veut dire nouvelle approche ? Que les politiques seront ciblées sur les « publics les plus touchés par la précarité », à commencer par les enfants (20 % d'enfants sont pauvres) et les familles monoparentales (33 % vivent sous le seuil de pauvreté). Les deux étant souvent liés. La ministre des Solidarités et de la Santé l'avait évoqué deux jours plus tôt en présentant sa politique familiale et de lutte contre la pauvreté, lors d'un conseil d'administration de la Cnaf : « La France se caractérise par un nombre élevé d’enfants pauvres et par le fait que les familles moins aisées recourent comparativement moins que dans d’autres pays à des solutions de garde collective qui sont pourtant favorables au développement de l’enfant et à l’égalité des chances ».
Le gouvernement veut à la fois réduire l'impact de la pauvreté mais aussi agir pour éviter le déterminisme social et que les enfants pauvres d'aujourd'hui ne deviennent « les adultes pauvres de demain ». Il estime avoir déjà amorcé cette stratégie avec la politique de « logement d'abord »  (places supplémentaires en pensions de famille et en intermédiation locative) ou avec le dédoublement des classes de CP en zones d’éducation prioritaire. Pour l'avenir, il n'est pour l'heure évoqué qu'un « accès renforcé aux droits », et la perspective, « à l'horizon 2020 », d'un « versement social unique ». Cette stratégie doit aussi s'appuyer sur une « politique plus territorialisée »  car « il existe sur les territoires un fort potentiel pour lutter contre la pauvreté, insuffisamment exploité »  indique le gouvernement.
Plus concrètement, le gouvernement donne rendez-vous le 17 octobre, date de lancement des travaux de concertation par le président de la République. Ces travaux dureront jusqu'en mars 2018.
Deuxième priorité : l'insertion et l'emploi. C'était le point le plus attendu. Le Premier ministre a annoncé aux acteurs associatifs la programmation de 200 000 contrats aidés pour 2018. Exclusivement réservés au secteur non marchand. Le coup de rabot sur ce dispositif est donc confirmé. En compensation, le gouvernement met en avant le contrat de professionnalisation, dont « deux tiers des anciens bénéficiaires sont en emploi six mois après la fin de leur contrat ». Le gouvernement table sur 10 000 contrats pour des personnes très éloignées de l'emploi l'an prochain, une expérimentation amorcée par le gouvernement précédent. Pour le reste, il faudra bien sur attendre les conclusions de la mission confiée à Jean-Marc Borello (lire Maire info du 6 septembre).
Le Premier ministre n'a toutefois pas entendu les demandes et les alertes que l'AMF a formulées dans un courrier, en septembre, concernant la fragilité sociale et la précarité des personnes dont les contrats aidés n'ont pas pu être signés ou renouvelés cet été.
Mais les associations ne sont pas reparties bredouilles. Le gouvernement les a assurées, dans un premier temps, du maintien du crédit d’impôt sur la taxe sur les salaires en 2018 et 2019 (l'équivalent du crédit impôt compétitivité par la loi de finances 2017). A plus long terme, il veut réduire leurs cotisations patronales (dès le 1er janvier 2019) pour « multiplier par trois »  l'effet de ce crédit d'impôt.
E.S.

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