Pour encourager l'engagement des jeunes, les communes s'impliquent et se mobilisent
Par Lucile Bonnin
Dans cette période où la politique suscite un véritable désamour, parfois même un repoussoir pour certains, encourager l'engagement citoyen et prendre en compte la parole des jeunes est plus que jamais primordial. Et les communes l’ont bien compris.
À quelques mois des élections municipales, l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité et l’Association nationale des conseils d'enfants et de jeunes publient les résultats d’une enquête menée auprès de 1117 communes. La majorité des communes déploie aujourd’hui des dispositifs pour soutenir l’engagement des jeunes et malgré certains freins – dont le manque de temps et de budget – les perspectives pour le prochain mandat sont favorables à la mise en place d’actions en faveur de l’engagement des jeunes.
Information, soutien à l’engagement et consultation
Pour permettre aux plus jeunes de s’engager localement, 78 % des communes mènent des actions d’information et de sensibilisation. Comment ? Beaucoup de communes (58 %) impliquent directement les jeunes dans des actions portées par la commune ou l’EPCI (opérations de nettoyage, événements…), d’autres choisissent de mener des actions de présentation pédagogique de l’institution (visites, animations pédagogiques…). Notons que les « actions sur les droits sont les moins nombreuses (seulement 14% organisent des cérémonies de remise des cartes électorales, 7% des actions de promotion de droits de l’enfant). ».
Une fois informés, les jeunes peuvent choisir de s’engager. À ce niveau aussi, le soutien des communes est primordial. 64 % d’entre elles mettent en place des actions de soutien à l’engagement qui sont menées le plus souvent en lien avec l’école (28 %) et dans une bien moindre mesure avec les associations de jeunesse et d’éducation populaire. Les dispositifs de rétribution (par exemple aide au permis de conduire contre des heures de bénévolat) restent aussi très peu utilisés par les communes qui ne sont que 16 % à déclarer en proposer.
Enfin, la prise en compte de la parole des jeunes et des enfants qui est, comme le souligne l’étude, un enjeu de « vitalité démocratique » et « de participation citoyenne pour améliorer l’efficience des politiques publiques », une démarche initiée par beaucoup de communes. Au total, 63 % des communes portent des démarches ou dispositifs de consultation ou de concertation. Ils peuvent prendre plusieurs formes : sollicitation ponctuelle des plus jeunes sur les actions de la collectivité (33 %) ou organisation d’événement permettant le dialogue des élus et services avec les enfants et les jeunes (17 %). « Les dispositifs pérennes comme les conseils municipaux d’enfants ou de jeunes sont présents respectivement dans 22 % et 21 % des communes. » L’enquête estime d’ailleurs le nombre de conseils d’enfants et de jeunes en France à plus de 7 000 dont la présence est quasi systématique dans les communes de plus de 50 000 habitants.
Il est évidemment important de rappeler que les communes agissent en fonction de leurs besoins mais surtout de leurs moyens. Ainsi, il n’est pas surprenant de constater que ces actions sont « particulièrement développées » dans celles qui comptent plus de 2 000 habitants et qu’elles sont « moins fréquentes » dans celles de moins de 500 habitants, qui sont souvent rurales avec une population vieillissante. Reste que 21% des villes de moins de 200 habitants ont tout de même mis en place des démarches ou dispositifs de participation.
Passer à l’étape supérieure
La mise en place de ces actions a permis, pour 61 % des communes, une véritable prise en compte des besoins et attentes des plus jeunes et, dans un contexte où le monde associatif souffre et recherche des bénévoles, les actions menées par les collectivités encouragent, selon 39 % d’entre elles, les jeunes à s’impliquer soit dans la vie politique locale soit dans les associations. De plus, ces actions peuvent aider les élus puisque 30 % des communes s’en sont inspiré pour mener des politiques publiques adaptées.
La marge de progression reste importante sur les impacts que ce type de politique peut apporter. Par exemple, « la portée plus générale sur le territoire ou le reste de la population est moins identifiée » : seulement un peu plus de 20 % des communes observent par une amélioration de la cohésion sociale sur le territoire grâce aux actions menées pour les jeunes.
Pour pouvoir passer à l’étape supérieure, il est opportun d’identifier les freins auxquels les collectivités sont confrontées alors même que 67 % auraient souhaité mener plus d’actions pendant ce mandat. À la première place on retrouve le manque de temps (plus de 70 %), à la deuxième place le manque de budget (plus de 40 %) et dans une moindre mesure le manque de compétences (près de 20 %).
Mais les perspectives pour l’avenir sont encourageantes : 70 % des communes envisagent de mener ou renforcer les actions en faveur de l’engagement des jeunes. Pour y arriver, les élus déclarent avoir besoin en priorité de formations Enfance/Jeunesse et d’un accès à des ressources adaptées (État, CNAF, Europe…), d’échanges de pratiques avec des élus et agents d’autres communes ou EPCI, de davantage de sensibilisation et d’une amélioration de la coopération avec les autres acteurs du territoire (associations, structures jeunesse…).
Consciente de ces enjeux, l'AMF a d’ailleurs lancé – dans la perspective des élections municipales – une campagne intitulée Osez l'engagement ! pour encourager l'engagement citoyen. Elle invite les communes, les intercommunalités et les associations départementales de maires à s'emparer du kit de communication disponible en ligne.
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