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Édition du jeudi 12 janvier 2023
Population

Disparités au sein des villes : les différences de revenus s'accentuent entre les quartiers

Les contrastes de niveaux de vie entre quartiers dans les villes-centres sont de plus en plus visibles. C'est ce que montre une étude publiée hier par l'Insee qui pointe qu'en 15 ans, les disparités spatiales selon le revenu se sont accentuées dans les grandes villes.

Par Lucile Bonnin

Mixité sociale, revenus, surreprésentation des plus aisés… Les disparités entre quartiers sont de plus en plus criantes dans la plupart des grandes villes. Une étude urbaine et sociologique publiée hier par l’Insee montre que les disparités spatiales selon le revenu augmentent dans la majorité des villes françaises.

« Sur les 50 villes étudiées entre 2004 et 2019, l’indice de ségrégation augmente dans plus de 30 d’entre elles » , peut-on lire sur le site de l’Insee. Si des exceptions sont soulevées dans l’étude, il est clair que la répartition des populations dans les quartiers est de moins en moins homogène.

Ségrégation spatiale d’une ville 

« Mesuré selon les revenus, le degré de ségrégation spatiale au sein d’une ville n’est lié ni à la taille, ni à la densité de sa population » , peut-on lire en préambule de l’étude. 

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, « les grandes villes ne sont pas nécessairement celles où les disparités spatiales de revenus sont les plus fortes » . Explication : les villes avec des habitants plus riches que d’autres- comme Lyon par exemple- sont « le lieu de rencontre de populations aux revenus variés » , même si ces populations ne vivent pas dans les mêmes quartiers. 

La ségrégation spatiale est dite forte « quand les habitants avec des niveaux de revenus proches résident dans les mêmes quartiers. »  

« Parmi les plus petites villes étudiées (moins de 150 000 habitants), le niveau de disparités spatiales est tantôt parmi les plus hauts (Limoges, Avignon, Poitiers), tantôt parmi les plus bas (Annecy, Bayonne, Quimper) » , précisent les auteurs.

Logements et politiques publiques 

Comment évoquer les inégalités entre les quartiers et la répartition des populations selon leurs revenus sans évoquer les politiques de la ville mises en place par les collectivités ? 
D’abord, il est rappelé que la diversité des niveaux de ségrégation entre les villes peut s’expliquer en fonction de « l’historique du développement urbain propre à chaque ville et les politiques publiques qui ont pu y contribuer » , des « spécificités des marchés immobiliers locaux » , des « dessertes en transports » , de « l’offre scolaire »  ou encore de « la localisation des emplois et des équipements… » 

Le fait que dans certaines villes la ségrégation spatiale soit plus forte peut aussi s’expliquer au regard des politiques publiques mises en place par les « collectivités locales »  qui « peuvent orienter les choix de lieu de résidence des ménages, et donc le degré de mixité des différents quartiers. » 

Concrètement, dans le cadre de la politique en matière de logement social, la mixité des quartiers peut être directement influencée par des décisions telles que le nombre de logements, la localisation ou les critères d’attribution.

Les auteurs remarquent aussi qu’en 2019, « la part des logements sociaux dans l’ensemble des résidences principales est plus élevée dans les villes les moins homogènes. »  Cela peut « s’expliquer en partie par la concentration du parc social dans les grands ensembles construits dans les années 1960, regroupant ainsi les habitants avec des faibles revenus dans des quartiers peu représentatifs de la population de la ville dans son ensemble. » 

En revanche, à Lens, Dunkerque ou Valenciennes c’est l’exception qui confirme la règle : la proportion de logements sociaux est grande mais le niveau de ségrégation est faible. 

Inégale répartition 

Tout l’objet de cette étude est d’analyser la composition sociale d’un territoire à l’échelle des quartiers d’une ville. Cette ségrégation spatiale qui progresse d’année en année peut être attribuée à l’inégale répartition des populations les plus modestes et des plus aisées. Les individus ayant des revenus intermédiaires se répartissent de manière plus uniforme dans les villes. 

Autre point soulevé par l’étude : les villes où les inégalités de revenus sont plus fortes sont en général moins homogènes. Dit autrement, « les villes où les disparités spatiales selon le revenu sont les plus fortes sont aussi celles où les personnes les plus modestes ont des revenus plus faibles. » 

Enfin, l’analyse souligne que les « plus modestes vivent dans des zones plus densément peuplées »  par rapport aux plus aisés. « À niveau de ségrégation donné, du fait de son poids démographique plus élevé, un quartier où résident principalement des personnes modestes contribuera relativement plus à l’hétérogénéité de la ville qu’un quartier où résident principalement des personnes aisées. » 

Lire l'étude dans son intégralité. 

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